14 JUIN 2014
J'ouvre un œil et je sursaute en voyant le visage de Manël au-dessus du mien. Elle se met à rire en roulant sur son matelas et je l'insulte.
- Tu fous quoi?
Il lui faut un moment pour arrêter de rire pendant que je la fixe, les bras croisés. Ce n'est pas si drôle que ça...
- Je t'observais dormir. Tu sais que t'es vraiment belle dans ton sommeil?
Cette bouffonne finit par m'arracher un sourire.
- Raconte pas n'importe quoi, je suis tout le temps belle.
Elle sourit de toutes ses dents et elle hausse les épaules.
- On va déjeuner? J'ai la dalle.
- T'aurais pu y aller seule.
- Je t'attendais.
Elle baisse les yeux sur ses doigts et je la pousse pour la taquiner.
- T'es toujours gênée vis-à-vis de mes parents?
Elle fait une grimace et soupire bruyamment.
- Je sais pas, vous êtes trop gentils avec moi... Ça me gêne.
Je l'attrape par les épaules et je la force à me regarder.
- Manël, t'es chez toi ici. Toi et moi on est pratiquement la même personne donc sois pas gênée pour un truc aussi banal que ça. Je te donnerais mon rein si t'en avais besoin.
Elle fait une moue triste, comme si elle allait se mettre à pleurer, puis elle se reprend et elle me pousse en se levant.
- Arrête de faire la loveuse là. Tu vas me gêner!
Je ris et je m'habille convenablement avant de sortir de ma chambre. On va se laver le visage et les dents puis on va dire bonjour à ma famille dans le salon. Mes parents boivent du café en discutant pendant que Zara regarde la télé. Youssef est sûrement encore en train de dormir.
Manël et moi allons dans la cuisine pour préparer notre déjeuner et elle me regarde avec un air mystérieux.
- Youssef est pas encore là... dit-elle pendant que je fais nos cafés.
Je fronce les sourcils.
- Comment ça?
Elle souffle du nez.
- Il est sorti vers 4h30 et ses chaussures sont pas encore là.
- Comment tu sais qu'il est sorti? demandai-je confuse.
- On discutait dans la cuisine comme à peu près chaque nuit parce que j'arrive pas à dormir et il a reçu un appel, il est parti en vitesse.
Je réfléchis puis je hausse les épaules.
- Tu sais, je m'inquièterais pas trop à ta place. Il fait souvent ça Youssef, il part pendant un moment et il revient comme si de rien était. Personne ne lui demande jamais où il était et ce qu'il faisait.
La palestinienne me regarde drôlement et puis elle hausse les sourcils avant de détourner le regard. Je vois que ça la tracasse mais ça la tuerait de l'avouer.
*
* *
Manël rentre du travail, suivie de mon frère. Ma meilleure amie a le sourire jusqu'aux oreilles mais Youssef a le visage fermé. Il pose dramatiquement ses clés sur la commode du salon et il part s'enfermer dans sa chambre.
- Y a eu quoi? demandai-je à Manël.
Elle s'assoit à côté de moi et elle me tape sur la cuisse.
