Morsures ~Soukoku~

Gage illégal : 18 ans

   Il est déjà arrivé à Dazai de perdre face à Chuuya lors d'un jeu vidéo à l'arcade, étonnant n'est-ce pas ? Cela c'était même passé la semaine dernière. Et puisque la coutume était de donner un gage au perdant, Dazai avait dû faire la cuisine et le ménage pendant toute une semaine, matin, midi et soir chez Chuuya.

   Malheureusement pour ce dernier, les résultats étaient catastrophiques. Non seulement la moitié des plats étaient pratiquement immangeable mais en plus lorsqu'il faisait la vaisselle, Dazai en foutait vraiment partout. Que cela soit du savon, de la mousse, de l'eau, ou bien des morceaux de porcelaine cassés en mille morceaux par terre, c'était un gros carnage. En plus, il quémandait sans cesse de l'aide. Décidemment, sans Chuuya à ses côtés, Dazai ne saurait pratiquement rien faire. C'est lui qui a le plus de force et qui le protège pendant les missions périlleuses. C'est lui qui l'aide, qui lui montre comment faire pour bien ranger et nettoyer ses bêtises. On dirait vraiment un enfant perdu dans la nature et cela désespère Chuuya.

   En tout cas, ce dernier aura bien profité de sa semaine de « tranquillité » parce qu'aujourd'hui, c'est à son tour d'être le perdant et comment dire...le gage que l'autre lui a réservé n'est pas très raisonnable.

   C'est vrai que Dazai adore lui faire faire des choses débiles, débile dans le sens où il devait toujours lui obéir comme un gentil petit toutou. Ça pouvait être n'importe quoi : mettre des habits dévergondés, boire 3 verres sans être bourré, aller chercher des croissants le lendemain matin, servir son partenaire pendant le reste de la journée. Il a même dû un jour accepter que Dazai lui mette du vernis. Il faisait vraiment tout pour le mettre dans l'embarras. En plus, cet enfoiré prenait toujours plaisir à le voir rouge de colère car d'après lui, ça le rendait « très mignon ». N'importe quoi...

   Actuellement, ils sont tous les deux dans la salle de bain et Chuuya prend conscience que son gage est complétement absurde. Dazai veut lui mettre du rouge à lèvre ? Qu'il aille se faire voir avec ses problèmes d'hormones.

  - J'ai pas envie ! Riposte Chuuya avec une voix nerveuse.

  - Si moi j'ai fait la vaisselle et la cuisine pendant toute une semaine, toi tu vas me laisser te maquiller.

  - Dazai, je suis pas une fille !

  - Maiiiiiiiiis Chuuuuuuuya, on s'en fiche, le rouge à lèvres va à tout le monde.

  - Idiot...

   Dazai commence à fouiller dans le tiroir, met la main sur le fameux rouge à lèvres et revient vers lui. Chuuya s'installe, s'assoit sur le rebord de la baignoire, l'air un peu énervé. Il ne sait pas ce que Dazai mijote, enfait sa façon d'agir est très contradictoire avec ses paroles. Il justifie ses actes à travers des gages mais n'est-ce pas autre chose ? N'est-ce pas étrange de demander des trucs aussi...insensées ? Lui mettre du rouge à lèvres, le forcer à s'habiller avec des robes de maid et des jupes ? Il insiste à vouloir le voir dans des allures complétement embarrassantes. Chuuya ne sait pas si c'est juste pour l'embêter ou bien s'il y a un intérêt caché derrière tout cela. Il ne comprend pas, trouve cela débile et pourtant, malgré tout, lorsqu'il cède et exécute ces gages, il ne riposte plus, se laisse faire, comme si c'était le fond de sa pensée qui prenait le dessus de sa raison, comme si finalement il aimait bien ce qui se passait, surtout lorsque des yeux noisette brulants et intenses le déshabillait du regard. Tous les deux se sont créé un petit jeu et maintenant ils s'amusent, se dirigent peut-être même vers un terrain dangereux. Qui sait ce qui pourrait bien se passer si cela continue ?

   Dazai s'empare du menton de son partenaire, relève sa tête et fixe ses lèvres qu'il vient toucher et caresser lentement avec son pouce, les entrouvre légèrement. Chuuya réagit, descend ses yeux remplis de colère vers ses lèvres, puis les remonte pour fusiller Dazai du regard en fronçant ses sourcils. Il n'a plus qu'une envie : le frapper, l'étrangler mais il se retient, du moins jusqu'à ce que Dazai lui dise ceci :