17 AVRIL 2015
Je me gratte le nez et je tente de me rendormir mais il recommence à me chatouiller d'aussi tôt. J'éternue brusquement et j'ouvre les yeux quand un rire vient remplir la pièce. Mon brun dépose un baiser sur mon nez et je souris faiblement avant de poser ma tête sur son torse nu. J'y dessine des symboles avec mes doigts et il frissonne au contact de ces derniers sur sa peau.
— Oh debout là-dedans! J'ai fait des crêpes pour le petit-déj! hurle la voix de Nabil depuis le couloir.
J'échange un regard avec Tarik et on se comprend: il est bien trop tôt pour déjeuner.
— Dégage, c'est 7h du matin Nabil! criais-je en retour.
— Laisse tomber, il va finir par abandonner, me chuchote Tarik.Il caresse la peau de mon dos sous mon t-shirt, je ne vais pas tarder à me rendormir grâce à ses papouilles.
— Tarik? demandais-je à moitié endormie.
— Ouais? dit-il d'une voix hésitante.
— Il s'est passé quoi le soir où on s'est rencontrés?Il arrête brusquement de caresser mon dos et il s'éloigne physiquement de moi.
— J't'ai déjà dit de pas me parler de ce soir-là.
— J'ai le droit de savoir, non?
— Y a des choses qu'il vaut mieux ignorer, quand c'est dans notre intérêt.Cette fois ça me parait vraiment bizarre qu'il réagisse de cette manière, on est ensemble depuis plusieurs mois — même si on n'a jamais officialisé — alors je supposais qu'on se faisait suffisamment confiance pour pouvoir en parler. Je commence à me demander si Youssef n'avait pas raison.
— Venez sinon je rentre dans la chambre! hurle à nouveau Nabil.
— Rentre si tu veux être traumatisé! répond son frère.On entend l'autre idiot rire derrière la porte et je décide de le rejoindre, son aîné m'a énervée. J'enfile un training et je sors, laissant Tarik seul dans sa chambre.
Nabil se tient debout au milieu du couloir et il me tend son poing quand il me voit sortir donc je cogne dedans. Je lui fais un clin d'œil et je vais dans la salle de bains pour me laver les dents et le visage avant de déjeuner.
Quand j'arrive dans la cuisine, l'odeur des crêpes y est présente et je souris automatiquement. Nabil vient me faire un câlin et il dépose un baiser innocent sur mon crâne. Parfois je me dis que j'ai choisi le mauvais frère et que j'aurais mieux fait de sortir avec lui...
— Ça va grosse tête? me demande-t-il en souriant. T'as pas l'air dans ton assiette.
— J'ai la dalle. Ça ira mieux après quelques crêpes, mentis-je.On rigole et on s'assoit à table pour manger.
— Il va venir mon reuf?
— J'pense pas, je crois qu'il s'est rendormi.Il hoche la tête et il me propose une tasse de café que j'accepte. On déjeune en discutant, Nabil est quelqu'un de très compréhensif et bienveillant alors ça me fait du bien de discuter avec lui.
— Tu pars toujours à Milan?
— Ouais, je pense partir d'ici l'été.
— Putain, j'y crois pas. Ça va faire bizarre de plus te voir, dit-il tristement.
— On s'reverra, t'inquiète pas.Il ne répond pas et se contente de m'offrir un petit sourire.
— Ça va avec Tarik?
— J'sais pas vraiment... Ça va entre nous mais parfois j'me dis qu'on fonce dans un mur tous les deux.
— Par rapport à ton départ?
— Ouais.
— Je sais pas quoi te dire Emna, je pense qu'il réalise pas que tu vas partir donc il dit rien mais il espère secrètement que t'y renonces.
— C'est ce qu'il t'a dit?
— Non, il parle pas beaucoup ces derniers temps. Il est désagréable et pas très bavard.Je souffle et bois une gorgée de café. Je me demande s'il a raison, si Tarik espère vraiment que je reste. C'est pourtant lui qui me disait de croire en mes rêves et c'est lui qui ne voulait pas qu'on se mette ensemble.
— Y a une nouvelle au quartier, dit-il pour changer de sujet.
— Qui ça?
— Elle s'appelle Meryem, elle doit avoir ton âge. C'est son reuf qui nous a parlé d'elle, elle connaît personne ici. T'aurais pu lui parler, ça a l'air d'être une fille bien.
— Tu me cherches des amies? demandai-je en riant.
— Mais non wesh, j'ai juste pensé à toi parce que tu traines qu'avec des gars. Ça te ferait du bien un peu de compagnie féminine et parle-moi pas de Manël s'te plaît, on l'a pas vue depuis des mois c'te meuf.
— Ok, je vais donner une chance à cette Meryem. Présente-la moi.