-Inattendu-

~la colère~

Enlacée, blottie dans les bras de Rogue, elle l'accompagnait dans la lecture de son nouveau bouquin de potions. Au coin du feu, ils étaient tout deux plongés dans le livre, flottant face à eux et laissant donc le loisir aux deux amants de rester enlacés et, pour Rogue, de jouer avec quelques mèches de cheveux d'Hermione. Tout était parfait, l'odeur de Rogue l'enivrait et les lents mouvements de sa respiration la détendait. Une seule chose vint perturber cet instant simple, mais pourtant si exceptionnel : alors que la situation ne s'y prêtait absolument pas, des larmes commencèrent à se faire sentir aux coins de ses yeux. Certes, rien n'aurait pu gâcher ce moment idyllique si ce n'est, qu'il n'était pas réel.

Ce réveil demeurait parmi les plus compliqués pour elle, puisqu'il venait de l'engloutir dans une marée de tristesse et de désillusion, mais une seule pensée parvenait à la maintenir active : l'espoir de le revoir un jour, après ses études peut-être. Il ne restait que quelques mois, plus que quelques mois avant que son si beau rêve puisse devenir réalité. En attendant, elle devait supporter son absence. Elle ne pouvait s'empêcher de se considérer comme une idiote et une question en particulier la suivait ce matin : comment une personne que l'on a toujours cru détester pouvait-elle se retrouver à une place si importante désormais dans sa vie ?
Aussi peu de moment avaient-ils passés ensemble, l'amour n'en demeurait que plus fort. L'Amour... elle n'en revenait pas qu'une telle chose lui soit tombée dessus. Cette année qui était pourtant censée être un nouveau départ positif, serait baignée dans la tristesse à partir d'aujourd'hui.

Ses pensées s'étaient avérées exactes : elle avait essayé, même pas pour elle-même, mais pour respecter le désir de Severus, de retrouver un semblant de bonheur, sans lui. Avec Ginny et Harry, elle arrivait à ressentir de la joie, mais avec eux seulement, comme si l'ancienne elle se battait pour remonter à la surface en leur présence. Cependant, leur relation avait pris un tournant depuis sa rupture avec Ron. Ils avaient commencés à se voir bien moins souvent avec Harry, mais gardaient toujours contact. L'excuse de la rupture était excellente pour justifier le froid glacial qui émanaient de ces deux-là lorsqu'ils se trouvaient ensemble. Ginny ne lui posait pas de question pensant que le comportement un peu différent de son amie avait un lien étroit avec son propre frère.
Plusieurs fois, elle avait essayé de se retrouver seule avec Ron pour lui parler, mais sans succès ; celui-ci avait tout fait pour l'éviter depuis...l'incident. Néanmoins, un jour, alors qu'elle avait décidé de ne pas se rendre directement à la bibliothèque après ses cours, elle rencontra fortuitement Ron sur son chemin qui sembla aussi étonné qu'elle. Seuls dans ce couloir du château, ils restaient l'un en face de l'autre, se regardant par moment, jouant avec leurs doigts à d'autres. Une seule chose semblait être la solution logique : la fuite. Ce que Ron comprit avant elle ; en évitant tout contact visuel avec elle et préférant s'éloigner en regardant le sol. Il marchait lentement au début, mais semblait aussi accélérer de plus en plus. Cette occasion était rêvée pour elle et la laisser filer serait de la folie.

- Ron !, cria-t-elle avec un début de colère perceptible dans la voix.

Ron s'arrêta net et fit mine de ne pas avoir l'air dérangé par le ton de sa voix. Ne sachant pas quoi faire d'autre, il attendit. Hermione le regarda droit dans les yeux d'un regard meurtrier. Elle avait terriblement besoin de s'acharner sur lui, d'extérioriser ; de cette façon, elle oublierait, ne serait-ce qu'un instant, sa tristesse. Il est plus simple de haïr que de se lamenter.
D'un pas assuré et arborant une démarche à la limite de l'effrayant, elle commença à s'approcher de Ron qui déglutit difficilement en attendant ce qui semblait être une mort certaine. Jamais, durant leur bientôt sept ans d'amitié, il n'avait vu Hermione regarder quelqu'un de cette façon. Il commençait sincèrement à regretter son acte.

- Bonjour Ronald !, avait-elle dit en faisant pratiquement trembler Ron de peur, Ça fait un moment...j'ai presque l'impression que tu essayais de m'éviter.