-Inattendu-

~la torture~

Ils en étaient désormais certains; il s'agissait de bruit de pas, avançant dans leur direction et retentissant comme un compte à rebours mortel. Ils ne pouvaient rien faire que d'attendre que la sentence les atteigne. Même s'ils n'avaient aucun moyen de défense possible, ils restaient collés l'un à l'autre procurant une douce, mais factice sensation de sécurité. Rogue avait l'air terriblement calme; sa respiration ne trahissait aucune augmentation de rythme cardiaque et cela déteignait sur Hermione. La peur s'était échappée de son organisme. Elle acceptait enfin la situation ; chose qui, sans lui, n'aurait pas été aussi naturelle, ni même possible.

Le son se faisait de plus en plus proche, pratiquement face à la porte, désormais. Hermione ne sut pas réellement pourquoi, mais elle se pencha vers son oreille et lui murmura :

- Ne fait rien de stupide Severus, d'un ton toujours aussi calme, elle ajouta, après avoir déposé un baiser sur ses lèvres blessées, je t'aime Severus.

Severus semblait avoir été envouté par son baiser et ne trouvait plus d'ordre dans ses pensées. En la pressant fortement contre lui, il murmura lui aussi à son oreille :

- Moi aussi, je t'aime Hermione.

Aussi triste cela puisse-t-il être, tous les deux avaient ressenti la même étrange sensation traverser leurs corps enlacés : ces je t'aime avaient sonné comme des adieux. L'espoir que l'ordre puisse les retrouver ne formait plus qu'un faible faisceau de lumière éclairant leur avenir ; une flamme sur le point de s'éteindre et de les plonger tout deux dans une obscurité éternelle.

Juste avant que les pas ne soient arrivés à eux, ils eurent le réflexe de se relever. Severus étaient encore extrêmement faible et Hermione avait presque du le porter. Côte à côte, ils embrassaient leur destin à bras ouverts. Mais, ne nous méprenons-pas, ils n'avaient pas complètement abandonné. Si chance de s'en sortir il y avait, ils la prendraient sans hésiter. Ils ne faisaient que se rendre à l'évidence; leurs chances de réussir à vaincre un ou plusieurs sorciers armés, sans l'être eux-mêmes, n'étaient que bien trop faible pour y voir un réel espoir se concrétiser. Mais au fond, Merlin seul, savait ce que le destin leur réservait. Hermione ne put s'empêcher de penser que le destin avait déjà plusieurs fois eu la bonne idée de s'acharner sur eux. Un retournement de situation serait donc le bienvenu.

L'énorme porte métallique s'ouvrit lourdement et Hermione s'agrippa à la main de Severus. Les deux serraient tant la main de l'autre que, s'ils avaient pu voir quelque chose, leurs jointures auraient dès à présent perdu toute leur couleur. Le silence n'était comblé que par leurs respirations qu'ils s'efforçaient de maintenir calme et l'horrible grincement de la porte, qui venait de finir de s'ouvrir entièrement.

Eclairés par l'arrière, ils n'apercevaient que les silhouettes des personnes présentes sur le seuil : trois hommes s'y tenaient. Ils ne pouvaient que s'agir d'hommes ; leurs carrures ne pouvaient laisser place au doute.
Hermione déglutit bruyamment et Rogue serra un peu plus sa main, de plus en plus engourdie, mais peu importait, elle n'aurait pas supporter de rompre le contact.

L'un des hommes s'avança sans mot dire et agita sa baguette dans les airs : les lanternes qui jusqu'ici avaient demeuré éteintes, s'allumèrent toutes en même temps, éclairant la pièce juste assez pour y voir quelque chose. Hermione se cacha les yeux d'une main et Rogue fit de même. Leurs yeux venaient de passer des jours dans une obscurité quasiment totale et avaient besoin d'adaptation.
Lorsqu'elle fut enfin capable de voir à peu près normalement, Hermione leva les yeux et observa tout autour d'elle. La pièce était aussi grande et hideuse qu'elle l'avait imaginée, les trois hommes se tenaient, pour l'instant, silencieux. L'un d'entre eux avait fait apparaître une chaise en bois sur laquelle il s'était installé. Les deux autres étaient derrière lui, baguettes à la main.