Chapitre 6

49 6 0
                                    

"Les cadeaux sont comme les conseils : ils font plaisir surtout à ceux qui les donnent." Henriot


Les tests de James me demandent beaucoup, pour l'heure je rentre chez moi et m'affale sur mon canapé ! Je suis claquée, Il veut savoir où sont mes limites, elles ne sont sûrement pas loin mais je n'ai pas le droit de lui faire voir. Cela fait deux semaines qu'il me pousse dans mes retranchements.

Je mets internet en route et démarre une conversation avec mon amie de lycée, Stéphanie, qui est en France. Elle aussi fan de catch, cherche à savoir comment cela se passe, les entrainements, quel est mon programme et comment sont les professionnels. Je réponds à ses questions amusée, en la faisant languir sur mes rencontres.

Elle veut aussi que je lui raconte comment sont les USA... mais en y réfléchissant bien je ne peux lui décrire que mon quartier. Je ne suis pas partie à l'aventure découvrir les environs. Donc je me contente de lui dire que je m'activerais à visiter ce week-end.

Il est vrai que j'ai enchainé les entraînements avec James, ne pouvant me mêler avec mes collègues qu'à l'heure du repas. Toujours avec plus ou moins le même groupe de filles.

Je tiens le coup et essaye toujours de faire bonne figure devant James. Je n'ai pas encore eu de jour « sans » mais je sais que ce jour là arrivera bientôt, la distance avec ma famille commençant à peser sur mon quotidien.

Le rythme n'est pas bien difficile à prendre, il s'apparente à un métro-boulot-dodo, version WWE cela donne donc, exercice-survie-au lit ! Je ressens chaque muscle travailler, il y en a même dont je ne soupçonnais pas l'existence.

J'ai activé, pour ces journées de labeur, le mode pilote automatique. Il commence par le footing pour se rendre à la WWE, ensuite je m'exécute face aux demandes de James, je déjeune et je retourne « obéir » au programme. Puis je rentre chez moi tranquillement à pied, pour finir par tomber de sommeil très tôt dans la soirée.

Avec ce rythme et le décalage horaire il m'est difficile d'avoir des contacts en direct avec les miens et cela devient dur. Même si la culture ici n'est pas bien différente, il y a des habitudes qui manquent. Il est difficile de ne pas entendre parler français et de ne pas tenir une conversation dans sa langue maternelle, difficile de ne pas trouver un maudit croissant dans cette ville, difficile en rentrant de ne pas trouver un bon petit plat fait par ma mère, difficile avant d'aller me coucher de ne pas pouvoir me confier à elle, difficile à chaque progrès de ne pas pouvoir partager en direct avec ses amis, sa famille.

Et à chaque défaite, déception, désillusion, il est dur de ne pas trouver l'épaule réconfortante de sa meilleure amie. Car oui malgré les apparences il y a aussi eu des moments de déception. Mes entraînements me remettent en cause perpétuellement et je tombe de haut sur certains aspects techniques de ma formation. Je me rends compte que ma condition physique est loin d'être bonne.

Cela me rend triste de penser à l'inverse aussi. Je ne peux plus entendre Stéphanie hurler ses conneries, l'entendre pester contre les clients qu'elle reçoit, je ne peux partager avec elle en direct ses peines comme ses joies. Je ne veux pas m'éloigner d'elle et je ne veux pas qu'elle s'éloigne de moi.

Dans cette nouvelle vie il faut que je me construise un réseau social, je ne peux pas me contenter de catcher... mais quelle place mon emploi du temps donne t-il pour des nouvelles rencontres ? Je n'ai pas d'autres choix que de vivre, respirer, manger, boire catch. Je dois donc tisser des liens avec les personnes de la fédération en tout premier lieu. C'est donc ce que j'ai commencé à faire le jour où Mélina et ses amies sont venues s'installer à table avec moi. Elle a su faire le premier pas, se souvenant de moi, le premier pas que je n'aurais jamais osé faire !

Durant ces deux semaines elle ne m'a pas laissé une seule fois face à ma solitude à table. Elle m'a présenté ses amies mais aussi son mari et les amis de son mari. J'ai pu parler avec quelques personnes, même si ce n'est qu'un simple bonjour échangé, grâce à elle je me suis sentie plus à l'aise face à tout ce beau monde.

Mélina est charmante, cela me change beaucoup de France, à croire que la gentillesse existe encore de nos jours ou peut-être est-ce aussi la mentalité de ce pays et même de cette boîte. En effet aux côtés de chaque superstar ou diva je me suis sentie collègue, égale à eux et jamais l'un d'eux ne m'a fait ressentir sa supériorité face à son statut.

Je m'endors paisiblement en pensant que demain soir je serais en week-end et pour moi ces deux jours de repos ne seront pas du luxe.

Je pars en courant vers la salle d'entrainement lorsqu'une voiture me klaxonne. James s'arrête et me propose de monter. Je refuse poliment en lui expliquant que tout les matins je viens en footing et que je voudrais m'y tenir, il se marre et se dirige en voiture vers la WWE.

Une fois arrivée je pars au vestiaire poser mes affaires puis vais dans la salle de sport, je regarde le ring qui est dans la salle et tourne autour en touchant les cordes. Je rêve de monter sur ce ring, c'est celui de la WWE...

- Lau' ! Allez on s'y met !

James me met à la musculation. Assise sur le rebord du banc je m'exécute en fixant encore et toujours ce ring.

- Tu en rêves ? dit-il.

- Tu n'imagines même pas. Je ne veux pas monter dessus comme ça pour le plaisir. Je veux avoir gagné le droit d'être sur ce ring ! C'est un ring de la WWE quand même. Tu imagines la petite française débarquée qui monte là dessus. Je ne veux pas gâcher cette première fois, je veux que se soit mérité. Ce n'est pas anodin ce geste pour moi, poser un seul de mes pieds là-dessus me fera réaliser un grand rêve.

- Ton rêve se réalise cet après-midi. me dit James

- Tu rigoles ?

- Non, je t'ai assez testée sur ta condition physique. Je n'ai pas vu tes matchs en vidéo c'est l'occasion pour finir le réajustement on va dire. Ce n'est pas un cadeau ou un amusement, je veux voir ce que tu sais faire, cela fait partit du test.

- Ok.

- Naty sera ton adversaire, c'est une coriace alors ne prends pas à la légère cette opportunité.

- Aucun risque, je vais la chercher.

Je sors de la salle toute contente et me dirige vers les vestiaires où je pense trouver Naty.

- Tu as l'air bien en forme. Me dit Naty.

- Oh Naty, si tu savais !

- Bah tu vas nous dire. Dit-elle en riant et regardant Mélina.

- James veut me voir catcher.

- C'est génial Lau' ! Tu vas lui prouver ce que tu sais faire ! dit Mélina.

- Oh oui ! J'suis vraiment contente ! Il m'a choisi mon adversaire par contre.

- Qui est-ce ? demande Mélina.

- C'est Naty. Dis-je en la regardant.

- Tu vas morfler petite amatrice. Me dit-elle en se marrant.

Nous partons rejoindre James qui nous explique ce qu'il attend.

- Je vais souffrir ! dis-je.

- Je t'avais prévenue. Dit Naty pour me taquiner.

James rigole et enchaîne : "Je veux voir ce que tu donnes dans les airs et à la fois au sol. "

- Oh tu mélanges les styles là. Dis-je

- C'est fait exprès je teste ton agilité, ta vitesse et ta résistance. Dit James.

- Ok.

- Allez dans la salle 3 vous serez tranquille. Impressionnez-moi les filles ! Enfin surtout toi Lau' parce que Naty...

- Oui elle n'a rien à prouver ! rigolais-je.

Amour de rodageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant