Maladie du cœur : 17 ans

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Il est tard et la pluie verse encore ses larmes sur Yokohama. La salle est plongée dans le noir, une ambiance assez sympathique lorsqu'on se retrouve dans une chambre avec une petite veilleuse accompagnée d'une douce mélodie venant du temps morose de dehors.

Chuuya est prélassé au fond de son lit avec une grosse couverture blanche recouvrant son petit corps malade. Sa respiration est irrégulière et il a sur son front une serviette froide qui lui permet de faire baisser sa température qui est de 39°C. Dazai le regarde, surveille si sa fièvre ne s'empire pas. Chuuya a sans doute dû attraper froid lors de leurs dernières missions.

Il n'avait pas arrêté de pleuvoir cette semaine et puisque Chuuya pensait que rien ne pouvait l'atteindre, il s'était amusé à rester debout sous la pluie. Les gouttes d'eau coulaient le long de son visage, des larmes qui lui faisaient du bien et qui détendait ses muscles. Et sous cette pluie, ses pensées étaient comme purifié pendant quelques instants.

Et tandis qu'il profitait de ce moment de solitude, Dazai lui, admirait la vue qu'il contemplait. Ses cheveux roux étaient trempés, son esprit perdu dans des pensées vagabondes, c'était la tristesse du ciel noir qui tombait sur lui, le mouillant de la tête aux pieds.

Plus il le regardait, plus son petit cœur tremblait, un sentiment inconnu fleurissant dans sa poitrine. Dazai aimait beaucoup voir Chuuya sous la pluie car il trouvait ce moment juste splendide. En fait, son partenaire incliné toujours sa tête vers les nuages comme s'il absorbait le chagrin du ciel. Et cette image poétique chamboula le cœur du brun, il en était tombé sous le charme. Peut-être que les yeux de Chuuya brûlaient d'une pure joie de vivre, mais ils étaient aussi remplis de beaucoup de tristesse. C'est aussi pour cela que Dazai le taquinait sans cesse, il voulait continuer de faire brûler ce feu ardent qui rendait Chuuya si vivant, si humain, souhaitant ainsi engloutir toute sa tristesse pour l'éternité.

Chuuya était juste magnifique sous la pluie, et c'est pour cela que Dazai n'avait jamais osé perturber cet instant. Pourtant, Dieu sait qu'il aurait dû le faire quand il en était encore temps par ce que maintenant que son partenaire était tombé malade, il s'en voulait. Il aurait dû le prendre de force par les hanches et le ramener à leur voiture. Mais Dazai l'avait bêtement laisser profiter de la pluie. Et même si Chuuya était un garçon fait avec des os et une santé solide, le rhume s'était tout de même emparer de son corps, l'affaiblissant par la maladie.

Le voilà donc coincé au lit avec un début de fièvre assez importante.

Son nez n'arrête pas de couler et son corps tremble. Chuuya était devenu complètement obsolète, et il ne pouvait plus aller travailler. Mais en soit, ne plus aller au boulot n'était pas un véritable problème puisqu'il avait accompli avec son partenaire, l'intégralité des missions qu'on leur avait données. Mori pouvait bien les laisser respirer un peu. D'ailleurs, Dazai ne manqua pas de retourner cet inconvénient à son avantage en proposant au Parrain d'être celui qui allait se charger de Chuuya, il ne voulait vraiment pas que d'autres personnes s'approchent et prennent soin de lui à sa place, car après tout « C'est à son maître de s'occuper de son chien »

-    Pourquoi tu...viens prendre soin de moi Dazai... Demande le roux en toussant un peu.

-    Parce que tu es mon toutou et il est en mon devoir de m'occuper de toi.

-    Connard jusqu'au bout !

-    Mohh Chibi...ça vient du cœur tu sais. J'aurais pu faire autre chose, comme aller trouver un nouvel endroit pour aller me suicider mais je préfère profiter de mon seul serviteur. Puis te voir dans un piteux état m'amuse tellement. Et aussi sache qu'il n'y a que moi qui puisse te guérir.

-    Non ! Idiot ! Ce qui me guérira surtout seront les médicaments ainsi que ta mort !

Même si Chuuya déteste Dazai pour son côté arrogant et manipulateur, sa présence lui fait quand même du bien. Il se sent moins seul et il sait que quelqu'un veuille sur lui. Parce que c'est Dazai qui lui change sa serviette et qui lui en apporte une autre, c'est Dazai qui lui fait des petites papouilles dans les cheveux. C'est aussi lui qui l'aide à se nourrir s'il n'arrive pas à le faire correctement. Et par toutes ces petites attentions, le petit cœur malade de Chuuya se réchauffe, il est envahi par une étrange douceur qui l'apaise, et même s'il ne sait pas trop ce que cela représente, il l'aime bien car elle est agréable.

-    Si tu restes prêt de moi, je vais finir par te refiler une maladie.

-    C'est moi qui décide et pas l'inverse, murmure-t-il en caressant tendrement les cheveux de son partenaire.

-    Pfff, fait ton petit caprice, souffle-t-il presque en train de s'endormir.

À vrai dire Dazai est déjà malade. Malade dans le sens où ses battements de cœur devenaient de plus en plus fiévreux. Leurs fréquences étaient précipitées, c'était anormal pour lui de ressentir autant de pulsions et d'émotions désordonnées dans cet organe qu'il considérait comme mort depuis bien longtemps. Il y avait une flamme, une toute petite lumière qui renaissait et elle le ramenait à la vie. Cela fait déjà un petit moment qu'il se sent comme ça et il a remarqué quelque chose, ce feu qui brûle s'accentue chaque fois qu'il est aux côtés de Chuuya. Étrange ? Coïncidence ?

En tout cas pour Dazai c'était impossible que cela soit liée à de l'amour...Il est vrai que Chuuya l'impressionnait énormément. Il était fort, mystérieux...joli, mignon...adorable et...Dazai se posait des tas de questions sur sa récente envie de vouloir vivre. Il se rend ensuite compte que depuis qu'il avait rencontré ce gamin, une drôle de chimie l'avait traversé. Est-ce un début d'amitié ? Un début d'affection ?

Il était perdu, déboussolé, ne savait rien de ces sentiments, mais en tout cas, ce qu'il savait c'était que la présence de Chuuya rendait ses pensées complétement bordéliques. Il en avait mal à la tête de ne penser qu'à lui jour et nuit, de vouloir le taquiner, de vouloir l'embêter juste pour faire fuir tout le monde et se retrouver en tête à tête avec lui. C'était maladif d'être aussi maniaque et de penser que « Chuuya est mon chien, il est à moi et à personne d'autre. »

Alors oui, Chuuya lui avait déjà refilait une certaine maladie, mais ce n'était sûrement pas une angine ou un rhume, non c'était un sentiment bien plus fort que ça. C'était quelque chose de chaleureux et de vivant.

La vie de Dazai n'avait jamais eu autant de sens avant l'arrivée de Chuuya, mais ça, jamais il ne lui dira car il a peur. Peur de ces sentiments bizarres qu'il ne comprend pas, peur de devenir étrange aux yeux de Chuuya. Il n'a aucune envie de le perdre à cause de ce genre de conneries alors il préfère largement le taquiner et l'embêter pour garder la flamme qui soutien leur relation si « compliqué ».

L'amour est une belle maladie mais ce sentiment le rend si faible, jamais il n'aurait dû aimer cette sensation d'impuissance. Mais puisque c'est à cause de Chuuya, cela ne l'ennuie pas vraiment.

Chuuya commence à s'endormir sous les caresses de Dazai. C'est si agréable de sentir ses fines mains le bercé. Et pendant qu'il tombe dans un profond sommeil, Dazai dépose ses lèvres sur sa joue et l'embrasse lentement comme si le roux était la chose la plus précieuse dans ce monde. C'est plus fort que lui, il aime toujours montrer son affection lorsque ce dernier dort, le caressant, le câlinant toujours dans ses bras.

Alors que le brun allait partir pour le laisser tranquillement dormir, la main de Chuuya se resserra contre la sienne, les laissant liée comme des âmes sœurs.

Morsures ~Soukoku~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant