À toutes nos promesses...

3ème souvenir

PDV Ayden

Il commençait à être tard pour des enfants de notre âge, environ 22h. Mes parents rentreraient sûrement tard et Cameron, mon frère, avait dû sortir lui aussi. J'étais donc tranquille pour le moment. De toute façon, je pouvais compter sur Gabe pour me prévenir du moindre mouvement chez moi grâce à nos talkies-walkies.

Je me détendis et attendis. J'étais vraiment stressé, c'était la première fois que j'avais donné rendez-vous à une fille.

Dans la bande, personne n'était au courant à part Gabe, il n'y avait qu'à lui que je disais tout car les filles s'entendaient très bien avec les autres filles de la classe et je ne voulais pas risquer qu'elles répètent mon secret sans le vouloir.

J'attendais donc Tess, ma voisine en cours de maths. J'étais parvenu à lui glisser un petit mot pendant le cours. En le prenant, je l'avais vu rougir alors je m'étais dit que c'était déjà gagné, seulement, les minutes passaient et elle n'était toujours pas là.

Je lui avais donné rendez-vous dans le parc du village, près de chez moi. A cette époque, je n'avais que 13 ans, je n'avais pas de portable et donc, aucun moyen de la joindre.

J'avais attendu longtemps, trop longtemps. Je savais qu'elle ne viendrait plus. En revanche, je ne savais pas si c'était parce qu'elle ne n'avait pas pu ou parce qu'elle ne l'avait pas voulu...

Je ne voulais pas rentrer, car j'aurais été obligé d'affronter Gabe et de lui parler de cet échec. Je me disais que j'allais attendre qu'il s'endorme.

Alors que je marchais lentement vers chez moi en broyant du noir, quelqu'un m'interpella.

-Ayden ?

Je me retournai en sursautant, c'était Allie.

-Toi aussi tu vas voir le feu d'artifice ? Me demanda-t-elle.

Je ne me souvenais même plus qu'il y en avait un mais à ce moment là, je lui fis croire le contraire. Je ne voulais pas lui dire que j'avais rendez-vous avec Tess, ni que je rentrais parce qu'elle n'était pas venue et puis, je me disais que ça me consolerait sûrement.

-Oui. Avais-je répondu.

-Tu sais que c'est de l'autre côté ?

-Oui...Oui mais euh...Je...J'allais chercher Gabe en fait. Mentis-je.

-Oh bonne idée, je viens avec toi !

La boule au ventre, j'avais frappé chez Gabe. Lorsque celui-ci avait ouvert, qu'il avait vu Allie et entendu ma proposition pour le feu d'artifice, il comprit ce qui s'était passé.

Il était entré dans mon jeu comme je savais qu'il le ferait.

Il n'était pas venu avec nous, malgré l'insistance d'Allie. Et avant de refermer la porte, il nous avait lancé un regard étrange.

Il ne m'avait jamais reparlé de Tess car il savait que ma fierté s'en était prise un coup. Il me connaissait par cœur, seulement il n'avait pas voulu m'expliquer tout de suite pourquoi il n'était pas venu avec nous.

Ce soir là, j'aurais dû être triste, pourtant, en rentrant chez moi, je ne me souvenais même plus de l'existence de Tess. Quelque chose s'était passé.

Le fait de me retrouver seul avec Allie m'avait perturbé. Pourtant c'était loin d'être la première fois. Mais à ce moment là, c'était différent.

Avec elle, ma peine avait disparu. On avait beaucoup ri et lorsque j'étais rentré, je m'étais même demandé pourquoi est-ce que je m'étais autant intéressé à Tess, après tout, je ne partageais rien avec elle et je ne riais pas comme ça avec elle non plus.

Lorsque nous nous étions revus en maths, elle s'était confondue en excuses prétextant avoir été malade. Je n'ai jamais su si c'était vrai, car des rumeurs courraient sur elle. Une de ses amies disait qu'elle n'avait pas eu le courage de refuser, une autre m'a avoué que son père n'aurait jamais accepté qu'elle sorte aussi tard...Au final, je n'ai jamais su ce qui était vrai et, à vrai dire, je m'en fichais.

Ça n'avait plus d'importance.

Grâce à Allie j'étais passé à autre chose. Pourtant une chose trottait encore dans mon esprit : la réaction de Gabe lorsqu'il nous avait vu devant chez lui. J'avais eu beau le questionner, il niait avoir agit bizarrement, alors que je le voyais sourire brièvement lorsque je lui en parlais.

Il ne me l'a expliqué que quelques années plus tard et il avait bien fait.

Son pressentiment était juste, mais à ce moment là, je n'étais pas prêt à l'entendre.