OS 2- Camping des Tournesols - scandale

318 19 37
                                    


« Le monde du Basket croule sous le scandale des caisses secrètes »

Le titre racoleur est illustré par une photo volée de moi, qui sort d'une boite de nuit : le show lapin. Une enseigne bien lisible sur le fronton de l'ancienne usine transformée en discothèque, indique qu'il s'agit d'un night-club pour gays, lesbiennes et tous les autres.

Comme je n'ai jamais fait mon coming-out, les journalistes sournois, se sont contentés d'une légende vacharde :

Pendant ce temps, le champion Jordan Keller s'amuse.

Je pourrais sans doute leur coller les associations LGBT au cul, sans jeux de mots. En plus ils abusent, ils m'ont pris vouté j'ai l'air drogué, alors que je suis clean et putain mes cheveux ! Je vais les tuer ! Les éclairages blafards ne mettent pas en valeur ma peau noire.

Avec ma grande taille de deux mètres, je suis obligé de faire super attention à me tenir droit, ils ont choppé une petite faiblesse passagère après une nuit agitée. Le pire, l'impardonnable c'est que ma crinière de cheveux épais crépus, est étrangement tordu, ce qui normal après m'être fait défoncer par plusieurs beaux gosses.

J'y tiens à l'étrange masse qui allonge ma silhouette remarquable. J'en ai eu des quolibets et des vacheries, du plumeau au clown et j'en passe.

Paulo Lardani, le directeur de l'équipe sportive, jette le journal sur la table, dépité. Sa chemise est auréolée de tâches sous les aisselles, des boutons ont sauté, dévoilant le gras de son bide. Ses rares cheveux, autour de son crâne chauve, sont hirsutes.

─ Bon sang Jordan comment ce genre de bêtise a pu sortir ? Surtout en ce moment ?

─ Je ne sais pas !

Je mens comme un arracheur de dent, car je le sais très bien. J'ai trainé dans une boite gay, alors que je suis connu. Normalement, plus prudent, je me contente de coups Grindr. C'est une faiblesse passagère, que je regrette déjà après m'être fait engueuler par mon agent, mes coéquipiers, par le directeur. Même l'assistante s'est retenue de me traiter de nase.

C'est injuste, après tout, est-ce ma faute si je n'ai jamais trouvé mon âme-sœur ?

Mon modèle à moi ce sont les amours à la Rimbaud et Verlaine, le coup de feu, la séparation et la folie en moins. Mes équipiers l'acceptent et ils ont compris depuis longtemps qu'il était inutile de me présenter les copines de leurs petites amies.

Au moins, étant orphelin, je n'ai pas de famille à qui rendre des comptes, ce qui s'avère pratique ! Bébé, j'ai été retrouvé abandonné dans une poubelle. Sympa mes parents ! D'ailleurs, pour éviter qu'une famille « miraculeuse » ne me tombe dessus maintenant que je suis célèbre et riche, j'ai caché cet aspect de mon histoire.

L'article, sur mon homosexualité, arrive au plus mauvais moment. Nous avons perdu plusieurs matchs, ce qui rend fou les supporters et il y a un scandale de caisse noire et de dépenses frauduleuses à la fédération. En plus, je n'ai pas envie de faire mon coming-out, merde, ça ne regarde que moi !

Je déplie ma carcasse pour m'assoir dans un fauteuil en face du directeur. Le siège grince car je suis un faux maigre. Au début mes coéquipiers ne voulaient pas de moi, m'appelant l'asperge chevelue. Finalement, nous nous sommes apprivoisés et pour moi ce sont des frères désormais. Ma peau fragile me tire, je passe une main sur ma mâchoire en feu. C'est con, mais je me suis rasé précipitamment pour venir.

Il soupire, je sais qu'il ne veut que le meilleur pour l'équipe. C'est des gars comme lui qui me réconcilie avec la vie, avec mon pays et ses contrôles au faciès. J'ai encore trop souvent des regards dégoutés quand j'arrive quelque part et je ne parle même pas des insultes gratuites.

OS d'été - Des Boys love sous le soleil exactementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant