OS 1- Le Mont Ventoux - le kilomètre onze -3

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Personnages principaux :

Titouan Moreau, étudiant, 24 ans

Bruno Lanternier, architecte, 28 ans

***

Bruno

Le mec mignon à la coque gay est parti depuis une vingtaine de minutes. Nous nous ne sommes toujours pas parti, car Clovis a eu un problème de pédalier qu'il a fallu réparer. Nous réglons nos chronos et bavardons tous, il va être temps d'y aller.

Dans la montée, chacun roule à son rythme et on se retrouve en haut. Pour ma part je n'ai aucune patience quand je pédale et je n'attends jamais personne.

Je repère alors que nous avançons bien, celui qui a converti son petit ami au cyclisme, il monte seul. Normalement, j'aurais tracé, mais je suis curieux de sa chance incroyable, alors je roule quelques instants à côté de lui.

Il a du mal mais s'accroche. Il est bavard et en quelques minutes, m'explique qu'il s'appelle Charles a déjà tenté une fois l'ascension, sans réussir et il veut absolument réussir cette fois, quitte à faire des pauses. Je lui parle quelques instants pour l'encourager, nous passons ensemble la borne dix.

─ J'ai rendez-vous avec mon fils à onze heures, j'ai le temps ! souffle t'il.

J'ai les tripes qui s'entrechoquent, parce que je réalise qu'ils ne sont pas un couple, mais père et fils. Je le laisse, motivé à rattraper le fiston. Quelques virages plus haut, je repère ma cible en blanc.

Je me mets derrière lui, clairement aujourd'hui je ne vise pas un temps, mais un mec. Il souffle, alors je l'encourage, le faisant sursauter. Nous gravissons ensemble la pente, je lui prodigue des conseils, des compliments, qui ont l'air de l'aider et ensuite quand je lui redemande son prénom, il chuchote : Titouan. Je souris amusé parce que j'aime beaucoup.

Nous arrivons aux passages les plus durs : en vue du chalet. Il nous reste six longs kilomètres épouvantables avant l'arrivée, sachant que nous avons vingt bornes de montée dans les mollets.

Ma stratégie normalement c'est de les faire vite, mais je ne veux pas le lâcher. Je veux qu'il y arrive ou plutôt qu'on les grimpe ensemble.

Mes poumons me chauffent, mais je compte tout donner et je surpasse facilement la douleur. Titouan qui du mal, écoute mes conseils. Je l'admire de dos depuis tout à l'heure et c'est un régal. Je m'imagine que là-haut, il me tombera dans les bras, ce qui serait du grand n'importe quoi.

Je voudrais discuter avec lui, mais je sens qu'il n'en peut plus, alors je me contente de l'encourager.

Enfin nous passons le dernier virage atroce, et là, le miracle de voir que cela est possible lui donne des ailes. Il accélère même, comme quoi ! Quand on n'a plus de jus, on en a encore !

Il vise le panneau, qui indique la hauteur du Mont. Je repère au loin mes copains qui discutent, ils doivent se demander ce que je fabrique. Deux heures vingt, pas mal pour Titouan.

J'ai déjà fait la montée de nombreuses fois, donc je n'ai pas l'intention de me faire photographier. Titouan, s'est arrêté devant le panneau il s'apprête à décrocher son pédalier, et manque de tomber quand il me voit.

─ C'est vous qui m'avez encouragé ?

─ Oui cela aurait été dommage de flancher à mi-chemin. On peut se tutoyer ? Je m'appelle Bruno.

─ Merci Bruno, j'ai tenu le coup grâce à tes encouragements.

Son sourire m'achève. Les joues sont rouges, les yeux brillants, il est crevé mais craquant.

OS d'été - Des Boys love sous le soleil exactementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant