OS 4- GN à Kandoria- Gloire à Liers Krechkev

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Gaspard alias le Guerrier Liers Krechkev

─ Gloire au guerrier Liers Krechkev ! Gloire au...

J'ai accepté un moment leurs acclamations, en faisant des signes de victoire avant de les stopper difficilement. Ce n'est pas tellement mérité, car les épreuves de la matinée étaient faciles, en tout cas pour moi qui suit un pompier entrainé et sportif. Si ça continue, ils vont me donner la grosse tête !

Nous sommes tous à fond dans nos rôles, ce monde nous happe.

Cela fait déjà quelques jours que nous sommes à Pandoria, un monde irréel de fantasy mythique : Un jeu grandeur nature. Cinq milles joueurs sont réunis dans les plaines de l'Anjou, pour trois semaines de ce mois de juillet maussade. Chacun joue un personnage ou assiste à tous les évènements comme PNJ- personnage non joueur. Les joueurs s'affrontent pour des points de vie et effectuent des missions, imaginées par les maitres du jeu. Quand autant de personnes jouent en même temps, c'est magique : on s'y croirait !

Un de mes collègues Sam, est un passionné, qui nous a convaincu de tenter l'aventure. Nous travaillons à la caserne de Brest-Kerallan.

Il n'arrêtait pas de nous en parler et je ne connaissais pas pour ma part.

─ C'est comme un jeu vidéo, mais dans le monde réel ! Nous ferons du camping sauvage et des fêtes monstrueuses, des vacances pas chères ! Il suffit de se créer un personnage le temps du jeu, a expliqué Sam.

─ C'est déguisé ! Pas intéressé ! a rouspété Paul.

─ Ce n'est pas déguisé, c'est réel ! Tu deviens ton personnage et une cohérence dans ton allure. Par exemple un troll en robe rose, ce sera compliqué...encore que ! poursuit Sam, soucieux de nous convaincre.

─ J'imagine bien Gaspard en tutu, s'esclaffe Thibault.

J'ai rigolé, me demandant pourquoi moi en tutu. Pour ma part, j'ai retenu surtout que ce serait du camping, de la nature, des vacances pas chères avec les potes et rigolades. J'adore les jeux vidéo, alors pourquoi pas un jeu IRL ?

─ À toi de décider ce que tu veux être : magicien, guerrier, nain, vampire, gentil ou méchant. La seule limite est ton imagination et tu as le droit à trois pouvoirs et trois faiblesses. Le but est de faire évoluer ton personnage en gagnant des points de vie, tout en t'amusant dans le camp. Ce seront tes choix, tes rencontres dans le jeu qui font que tu récupéreras des points de vie et deviendras puissant, insiste Sam, qui continue passionné ses explications :

Un personnage démarre le jeu avec cent points de vie. Il tente d'augmenter ce nombre et gagne aussi des compétences dans son domaine en suivant des cours et en faisant des quêtes.

─ Vacances pas chères ! J'ai répété convaincu.

Je suis en train de m'acheter un appartement de deux pièces, sur le port de Brest et je n'ai pas un sou à mettre dans les vacances, alors ça me tente bien.

***

C'est fabuleux et le dépaysement est garanti, comme si nous étions partis en voyage à l'étranger. C'est mieux, nous sommes sur une autre planète à une époque indéfinie. Sur plusieurs hectares, entourés de barrières de bois, des villages de bois, des tavernes, des campements de toiles. Partout des échoppes et une foule animée de personnages étranges. Il y a de tout, comme Sam l'avait évoqué : des magiciens, des elfes, des sorciers. La poussière vole et quand il pleut, ce qui est arrivé il y a deux jours, nous pataugeons dans la boue.

J'ai choisi un personnage de guerrier, Sam est un nain : il s'appelle Grunchie. Paul et Thibault sont des sorciers. Pour mes qualités, j'ai pris un peu au hasard et rien de transcendant. Les faiblesses, cela peut être la peur des serpents, ou des escargots. Sur les conseils de Sam, j'ai choisi des faiblesses difficiles à invoquer contre moi. Le fait de ne pas savoir nager, alors que nous jouons à la campagne. Le manque d'assurance, qui m'oblige à demander deux avis avant de prendre une décision, mais je ne suis pas obligé de les écouter et la bougeotte, qui va m'obliger à courir matin et soir.

Dans le monde de Pandoria comme dans la réalité, la conséquence d'une mauvaise décision risque d'être la mort. Dans ce cas, le joueur doit se créer un nouveau personnage et recommencer à zéro sa quête de points de vie. Au passage, il doit payer cent dix euros aux organisateurs du jeu, pour l'inscription dans les registres de la cité. Il y en a qui ne perdent pas le nord.

Avec Thibault et Paul, nous avons suivi Sam dans un camp rebelle :

Le campement des guerriers celtes.

S'y installer est gratuit, mais le confort est spartiate et les camps provisoires sont plus souvent attaqués que les villes. Derrière ce terme de campement, on trouve en réalité des tentes décathlon masquées par des grandes draperies. Les tentes non camouflées sont détruites. Nous sommes installés dans une prairie sans un arbre pour fournir de l'ombre, mais un peu en hauteur pour voir nos ennemis arriver. Nous avons déjà des butins de guerre, des jerricans d'eau et des provisions dont nous avons fait un rempart sur un côté.

Entre les peuples et les villes, il y a des guerres, des défis, des missions imaginées par les organisateurs. Ceux-ci, des passionnés de jeu, font évoluer l'histoire que nous vivons en temps réel, en fonction de nos actions communes. Ils s'occupent aussi de l'intendance.

En quelques missions, alors que je m'amusais, je suis devenu un des héros de Pandoria. J'ai acquis deux mille points, plus que Sam qui joue depuis plusieurs années, et accumulé des pouvoirs de guerriers et quelques pouvoirs de sorcellerie secrets. Tout ça car j'ai attaqué une ville imprenable, qui ne l'était pas tant que cela.

─ Guerrier Liers demain laisse-moi gagner quelques vies ! supplie Sam, après le banquet ou nous avons beaucoup bu.

─ P'tain Sam appelle moi Gaspard ! C'est ridicule de jouer tout le temps ! je grogne.

─ Liers ! Appelle-moi Grunchie le nain ! Je ne suis pas Sam ! râle mon copain complétement saoul.

─ Ok mon pote est à fond dans le jeu et les autres sont ivres morts avec des nanas dans les bras. Il n'y aura rien à en tirer.

Après les défis et les combats dans la journée, le soir se sont des banquets et des danses autour des feux de camp. Ça baise beaucoup aussi. Je ne reconnais plus mes copains, dans ces butors pillards et ivrognes qui troussent beaucoup de donzelles, ne demandant que cela. Enchanteresses, elfes guerrières, princesses, elles y passent toutes.

On dirait que le jeu floute les frontières du bien et du mal. Sam nous a prévenus, lorsqu'on sort du jeu, il faut plusieurs jours pour se reconnecter au monde moderne.

J'en profite pour m'éloigner et monter la garde, ça tombe bien les nuits nous devons protéger les totems de nos campements. Chaque habitant du camp qui vole un totem, gagne cents points et inversement les habitants dépouillés perdent cents points.

Nous sommes en guerre contre un campement d'elfe. Les guerriers ont voulu faire la fête ce soir. Pour ma part, j'aurais bien attaqué, pour battre le fer pendant qu'il est chaud, mais ils ont voulu se reposer.

Dans la vie quotidienne, j'ai l'excuse du travail. Les gars doivent s'en douter, ils n'en parlent jamais. Je suis gay et je fonctionne avec des coups d'un soir rencontrés sur les applications. Ici nous n'avons pas le droit au téléphone, mais de toute façon j'en ai assez des brèves rencontres.

***

Ce matin, un chevalier nous entraine au maniement de l'épée. Les épées sont en mousse de carbone, mais la mienne est lestée de pierre, pour la rendre plus lourde et donc plus douloureuse pour mes adversaires.

─ Zut ! Ayeheu ! Je me suis fait piquer par une guêpe, s'exclame Thibault, alias Mecholinar le sorcier.

─ Tu veux que je te pisse dessus ? propose Sam, ressortant les méthodes anciennes de guérison.

Thibault est déjà blême quand il s'assoit dans l'herbe. Un pompier allergique aux piqures de guêpes, ça nous a toujours amusés.

─ Où est ton traitement ?

Je suis prêt à lui faire son injection.

─ Je ...je l'ai oublié dans la voiture. Je n'ai pas été le chercher, pour ne pas subir de pénalité. On n'a pas le droit de franchir la frontière de l'autre monde.

Je suis consterné, ce zozo a préféré ne pas prendre son traitement, au risque de crever, plutôt que de perdre des points.

─ Je vais y aller ! je fais en prévenant le chef du campement, le nain Gimlin le rageux.


OS d'été - Des Boys love sous le soleil exactementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant