Chapitre 11

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Mes joues s'empourprent à la vue de son message. Vite, il me faut une excuse plausible à donner à Mircea pour justifier mon départ.

- Ehm, Mircea ?

- Oui ?

- J'ai reçu un message de, ehm, Alex et il veut qu'on s'appelle là. Je vais sortir cinq minutes.

- Ok, mais tu me racontes tout en détail après hein !

- Oui, oui ok.

Il va falloir que je réfléchisse à quoi lui dire en rentrant. En général, je suis plutôt bonne menteuse, mais quand c'est au sujet de Ryelk, je préfère éviter de dire quelque chose. Ça n'est pas juste un petit mensonge, sa carrière et mon honneur sont en jeu.

J'enfile mon manteau chauffant en vitesse. La rue est vide, le sol est coloré d'une lumière orangée créée par les vieux lampadaires et la neige accentue l'effet mystique de cette illumination. De l'autre côté de la rue, j'aperçois Ryelk aux abords d'une allée. Il m'a vu et se retourne pour s'enfoncer dans cette ruelle sombre, m'invitant à le suivre. Avant ma première transformation, j'aurais été terrifiée à l'idée de suivre quelqu'un dans une ruelle qui ressemble surtout à un coupe-gorge, même si j'ai confiance en ce quelqu'un. Ryelk s'arrête au milieu, nous sommes complètement seuls, personne ne peut voir ce qu'il se passe. Avec le jeu de lumière des lampadaires au loin et de la lune ronde, Ryelk apparaît encore plus impressionnant que d'habitude, ses épaules carrées font presque toute la largeur de la ruelle. Ses yeux ont changé de couleur, ils ont cette même teinte dorée que lorsqu'il est loup. J'arrive vers lui lentement, la façon dont il me fixe est déstabilisante, je ne m'habitue pas à l'intensité de son regard quand il est empli de désir. Nos yeux sont à la même hauteur, mon cerveau est incapable de réfléchir correctement, et sans un mot, j'attrape le visage de Ryelk et pose mes lèvres sur les siennes. Il répond avidement à mon baiser et me plaque contre le mur dans un demi-grognement comme si cela faisait une éternité qu'on ne s'était pas retrouvé. Je sais que ce que nous faisons est interdit, mais mon corps a pris le dessus sur mon esprit. Je n'ai plus besoin de boire ni de manger, j'ai juste besoin de son contact sur ma peau et de ses caresses ardentes. Il s'éloigne, son souffle chaud encore dangereusement proche de mes lèvres.

- Il faut qu'on parle de ça, dit-il entre deux respirations saccadées.

- Oui...

Mes yeux remontent doucement, de ses lèvres brûlantes à ses yeux pénétrants.

- C'est dangereux, dit-il en s'adossant au mur en face.

- Je sais, vous risquez la prison.

- Mmh, mais je ne peux pas m'empêcher de vous désirer. J'essaye de m'éloigner, mais je n'y arrive pas. Dites-moi que c'est fini et qu'il ne faut plus se revoir.

Sa dernière phrase ressemble plus à une imploration, un espoir que je ne partage pas les mêmes sentiments pour qu'il puisse essayer d'oublier nos rencontres nocturnes. Il baisse la tête et met les mains dans ses poches.

- Je ne peux pas... Tant que vous êtes près de moi, je ne pourrais pas. Je ne peux pas vous promettre de ne plus vous regarder, de ne plus vouloir vous voir, de ne plus avoir envie de vous.

- Si jamais on nous attrape ?

- On niera tout, on n'aura qu'à dire que je suis métamorphe et que je suis venue chercher vos conseils, on dira que c'est moi qui me suis jetée à votre cou.

- Vous risqueriez d'être renvoyée.

- Il vaut mieux ça plutôt que vous atterrissez dans une prison pour un baiser volé.

MétamorphesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant