Morsures ~Soukoku~

Peur de te faire du mal : 18 ans

Les journées de Dazai sont fades, remplis de feuilles mortes qui s'envolent au vent de son indifférence. C'est le temps qui devient lourd et qui pèse lentement sur son cœur déjà noyé par l'encre noire de la mort. L'amertume, la rancoeur, le dégoût pour la vie. Tout se fane et tout devient néant. Dans sa ta tête, rien ne va, son désespoir accapare l'intégralité de ses pensées et l'incite à se donner la mort...résultat, les suicides s'accumulent, la souffrance perdure et Dazai en souffre. Il souhaite absolument la mort, veut partir loin du monde, loin de tous...

Et pourtant, autrefois, il avait voulu vivre, avait trouvé une raison de le faire...

C'était à cause d'une petite étoile. Dazai l'avait subitement trouvé sur son chemin, l'avait ramassé et l'avait emmené avec lui, voulant à tout prix la garder en sa possession. Sa lumière était si rayonnante que quelques couleurs étaient revenues à sa palette tachée d'encre noire. Le cœur de Dazai s'était remis à battre et cela fut brutal. Des émotions fortes...des sentiments ardents...une fièvre fatale qui avait rendu son esprit malade.

Le jour comme la nuit il ne pensait qu'à elle, voulait la voir, la toucher, la sentir, la capturer...pour qu'il ne puisse jamais la perdre...

Mais hélas, au fil du temps, Dazai s'est rendu compte que jamais il ne pourrait l'atteindre. Elle était si brillante, si fragile au final. Il commençait à avoir peur...peur de lui faire du tord...peur de lui faire du mal car il le savait. Tout ce qu'il touche ou tout ce qui se tient près de lui se perd, se casse et se brise. Entre ses mains c'est l'instabilité, la destruction...c'est toujours le mauvais côté qui ressort plus que le bon. Toujours la même chose, toujours la même pluie qui tombe et qui rouille son âme...c'est de l'encre noire...encore et encore...

« Je préfère m'éloigner de ce qui m'est cher...plutôt que de m'attacher et de les perdre...cela me fera moins souffrir...en revanche, cela me rendra extrêmement égoïste...»

En ce moment, Dazai est entre crise et folie. Chaque jour, il ingurgite des pilules pour réduire ses angoisses ainsi que sa nervosité, avale des anxiolytiques.

Normalement, cela part d'une bonne intention, mais cet idiot de suicidaire en prend bien plus que la dose nécessaire et s'il continue sur cette lancée, Dazai risquerait de faire une overdose, pourrait même en mourir, mais après tout c'est bien ce qu'il souhaite non ?

Son corps se lasse, devient aussi fragile qu'une pauvre petite poupée de chiffon.

Il ne sait pas trop où aller et le soir il s'effondre comme si aujourd'hui aller recommencer. Un cercle vicieux, un mal être incompréhensible...du moins jusqu'à ce que Chuuya tombe sur ces pilules dans sa salle de bain. Il était normalement censé chercher des bandages dans ses étagères pour soigner son stupide partenaire qui s'était pris une balle dans le mollet lors de leur mission d'aujourd'hui, mais à la place il a trouvé beaucoup de boîtes vide d'antidépresseurs et cela l'a vite inquiété.

Chuuya se dit que ce n'est pas encore le bon moment pour s'occuper de ça, alors il continue sa fouille, met enfin la main sur les rouleaux de bandage, sur l'alcool et sur le paquet de coton. Il revient ensuite dans la chambre de Dazai pour aller le soigner.

- Aïe !!!!!

- Ne fait pas ta douillette ! Gros malin, t'avais pas qu'à être devant moi, tu sais très bien que tu ne peux pas arrêter les balles contrairement à moi.

- T'as qu'à faire doucement !

- Estime toi heureux que je t'ai déjà enlevé la balle de ton mollet, sinon ta douleur serait deux fois pire.

Chuuya passe encore quelques coups de coton, nettoie la plaie, puis enroule le rouleau de bandages autour de sa blessure. Une fois qu'il a fini, Dazai descend le retroussement qu'il avait fait de son pantalon et se laisse retomber en arrière contre le matelas du lit.