~la solitude~

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Une seule et unique chose dans ce monde était certaine : Rogue était tombé dans les abysses de la tristesse et de la solitude. Personne n'était revenu dans la pièce depuis la séance de torture des mangemorts, sauf pour l'emmener aux toilettes. Même les repas apparaissaient pendant ses rares heures de sommeil.
Il était seul, ravagé par la tristesse et la colère et condamné à devoir vivre ce qui lui restait de vie à quelques pas seulement du corps de la femme qu'il avait aimé. Hermione. Elle avait tout été pour lui et cela était arrivé si rapidement, si naturellement que leur relation était devenue indispensable pour l'un et pour l'autre. Elle avait littéralement été sa lumière dans l'obscurité, la seule dernière raison valable de profiter de la vie. Et maintenant, elle avait disparu, aussi rapidement qu'elle était arrivée.
Il ne pouvait arrêter de se faire du mal, de se sentir coupable de sa mort. S'ils n'avaient pas entretenu cette relation, rien de tout cela ne serait arrivé. Elle était si jeune, à peine diplômée. La vie venait de l'accueillir à bras ouverts et il avait tout détruit.
La solitude, le silence et l'obscurité qui, jusqu'ici avaient été comme de vieilles amies pour Severus, s'étaient transformées, en un instant, en un supplice insoutenable. Il n'en pouvait plus. Rejoindre Hermione devenait une option alléchante au fur et à mesure que le temps passait; il espérait la retrouver, ailleurs, dans un endroit où leur amour ne serait plus synonyme de complication, de souffrance et de mort.

Les larmes ne cessaient de couler encore et encore sur ses joues pâles et chacune d'elles agrandissaient sa souffrance et son désarroi. La folie devait commencer à s'emparer de lui, car à chaque larme de plus, sa joue semblait se mouvoir de la même façon que lorsqu'Hermione séchait ses larmes de ses mains délicates. A chaque coup de plus dans le mur de pierre, quelque chose semblait frôler sa main et quand il réussissait enfin à s'endormir, il n'avait pas froid ; comme lorsqu'elle se blottissait contre lui le protégeant dans une bulle de chaleur bien singulière.
Il ne savait pas si ces quelques manifestations de tendresse imaginées de toutes pièces le rassuraient où le faisaient sombrer un peu plus dans la démence la plus totale. Peu importait, ces instants l'aidaient à se sentir mieux. La mort serait peut-être plus douce si son cerveau imaginait la présence de sa défunte bien-aimée à ses côtés.

Le temps passait, atrocement lentement, certes, mais tout de même, il s'écoulait. Rogue n'avait pas osé revoir le corps d'Hermione, qu'il avait couvert de sa cape le jour de son assassinat. Après ce qui, d'après lui, semblait être deux semaines, elle devait être dans un état difficile à imaginer pour lui. Elle avait toujours été si belle à ses yeux que l'imaginer en pleine transition cadavérique ne faisait qu'accroître son malheur.
Il ne savait plus si se battre et rester en vie en valait encore la peine. Elle n'était plus là et, après plus de deux semaines, l'espoir que l'ordre les retrouve un jour s'amoindrissait considérablement. « Les »...il avait utilisé, même dans ses pensées, un « les ». L'ordre était censé arrivé ici d'une façon ou d'une autre et les sauver, les deux, ensemble et vivants. Désormais, avait-il envie d'être sauvé ? Pour faire quoi exactement ? Se morfondre, pleurer, sombrer jusqu'à ce que quelqu'un l'achève par pitié.
Ce n'était pas une fin enviable.
Il avait retrouvé ce sentiment. Le même que celui qui l'avait envahi bien après l'attaque du serpent de Voldemort, lors de son rétablissement. Un vide, si grand et obscur que personne ne voudrait si aventurer. Voilà ce qui l'avait attendu après sa survie : sa vie n'était plus qu'un amoncellement de vide. Plus rien ne l'attendait, n'était fait pour lui ou l'attirait d'une façon ou d'une autre.
La solution, en ces temps-là, s'était présentée de manière si inattendue qu'il n'eut pas le temps de comprendre ce qui venait de lui tomber dessus. Il était tombé amoureux, terriblement amoureux, d'une femme absolument extraordinaire, mais qu'il ne pouvait pas avoir sans se battre. Alors, il s'était battu et elle aussi, contre toute attente, mais encore une fois, où cela l'avait-il mené ?
A un retour à la case départ. Le destin est définitivement et irrévocablement une garce.
Il donnerait tout à cet instant précis pour lui offrir sa vie. Elle le méritait plus que lui et puis, il avait suffisamment vécu. Lui faire don d'une belle et extraordinaire existence sans lui était désormais son souhait le plus cher qui résonnait en boucle dans son crâne. En l'ayant eu elle, ne serait-ce qu'un faible instant, il considérait déjà avoir été l'homme le plus chanceux et le plus heureux sur terre. Il ne lui en fallait pas plus.

-Inattendu-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant