Alors qu'elle s'attendait à apercevoir la vide et silencieuse impasse du tisseur, la surprise s'empara d'elle à la vue du lieu inconnu où ils venaient de transplaner, main dans la main. Jamais encore, de toute son existence, elle n'avait été confrontée à tant de beauté. Le paysage pictural maintenait ses yeux grands ouverts et un grand sourire illuminait son visage, sans pouvoir s'en décrocher.
- Severus...c'est magnifique ! lâcha-t-elle sans cesser de s'abreuver de la beauté de l'environnement qui s'offrait à elle.
- Considère-là comme un autre de mes cadeaux de fin d'études. Elle est à ton nom.
- Mais...tu n'aurais pas du...je veux dire...c'est bien trop, balbutia-t-elle en retour.
- Quand comprendras-tu que rien n'est « trop » pour toi ? répondit-il en la serrant contre lui, tu es la chose la plus importante dans ma vie et tu mérites tout ce qu'il y a de plus beau sur cette terre.
Hermione n'eut pas d'autre choix que de s'avouer vaincue. Elle ne pouvait refuser et n'en trouvait pas l'envie. Le bonheur qui émanait du corps de Severus, face à sa réaction, acheva ses dernières onces de réticence.
La belle maison avait l'air de prendre vie et d'accueillir le couple à bras ouverts. Hermione avait souvent imaginé à quoi ressemblerait une vie à la campagne et cette demeure ne faisait que confirmer ses théories. Severus avait vu juste. Après, ce qui avait semblé une éternité, cloitrée dans l'obscurité, puis dans son corps-même, ce beau paysage de paradis lui ferait le plus grand bien ; à lui aussi d'ailleurs. Une ébauche de village se profilait à l'horizon, mais autour de leur maison, il n'y avait rien de plus que des arbres et de belles fleurs qui venaient apporter le détails qui fait la différence.
La maison en elle-même représentait le parfait équilibre entre la simplicité et l'extravagance. Contrairement à la demeure de l'impasse du tisseur, les tons dominants étaient très clairs.
Ils avaient bien trop côtoyé l'obscurité depuis le début de leur relation et méritaient enfin de basculer à nouveau vers le bonheur.Toujours devant la maison qui, désormais était là sienne, elle détaillait chaque petit point différent de la façade, tombant, à chaque coup d'oeil, plus amoureuse de la maison. Sans crier gare, elle tira doucement Severus par le bras et le guida à l'intérieur. Une chose était sûre : la couverture était indubitablement à la hauteur du contenu. Cet endroit qui était pourtant nouveau pour elle, respirait une familiarité et une chaleur spéciale qui étaient loin de lui déplaire. C'était indéniable, elle était spacieuse et lumineuse et la décoration lui rappelait un peu Poudlard où le Terrier ; tous les endroits où elle avait un jour été heureuse. L'entrée menait directement au grand salon. La cuisine s'y trouvait aussi, ainsi qu'une autre pièce, masquée derrière une porte. Elle poussa celle-ci en gardant une main liée à celle de Severus. Derrière cette simple porte, elle eut la chance de découvrir la pièce de ses rêves : une longue salle meublée de quelques fauteuils et bureaux, sans compter le nombre astronomique de bibliothèques alignées, toutes pleines de livres de tous les genres existants, moldus et sorciers ; leur paradis personnel.
- C'est magnifique ! souffla-t-elle blottie contre lui.
- Heureux que ça te plaise !
En montant les escaliers, elle put découvrir les trois chambres du premier étage accompagnées d'une salle de bain personnelle pour chacune d'entre elle.
Elle décida que la plus grande et lumineuse d'entre elle serait la leur. Les autres étaient tout aussi jolies, mais la première à avoir attiré son regard était celle-ci. Le dernier étage était, en réalité, le grenier qui, étant si spacieux, avait été transformé et décoré en beau un salon chaleureux.
Elle s'installa sur le long canapé brun clair et continua de scruter ce grenier qui, à l'inverse de l'image poussiéreuse et effrayante que ceux-ci renvoyaient souvent, était sa pièce préférée de la maison, pour l'instant. Elle s'y trouvait bien, en sécurité, auprès de la cheminée qui, elle en était sûre, serait très appréciable quand les jours les plus froids de l'année arriveraient. Même si les sorciers n'avaient pas pour habitude, du moins chez eux, de réchauffer leur maison d'une autre manière qu'en utilisant le sort ménager prévu à cette effet, elle aimait le charme d'une bonne lecture au coin du feu.- Encore merci, Severus ! C'est un endroit de paradis, lui dit-elle en lui faisant signe de la rejoindre sur le canapé.
Il s'installa et elle se posa contre son épaule. Un millier de pensées se battaient dans sa tête et aucun ordre ne voulait plus y régner. Elle tourna la tête pour se retrouver face à face avec Severus, leurs deux visages à quelques insignifiants centimètres l'un de l'autre. Lui, ne fit que la regarder dans les yeux avec admiration la laissant mener la danse. Elle, se lança dans un doux baiser et y prit plaisir. Alors, elle sut que toutes ses craintes et répulsions n'étaient pas avérées ; du moins, pas avec Severus. Il ne lui ferait jamais de mal, jamais, mais les images et sensations de ce que cette ordure lui avait fait, ne cessaient de la tourmenter. Cela créait en elle un grand blocage et, même si elle avait une confiance inconditionnelle en celui qu'elle aimait, une voix dans sa tête lui disait de ne pas passer à l'acte. Une terreur régnait désormais en elle et durant leur baiser, elle revint à l'assaut, plus forte. Hermione s'éloigna rapidement de Severus et sa respiration accéléra et devint de plus en plus hachurée. Au même moment, il sortit de sa transe romantique, pour entrer dans un état de forte inquiétude.
- Hermione, qu'est-ce que tu as ? lui demanda-t-il en lui prenant les mains.
Elle n'arrivait pas à émettre de réponse et, soudain, Severus comprit sa réaction. Il y avait pensé durant ces dernières semaines. Si, lui, avait gardé des séquelles, elles seraient sûrement pires pour elle.
Doucement, il la prit dans ses bras et lui chuchota :- Nous n'avons pas à faire quelque chose qui t'angoisse, ma douce. Quand tu seras prête et pas avant.
A ces mots, Hermione sentit les battements de son coeur retrouver un rythme normal et fut capable d'articuler un seul mot intelligible mêlé d'une respiration toujours saccadée :
- Merci...
Il ne savait pas combien de temps, ils étaient restés dans cette position, mais après qu'Hermione eut réussi à reprendre le contrôle de son corps, elle fondit en larmes et confia à Severus ses plus grands malheurs :
- Je n'arrête de le sentir, le mangemort...contre moi, sur moi, en moi. J'aimerais pouvoir retrouver celle que j'étais avant. Il m'a volé une part de moi-même, Severus...J'adorais faire l'amour avec toi et regarde-moi, maintenant, j'en suis incapable. Je...je suis dysfonctionnelle, dit-elle en baignant la chemise de Severus de larmes.
- Ne dis pas ça, Hermione. Tu n'est pas dysfonctionnelle et j'attendrai le temps qu'il faudra. Nous trouverons la solution à deux, d'accord ? répondit-il en ravalant la tristesse qu'il ressentait à l'idée de la voir dans un état pareil.
A vrai dire, il n'y avait pas que de la tristesse, mais aussi une colère qui faisait monter en lui un désir de vengeance monstrueux, prêt à dévorer tout ce qu'il trouverait sur son passage pour atteindre son but. Hermione seule pouvait le maintenir calme. Elle ne cherchait pas à se venger, du moins, pour l'instant. Ce dont elle avait vraiment besoin était de réconfort et d'amour ; il était plus que disposé à lui en offrir comme à son habitude, si ce n'est plus. Si cela était possible.
Hermione, quant à elle, se contenta de lui poser une nouvelle question qui lui provoqua un nouveau pincement au coeur, mais de nature différente cette fois :- Est-ce que toi aussi tu fais des cauchemards ?
Evidemment qu'il en faisait et ça n'allait pas en s'arrangeant.
- De moins en moins. Ils finiront par s'évanouir pour rester derrière toi, dans le passé. Je te le promets.
Ce mensonge lui fit un peu de mal, mais il ne se voyait pas dire la vérité. Que rien n'allait mieux, qu'il était incapable de fermer l'oeil sans revoir les images de ce qu'on leur avait fait, que cela faisait depuis avant l'incident qu'il n'avait pas réussi à dormir plus de trois heures d'affilées. Elle ne tiendrait pas le coup. Il fallait qu'il l'aide à se battre, même si cela impliquait de lui mentir pour y parvenir. Elle n'avait pas besoin de ça.
Elle finit par s'endormir dans ses bras et lui, ne voulant pas prendre le risque de la réveiller en bougeant, s'endormit aussi, agrippé à elle.
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-Inattendu-
FanfictionAprès la guerre, lors de sa dernière année à Poudlard, Hermione noue un lien particulier avec son professeur de potions qui a miraculeusement survécu à ses blessures. Une relation tout à fait inattendue et compliquée liera leurs destins pourtant si...