À toutes nos promesses...

6ème souvenir

-Ah t'es là. Dit Gabe en s'approchant du banc où j'étais assise.

Ça faisait 2 semaines qu'Ayden était parti et c'était après notre première soirée sans lui. Il me manquait terriblement et j'avais du mal à ne pas pleurer en repensant à lui. J'étais venue m'asseoir au parc pour me vider la tête mais ça ne fonctionnait pas : il prenait toute la place.

Quand je regardais autour de moi, je le voyais partout, car ce parc était rempli de souvenirs. Nous y allions depuis petits, et il renfermait toutes nos discussions, toutes nos rigolades, tous nos souvenirs et...toutes nos promesses.

Venir ici sans lui n'avait pas été facile car ça rendait son absence réel. Reviendrions-nous ici un jour ensemble comme autrefois ?

-Je peux m'asseoir ? Demanda-t-il.

-Bien sûr.

Il s'installa et poussa un soupir.

-Je ne te demande pas si ça va...Commença-t-il.

-Il me manque trop Gabe, je ne sais pas si j'arriverais à supporter son absence...Dis-je en sanglotant.

-Je sais...Moi aussi je me dis ça. Je crois qu'on se comprend toi et moi parce qu'on était les plus proches de lui...

-On était tous proches de lui.

-Non ce n'est pas ce que je voulais dire...Nous deux, nous avons une relation particulière avec lui. Toi en tant que petite amie et moi...en tant que frère.

Je le dévisageai.

J'ai toujours su que les garçons étaient proches et Gabe confirmait ça aujourd'hui. C'était exactement le mot qu'il fallait pour qualifier leur relation. Ils étaient des frères.

-C'est vrai...Dis-je en posant ma tête sur son épaule.

Il y eut un silence puis, il se mit à pouffer, ce qui me surpris.

-Quoi ? Le questionnai-je en relevant la tête.

-Nan je repensais à un truc...

-Vas-y raconte !

-Tu te souviens d'un soir, il y a longtemps, on devait être genre en 5ème, t'étais allée voir un feu d'artifice avec Ayden ?

-Ouais ?

-Eh bah, à la base il était pas censé y aller tu sais.

-Ah bon ?

-Ouais, en fait, il avait donné rendez-vous à une fille...

-Heeeiiiiinnnn ? Mais qui ?

-Tess.

-Tess ?

-Tu sais, celle qui était à côté de lui en maths.

-Ah mais oui je m'en souviens ! Mais attend il en avait jamais parlé !

-A vous non.

-Mais pourquoi ??

-Parce que, vous l'auriez embêté avec ça et il voulait pas que ça se sache !

-A t'entendre on dirait qu'on était des tyrans !

-Parce que c'était le cas ! Me taquina-t-il.

Je lui donnai un coup dans le bras. Il continua :

-Non mais tu le connais, il avait dû mal à parler de ses sentiments. Il n'en parlait qu'à moi.

-Tu crois que c'était des vrais sentiments ?

-Non je pense pas, c'était une amourette d'enfant.

-Hum.

-Bref, ce soir là, Tess n'est pas venue et, quand tu l'as croisé, il rentrait chez lui.

-Donc il m'a fait croire qu'il y allait juste pour ne pas me parler du rendez-vous ?

-Exact.

-J'y crois pas ! Dis-je en riant.

J'aurais pu lui en vouloir de n'avoir rien dit mais, je trouvais le fait qu'il soit pudique sur ses sentiments adorable.

-On avait l'impression qu'il n'était jamais intéressé par personne mais en fait, il cachait bien son jeu le petit ! M'exclamai-je.

-Tu es la mieux placée pour le savoir. Me dit-il avec un regard sous-entendu.

-Ha ha c'est vrai ! Mais du coup, c'est pour ça que tu n'étais pas venu avec nous voir le feu d'artifice ? T'étais pas au courant !

-Non ce n'était pas pour ça...Quand il m'a demandé si je voulais venir, j'ai compris que son rendez-vous était tombé à l'eau et qu'il ne voulait pas que tu le saches. J'aurais pu venir avec vous, mais je sentais que je devais vous laisser y aller tous les deux.

Je le regardai sans comprendre. Il reprit :

-Quand je vous ai vous côte à côte, c'est comme si j'avais eu un genre de flash. A ce moment-là, j'ai eu la sensation que vous finiriez ensemble...Je ne l'ai pas dit tout de suite à Ayden parce qu'après tout, c'était juste une impression. Mais quand il m'a dit que vous sortiez ensemble je lui ai raconté. Je n'étais pas étonné, pour moi c'était une évidence.

Je restai une minute à réfléchir.

-Combien d'autres filles Ayden a aimé sans nous en parler ?

-Aucune. Il n'y a eu que cette histoire avec Tess, si on peut appeler ça une histoire...Ils ne se connaissaient pas très bien mais pour une fois qu'Ayden arrivait à parler à d'autres filles que vous, il a dû se sentir pousser des ailes.

Je souris.

-Bon...Ça va alors...

-Tu sais ce que tu vas faire ? Me demanda-t-il.

-A propos de quoi ?

-Bah d'Ayden ! Tu vas l'attendre ?

-Je pense oui...On se l'est promis et je ne me vois pas tourner la page en fait...Je ne crois pas que je pourrais l'oublier alors...Oui je vais l'attendre.

-Hum...Je pense que lui aussi t'attendra.

-J'ai peur qu'on ne se revoit jamais ou que lui passe à autre chose enfin tu vois...Que le temps soit trop long...

-Il ne passera pas à autre chose crois-moi.

-Je l'espère. Le seul problème c'est que...

-Quoi ?

-J'aurais voulu avoir un moyen de lui parler mais je n'ai rien...Aucun moyen de lui parler ni de le voir...Le fait qu'il soit si loin, me fait peur.

A l'époque, envoyer une lettre dans une autre province du Canada coûtait très chère, d'autant plus si celle-ci était très éloignée. C'est pour ça que je savais pertinemment qu'il ne m'en enverrait pas. Et pour les appels c'était pire...Je ne pouvais pas non plus espérer le voir là-bas un jour. Vancouver était trop loin de Montréal pour que mes parents acceptent d'y faire un petit séjour.

-Si vous réussissez à vous retrouver un jour sans être passé à autre chose malgré le fait que vous ne vous êtes pas parlé durant tout le temps de votre absence...Chapeau ! S'exclama Gabe.

-Tu n'y crois pas ?

-J'y crois parce que c'est vous, si ça avait été un autre couple, je n'y croirais pas une seule seconde !

Je ris. Ça m'avait fait du bien de me confier à lui.

Ça ne faisait que 2 semaines et c'était déjà difficile. Ça n'est pas allé en s'arrangeant et même si, au bout d'un moment, mes amis commençaient à se faire une raison moi, j'espérais toujours. 

Même si mes proches et en particulier ma mère, en voyant mon état, avait essayé de me convaincre de passer à autre chose, je ne pouvais pas.

Je n'avais pas oublié les promesses qu'on s'était fait, elles m'aideraient à tenir.