TW : sexe
Gaspard Dambreville
─ La mise-bas se présente mal ! Bordel de bordel ! Il faut repousser le veau avant d'en arriver à la césarienne ! La vache souffre trop !
─ Vous êtes sur docteur ?
Je gueule et jure comme un charretier. L'éleveur ne pipe pas un mot, il me fait à peine confiance puisque je suis le petit nouveau. Pourtant j'ai sauvé plusieurs de ses bêtes.
Marcel Hautefeuille est influent dans le coin et je joue ma carrière ce soir, alors que sa vache est en train d'agoniser. Si je rate cette opération, c'en sera fini de ma réputation. Il va me débiner auprès de tous les paysans du coin qui ne feront appel à moi qu'en dernier recours et je serais sans cesse remis en cause dans mes décisions.
Je sue sang et eau, je ne rigole pas. J'ai déjà connu des galères, mais celle-là les bats toutes ! Il est une heure du matin, mon bras est aspiré par son vagin, broyé par les contractions, pendant que je tente de repousser le veau qui déchire sa mère. Je patauge ou plutôt nage dans le purin et la boue de son écurie. Je n'arrive même pas à dégager mon bras qui commence à s'ankyloser.
─ La pauvre bête est folle de peur ! Regardez ces yeux, docteur !
─ Je sais bien Marcel ! Mais nous faisons cela pour la sauver ! Tenez la bien !
Je sors mon scalpel, car je viens enfin de réussir à retourner le bébé. Je sens sa tête que je tire et d'un coup de scalpel, j'élargie le passage pour accélérer le travail. Le veau apparait enfin, il va bien. Bon, cela en fait un sur deux de sauvé !
Je m'écroule dans la boue en ricanant, tandis que Marcel me regarde d'un air méfiant, surpris de me voir disjoncter. Mon métier, des fois, n'est pas beau à voir ! Je suis couvert de sang et de purin. Je dois maintenant recoudre la mère et vite, elle ne bouge plus.
Pendant ce temps, Marcel a nettoyé le petit veau, il est faible et tiens à peine sur ces jambes.
─ Nourrissez le au biberon, sa mère ne pourra pas s'en occuper avant plusieurs jours.
─ Vous allez la sauver docteur ?
─ Je fais tout pour ! Marcel. Ce serait malheureux de ne pas réussir avec tout le mal que j'ai eu.
─ Elle pourra avoir d'autres veaux ?
─ Oui, l'année prochaine ! Ne la mettez pas au taureau trop vite, sinon vous la perdrez !
─ D'accord toubib. Dites ça va pas trop couter ?
Je grimace en recousant. Ils ne sont jamais d'accord pour payer ! Pourtant j'ai passé trois heures dans la boue et le froid. J'aurai dû choisir chirurgien esthétique plutôt que véto.
J'ai obtenu un prêt d'état pour finir mes études et en échange je devrais donner trois années de mon travail à la sortie de l'école. Voilà pourquoi, je me retrouve dans l'Yonne, cette région sinistre, avec des champs et des forêts à perte de vue. Je suis employé par la communauté d'agglomération du grand Sénonais. C'est un désert médical et un désert tout court.
C'est l'endroit où il ne se passe rien ou il n'y a rien à faire, peuplé de brutes ignares et homophobes. J'avoue que ma dépression ne m'aide pas à accepter les choses, je suis là depuis cinq mois et j'étouffe. Je vais finir par compter les jours. Pour un gay c'est l'enfer ! Ma région, la Charente maritime et son animation me manque, l'océan me manque aussi !
Il pleut des cordes dehors, alors que nous sommes en juin et il doit faire dix degrés. Il parait que Charlemagne aimait cette région, ça me fait doucement rigoler.
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OS d'été - Des Boys love sous le soleil exactement
RomanceLe fil conducteur de mes histoires : un des héros à une coque de téléphone aux couleurs du drapeau LGBT. 1 Le Mont Ventoux : Où comment rencontrer son amoureux en faisant une ascension sportive en vélo. 2 Le camping : Une star du basket et son équi...