Le soir pour rejoindre ma chambre, je passe devant celle d'Inès qui avait laissé la porte ouverte. Je souffle un gros coup et je vais lui dire ce que Nasser m'a dit pour Abdel...
-Moi : Inès ?
-Inès : oué ?
-Moi : je peux rentrer deux secondes ?
-Inès : c’est important ?
-Moi : à propos d’Abdel
-Inès : vas-y rentre et ferme la porte
-Moi : en faite j’ai demandé à Nasser et il m’a dit qu’il était fiancé
-Inès : sérieux ?
-Moi : oui
-Inès : ok ok, bonne nuit
-Moi : toi aussiJe suis partie me coucher en pensant à Nasser. C’était tout nouveau pour moi que de connaitre ce sentiment d’aimer et d’être aimé par une personne extérieur à ma famille. Mes parents m’aimaient, ma mère je ne doute pas une seule seconde que pendant les 9 mois qu’elle m’a porté elle m’a aimé. Mon père m’a aimé pour deux, ce qui a fait que ma belle-mère me haïssait. Je les aimé tout deux profondément, ma belle-mère je ne l’aime pas, elle m’a fait vivre la misère, je n’arrive pas à l’aimer, mes demi-sœurs ça dépend parfois je les apprécie parfois non.
Pour une fois dans ma vie, hors mon père et ma mère, quelqu’un d’autre m’aimait pour ce que j’étais. Nasser m’aimait, voulait de moi, alors que personne jusqu’à présent ne le souhaitait. Si Melissa, qui était toujours là pour moi mais Nasser pouvait m’assurer un avenir sans elles, me sortir de cette prison.
Quelques semaines sont passées, on était début juillet, c’est l’été et avec Nasser tout va bien. Bon il me reproche assez souvent de ne pas faire d’effort pour le voir plus souvent ou de rester avec lui un peu plus longtemps mais c’est impossible et tant que je peux lui cacher ça alors je le lui cacherai mais Nasser n’est pas de cet avis.
Il doit partir en Algérie pour un mois et demi, et il veut qu’on passe une journée entière à deux, ce qui est impossible avec ma belle-mère alors une dispute éclata.
-Nasser : de toute façon tu fais jamais d’efforts je sais même pas ce que je fais avec toi Sarah
-Moi : mais je ne peux pas, j’ai des choses à faire
-Nasser : TU PEUX JAMAIS. T’AS TOUJOURS DES CHOSES A FAIRE TU ME SOULE SARAH J’EN AI MARRE DE TOI
-Moi : c’est bon pas la peine de crier
-Nasser : SI C’EST LA PEINE DE CRIER POUR QUE TU COMPRENNES QUE JE VEUX PAS D’UNE RELATION COMME CA A TOUJOURS ETRE CACHER SE VOIR QUAND CA TE CHANTE. LA MEUF JE ME CASSE AU BLED UN MOIS ET DEMI CA LUI FAIT RIEN LIMITE ELLE S’EN FOU
-Moi : mais je ne m’en fou pas
-Nasser : si tu t’en fou, tu fais pas l’effort je veux plus continuer comme ça
-Moi : ben faut faire avec je suis désolée
-Nasser : ben tu sais quoi ? je vais faire sans ça sera mieux salam
-Moi : quoi ? ça veut dire quoi ?
-Nasser : ça veut dire qu’il y a toi, qu’il y a moi et qu’il n’y a pas de nous
-Moi : quoi ?
-Nasser : oui salamSans que je ne puisse répondre, il est parti… La seule personne, le seul homme pour qui je comptais m’a laissé. J’ai voulu le rattrapé mais il est parti bien trop vite. J’ai essayé de l’appeler mais il ne répondait pas alors je suis passée par Melissa mais il lui disait « j’ai pas le temps » c’était toujours comme ça jusqu’à son départ en Algérien.
Aucun « au revoir », aucun « à bientôt », aucun « tu vas me manquer », rien du tout. Il est parti et moi je suis restée ici.
Les jours ont suivi et je me suis rendue réellement compte que j’avais perdu Nasser, que notre histoire s’écrivait désormais au passé. Pour une fois, j’ai laissé mon cœur exploser et j’ai pleuré.
J’avais besoin de parler de cet échec amoureux à quelqu’un. Inès ? Non. Assia ? Non. Melissa ? Oui. J’ai appelé Melissa puis elle est venue un après-midi pour qu’on puisse se voir et parler. Ça ma fait énormément du bien de pouvoir lui parler, de pouvoir me confier et de recevoir des conseils.
-Melissa : tu sais Sarah tu devrais peut être lui dire ce que tu vis avec ta famille
-Moi : j’ai pas le courage, je ne veux pas leur donner une image de méchante
-Melissa : pourtant elles se servent de toi
-Moi : oui mais si je fais ça je l’emporterai pas au Paradis
-Melissa : t’es trop gentille Sarah, je sais pas comment tu fais
-Moi : mon père m’a toujours appris la gentillesseJe sais que Melissa a raison, lui dire à Nasser résoudrait pas mal de problème mais j’ai peur qu’il ne me croit pas parce qu’elles sont gentilles, quoi que il se doute que quelque chose cloche mais j’ai peur, je ne sais pas de quoi mais j’ai peur de perdre ce petit attachement que j’ai envers cette maison et je m’en voudrais de les laisser comme ça et toute manière ma belle-mère me laissera jamais et j’ai peur de la décevoir elle, ou de décevoir Nasser. Je ne sais pas ce que je dois faire. Je suis perdue et il est parti, je l’ai perdu.
J’avais des nouvelles de lui par rapport à Melissa, mais jamais il ne lui demandait comment j’allais. La fois où elle a tenté de lui parler de moi, il l’a stoppé net, il ne voulait pas en parler. J’étais déçue, triste, malheureuse, mélancolique, abattue, dépité, désabusé… Autant de synonyme pour me représenter à ce moment là.
Les deux premières semaines d’aout, ma belle famille partait en vacance chez leur famille dans le sud de la France, elles n’avaient pas les moyens de partir au Maroc, car elles, elles étaient marocaines. Par contre, moi je restais à la maison, je n’étais pas la bienvenue là bas et ça m’arrangeait de ne pas être la bienvenue car je ne supportais pas leur famille. Et ces deux semaines signifiaient liberté pour moi.
Malheureusement, ces deux semaines sont très vite passées. J’ai profité pour inviter Melissa presque tous les jours à la maison, d’être une vraie fille, de vivre une vraie vie de fille alors je profitais de chaque instant.
Avant qu’elles ne reviennent, j’ai astiqué la maison, et je leur ai préparé un bon repas. Elles n’étaient pas plus ravies que ça de me revoir et c’était pareil pour moi.
Le reste des vacances m’a paru long car je ne voyais pas Nasser et je n’avais aucune nouvelle de lui.
Début septembre il est revenu mais il faisait l’indifférent avec moi, il ne me regardait pas, rien du tout. S’il était amené à passer à mes cotés, il faisait comme ci j’étais transparente à ses yeux, comme ci je n’avais jamais existé, comme ci nous n’avions jamais rien vécu à deux…
Courant septembre, j’étais dans mon entrée, au niveau des boites aux lettres quand le facteur est arrivé. Je n’avais jamais accès à la boite aux lettres, ma belle-mère aimait s’en charger, mais comme elle s’était cassée la cheville j’ai voulu l’aider et récupérer son courrier alors je l’ai demandé au facteur qui me l’a gentiment donné.
Par curiosité j’ai regardé les lettres qui lui étaient adressé et avec stupéfaction, une lettre m’était adressée, à moi, à mon nom, au nom de Mlle Sarah. J’ai pris la lettre, je l’ai rangé dans ma poche comme ci de rien n’était et j’ai monté le courrier à ma belle-mère.
-Belle-mère : Sarah je t’ai déjà dit que tu devais pas te mêler de mon courrier
-Moi : mais je pensais bien faire
-Belle-mère : tu fais ce que je te demande point
-Moi : je suis désolée
-Belle-mère : va préparer le manger et ramène moi un verre d’eau avec un anti douleurJ’ai fait ce qu’elle m’a demandé sans broncher.
Le soir, comme chaque soir presque je descends les poubelles, il faisait encore chaud alors j’ai profité de ce début de soirée, où la lumière du jour était encore présente pour profiter un peu, je me suis assise sur les marches de l’escalier d’entrée. J’avais pris la lettre qui m’était adressée pour pouvoir la lire.
Je n’ai lu que deux phrases et les larmes coulaient à flot. Et il fallait que Nasser arrive à ce moment précis…