Chapitre 22

423 16 7
                                    


- Je mets une cravate ?

- C'est pas un entretien d'embauche.

- Non, mais c'est tout comme. Tu es sûre que ça va aller ?

- Elles ne vont pas te sauter à la gorge, mais je ne peux pas te garantir qu'elles vont être très contentes non plus.

Ryelk réajuste sa chemise blanche, ses petits poils ressortent discrètement et cela me donne envie de lui enlever sa chemise sur le champ.

- Tu me dévoreras plus tard, on va être en retard si on ne part pas maintenant, dit-il avec un sourire en coin.

- Habillé comme ça, tu n'y échapperas pas, dis-je en faisant un clin d'œil.

Nous allons chez mamans, bien qu'elles l'aient déjà rencontré, c'est la première fois que je le présente officiellement comme mon petit ami. Nous avons un peu de route avant d'arriver. Elles ne se doutent de rien. Je suis un peu anxieuse de présenter la personne qui était mon professeur et qui est maintenant la personne avec qui je vis. C'est une situation assez atypique, notre relation est maintenant légale, mais elles vont savoir que nous avons été dans l'illégalité à un moment donné. J'ai préparé le terrain, elles savent qu'elles vont rencontrer quelqu'un d'important pour moi.

La maison de mon enfance apparaît au coin de la rue, une bicoque pas bien grande, mais qui respire la sérénité et la douceur. Ryelk gare la voiture devant la porte du garage bleue.

- Tout va bien se passer, dis-je à Ryelk avec l'espoir que ça ne soit pas un mensonge.

Il sort la liqueur d'herbes et d'orange amère du coffre, un petit cadeau pour adoucir les esprits. La sonnerie de la porte joue les mêmes percussions que mon cœur.

- Ah Iskis, ça a été la route ? Dit MaO.

- Oui, oui.

Ryelk apparaît dans l'embrasure de la porte.

- Bonjour Mme Volkodlak.

- Mr Banerkin! Que faites-vous ici ? Dit-elle avec de grands yeux ronds.

- Il est venu avec moi, maman. On peut entrer ?

- Oui, entrez. Chérie, ta fille est là, crie MaO à MaJo. Avec... son professeur d'université.

MaJo arrive par la porte de la véranda, un tablier de jardinière et une truelle verte à la main.

- Pile à l'heure ! Bonjour, Mr Banerkin, que nous vaut l'honneur ?

- Je vous ai dit que je vous présenterais quelqu'un d'important. Et bien voilà, en fait vous le connaissez.

- Attendez, j'ai peur de comprendre, vous deux ? dit-elle en brandissant sa truelle.

- Oui.

Ma main prend celle de Ryelk, je plante mes yeux dans les siens comme pour affirmer ma situation, comme pour lui faire comprendre que c'est comme ça et qu'elle n'y peut rien.

- Oh, bien, mettez-vous à l'aise, je vais me rafraîchir.

Elles ne sautent pas de joie, mais cela aurait pu être bien pire. Quand MaJo ne dit rien, c'est qu'elle ne désapprouve pas complètement, sinon elle m'aurait envoyé le fond de sa pensée sans aucun filtre.

Le dîner se passe sous une ambiance cordiale, voire même chaleureuse, ce qui est bien plus que ce que j'espérais.

- Donc, si je comprends bien, vous vous fréquentez depuis le début ? dit MaO.

MétamorphesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant