Amour de rodage

Chapitre 34

"Ce n'est pas tant l'aide de nos amis qui nous aide que notre confiance dans cette aide." Epicure

Depuis deux semaines, Il vient me chercher tous les matins. Il laisse sa voiture chez moi et nous allons en courant à la salle. Il m'encadre alors que je ne lui ai rien demandé, tout ceci s'est fait de manière naturelle, mais je reste un automate. Il a réussi à me motiver à me bouger pour le boulot, mais je suis toujours vide sans Randy. Je vis encore dans le noir, je ne prends toujours pas soin de moi en terme d'artifices, car physiquement et nutritionnellement je n'ai pas le choix.

Arrivés à la salle j'aperçois James, je suis contente de le voir, enfin quelque chose qui me réjouit. Je vais le saluer et il me dit : " Lau n'oublie pas ce que je t'ai dis en décembre, stagner oui, trois bonds en arrière c'est interdit ! Continue tes efforts, jamais une de mes protégées n'a baissé les bras".

Je suis surprise par sa phrase, me contente de le prendre dans mes bras et lui dire : « Je suis plus exigeante avec moi-même à côté d'un professionnel je ne lâcherais pas. »

- Il t'a bien aidé dans le boulot, mais viendra le moment où tu devras aussi remonter la pente psychologiquement, tu es aérienne, tu dois être sûre de toi et ça il n'y a que toi qui pourra réussir.

- Je sais.

- Lau, viens on va faire de la muscu. Me dit mon sauveur en arrivant dans la salle.

Je suis bien en m'entrainant à ses côtés, Il m'oblige à me surpasser, aller toujours plus loin. Il est exigeant avec moi, toujours doux dans son amitié mais terriblement dur d'un point de vue professionnel. Jamais il ne relâche son attention envers moi, si un matin je suis moins motivée, il accélère le pas lors de notre footing, si je fais la tête sur une machine, il ajoute du poids ou augmente le rythme.

Nous avons tout repris à la base et cela paye sur mon physique. Mais en rentrant le soir je me sens toujours terriblement seule, les stores sont fermés, la télévision débite des programmes qui m'intéressent peu. Je regarde toujours les photos de Randy et moi, me remémorant chacun de nos bonheurs et revivant cette scène du soir où il a mit un terme au nous que nous formions depuis huit mois. Ce week end va être dur comme le dernier.

Samedi matin, je suis réveillée par la sonnerie de l'entrée. Il est venu me faire faire un footing.

- Tu déconnes on est samedi ?! lui dis-je.

- T'as vu ton état lundi dernier, je ne ruine pas une semaine de boulot à cause de deux jours de congés ! File enfiler un jogging et viens vite, un parcours nous attends.

Je l'écoute, il me fait rire intérieurement, je file dans ma chambre et quand je reviens l'appartement est inondé de lumière.

- Si tu ne laisses pas passer la lumière ici, comment veux-tu retrouver la joie de vivre.

- Je... Je dormais je te signale.

- Tssssss me cache pas des choses et mens pas ! Je sais que tu n'ouvres pas tes stores, et malgré les apparences, c'est toujours dur moralement, alors joue pas à ce jeu avec moi.

- Bon on y va ?!

- Ton petit déjeuner d'abord je tiens pas à ce que tu me fasses un malaise en cours de route !

- Un malaise ? Attends ton fameux parcours là il est soft ?

- Tu verras.

Nous prenons un petit déjeuner et filons courir et courir encore, je traine du pied au bout d'une heure, il accélère.

- Hey, attends moi je n'en peux plus. On peut finir en marchant dans ce parc non ?

- Pas de soucis.

Nous marchons côte à côte en échangeant très peu de mot, quand je finis par évoquer l'aide qu'Il m'a apportée.

- Je te remercie pour ce que tu as fais pour moi. J'ai repris le dessus.

- Physiquement oui, mais moralement tu es loin de ce que j'ai connu. Dit-Il.

- Je sais, ça reste dur, je ne peux pas l'oublier, je n'y arrive pas. Dis-je en m'asseyant sur un des bancs du parc.

- Bien sûr que c'est dur, mais ça finira par aller mieux, il te faut du temps, mais tu en as peu. Car si moralement ça ne va pas tu ne peux pas voltiger comme tu sais si bien le faire.

- Je sais, mais... En fait vous saviez tous que Randy et moi ça allait se terminer ?

- On ne savait rien, on avait peur que ça arrive et notre crainte grandissait un peu plus à chaque fois qu'on te savait seule.

- Il n'y a que moi qui n'ai rien vu. Je savais que ça allait mal, mais je ne pensais pas que l'issue serait celle-là, je pensais juste devoir supporter encore quelques mois cette situation.

- Tu étais amoureuse Lau.

- Je le suis toujours. Lui confessais-je en le regardant dans les yeux.

- C'est normal, on balaye pas huit mois de relation comme ça, surtout quand on est attachée comme tu l'es.

- Pourquoi tu fais tout ça pour moi ?

- Pourquoi après un mois de tentatives de la part de tout le monde c'est moi que tu as accepté ?

Je rigole et il m'imite, nous passons au final le samedi ensemble et le dimanche quand je me lève j'ouvre les stores afin de voir la lumière du jour et profiter des beaux jours de juin.

Il a su refaire de moi une professionnelle assidue et sérieuse. Vince a remarqué mes efforts et m'a donné un contrat plus long, je suis pour deux ans avec la WWE. Si j'en suis là après cette difficile période c'est grâce à Lui, c'est un ami en or.

Ca a été très vite pour me reprendre en main physiquement, mais je suis toujours blessée moralement et ce malgré les trois mois qui se sont écoulés depuis ma fin de relation avec Randy.

Je suis blessée mais je vais quand même mieux, ce n'est pas le temps qui me fait oublier, c'est parler avec mon ami, un de mes meilleurs amis. Je lui suis extrêmement reconnaissante d'avoir eu à supporter le poids de ma peine. Je sais que je peux compter sur Lui, en toute circonstance. Et les confidences en entrainant d'autres, Il me parle de sa vie amoureuse chaotique. Ce n'est pas un gars très sérieux, Il m'a avoué n'avoir eu aucune relation stable, jusqu'à présent. Il a aimé, il connaît ce sentiment mais n'a jamais trouvé « la moitié le méritant » selon ses dires. Il dédramatise chaque situation de la sorte, mettant une pointe d'humour dans ce qu'Il me raconte, j'aime qu'Il me parle de sa vie amoureuse si différente de la mienne.

Fin du flashback