Partie 34

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Fin mai j’ai enfin une date pour passer devant le juge aux affaires familiales. Je vais enfin savoir si je suis émancipée ou non…

Je devais me rendre dans 15 jours là où on avait fait la demande. 400 km en arrière. C’est mon éducatrice référente qui allait venir avec moi.

Le week-end juste avant Nasser était venu me voir. J’avais décidé d’aller manger au snack avec Kayna, Sonia et Nasser. Ces deux filles là, au premier abord, elles font peur, elles ne donnent pas envie de les connaitre, mais une fois qu’elles parlent et qu’on apprend à les connaitre, elles sont super gentille, certes à leur manière, mais j’avais appris à les connaitre à leur juste valeur et même si au tout début Kayna avait comme une envie d’enfoncer ma tête dans le mur, maintenant c’était tout le contraire.

Comme c’était début juin, il faisait beau, alors on a mangé sur la terrasse d’un snack. Kayna était occupé de charrier Nasser, quand un mec à débarqué, en agressant Sonia.

-Le mec : qu’est-ce-que tu fou là avec un mec, tu fais ta tarpin c’est ça ? (en même temps il tirait sur son bras)
-Sonia : hein ? Mais qu’est-ce-que tu racontes Samy, puis déjà salam, oui je vais bien merci et toi ?

C’était donc lui le fameux Samy, je n’avais jamais eu l’occasion de le voir, monsieur était toujours occupé alors il jetait pratiquement Sonia devant le foyer.

-Samy : fou toi pas de ma gueule Sonia, je suis pas d’humeur
-Sonia : il est là le problème t’es jamais d’humeur
-Kayna : oh ohh les tourtereaux on va se calmer là wech
-Samy : Kayna je t’ai pas sonné
-Kayna : BON SAMY JE SUIS PAS TA POTE TU VA ME PARLER MEILLEUR
-Samy : ET T’ES QUI TOI POUR HAUSSER LA VOIX SUR MOI
-Kayna : ESPECE DE GROS BOUFFON JE SUIS QUAND MEME TA COUSINE ET JE TE PARLE COMME JE VEUX

Quoi ? Samy et Kayna étaient des cousins ? Mais pourquoi elles ne mont jamais rien dit les filles. J’en reste bouche-bée !

-Samy : bon c’est bon Kayna là
-Kayna : non c’est pas bon, ça sera bon quand tu respectera Sonia, parce que là t’es qu’un vieux mec qui se sert d’elle et qui va voir ailleurs quand il a besoin de se vider (elle le pointait du doigt)
-Sonia : c’est bon Kayna, laisse je m’en occupe
-Samy : bref, c’est qui lui, enfin eux
-Sonia : Sarah, elle est au foyer avec nous depuis février je crois et lui c’est son copain

Nasser était resté choqué de ce qu’il venait de se passer on dirait.

-Moi : salam
-Nasser : euh. Ah non non moi je suis pas son copain, on va se marier dans quelques mois
-Samy : ah… mais putain Sonia et Kayna pourquoi vous m’avez rien dit là ? J’ai pas eu l’air con là
-Kayna : non pas du tout t’inquiètes pas dit-elle d’un ton ironique
-Samy : oué fou toi de ma gueule
-Sonia : c’est pas grave, je t’appel après Samy
-Samy : oué oué salam.

Et ben, dans le genre impulsif, on ne pouvait pas faire mieux que Samy et Kayna. L’après midi j’ai profité de Nasser.

-Moi : tu me manques trop la semaine, c’est dur
-Nasser : je sais… inchaAllah le juge il dit oui et on sera enfin à deux
-Moi : oui inchaAllah
-Nasser : tu pourras toujours compter sur moi
-Moi : toi aussi, toujours..
-Nasser : merci

Le week-end est encore une fois très vite passé. C’était à base d’énorme câlin avant de se quitter.

Ensuite il a fallu, que j’aille dans ma ville d’origine, c’était le jour que je passais devant le juge. Avec l’éducatrice, on avait rendez-vous au bureau de l’assistance sociale.

Ce que je ne savais pas, c’est que pour m’accorder une éventuelle émancipation (en gros l’émancipation d’un mineur c’est de le rendre majeur avant ses 18 ans, minimum c’est 16 ans). Bref, je disais que pour m’accorder l’émancipation, ma belle-mère devait dire ce qu’elle en pensait, un peu donner son accord en gros. Je savais d’avance que c’était presque mort.

Mais on ne sait jamais, après tout, ce n’était que ma tutrice, on n’avait aucun lien de parenté. Le fait que je n’avais plus de père, ni de mère, pouvait jouer en ma faveur.

On est devant le tribunal, ma belle-mère est là, puis elle me lance des regards remplis de haine, des regards méchants, face à ses regards, je ne peux que baisser la tête. Nasser était là également, il n’avait pas le droit de rentrer mais il attendrait devant il m’a dit. C’était important pour moi que de savoir qu’il n’était pas loin.

Le juge me demande mon avis, il veut savoir pourquoi j’ai fait cette demande. Donc je lui explique que je ne me sens pas à ma place chez elle, que je suis de trop et que je ne me sens pas bien au foyer et que je préférai être chez Nasser.

Sans aucunes expressions de visage, le juge me regarde, analyse mes paroles, notes deux trois petites choses, il rendra sa délibération dans une heure…

Après tout, une heure sur presque 18 ans, ce n’est pas grand-chose puis l’heure est très vite passée.

Me voilà face au juge, il va rendre son verdict, il va me dire si oui ou non je serais émancipée, si je deviens adultes et donc que je quitte ce foyer pour retrouver Nasser, partir en Algérie voir ma famille et se marier…

-Le juge : Mademoiselle, compte-tenu que vous n’êtes pas dépendante financièrement, que votre tutrice légale, c’est-à-dire votre belle-mère est contre ce projet, mais surtout que vous n’allez plus à l’école et que vous ne faites aucune formation, j’ai le regret de refuser votre demande d’émancipation…

Coup de massue sur le crâne, je m’effondre en larmes, ça doit bien lui faire sourire à ma belle-mère.

Chronique: c'est l'histoire d'une cendrillon des temps moderneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant