Chapitre 21

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La sonnerie retentit trois fois avant que MaO ne réponde. Mon cœur tambourine dans ma poitrine, je vais leur annoncer ce qu'elles ont tant redouté.

- Allô ma chérie, comment vas-tu mon poussin ?

- Est-ce que MaJo est là aussi ?

- Oui, attends je l'appelle.

- Je suis là, dit Majo. Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Pourquoi tu t'inquiètes tout de suite, mon amour, notre fille a le droit de nous appeler à l'improviste.

- Maman a raison, dis-je à MaO. Il y a quelque chose.

Je mets un temps à rassembler mes forces pour leur raconter, le silence qui s'installe est lourd. Je sens qu'elles retiennent leurs souffles s'attendant au pire.

- Quelqu'un a écouté à la porte pendant une de nos réunions du vendredi soir, il y a trois semaines.

- Toute l'université est au courant, dit Majo d'un ton glacial.

- Oui.

- Pourquoi tu as mis autant de temps à nous le dire ? demande MaO.

- Je voulais attendre de voir si la rumeur allait se dissiper. Je pensais qu'ils se lasseraient vite.

- Ils t'ont fait quelque chose ? Ils t'ont fait du mal ? dit-elle affolée.

- Évidemment que ces idiots ont fait quelque chose, sinon Iskis ne nous appellerait pas, elle aurait trop peur qu'on la ramène ici, dit MaJo. Et à juste titre, il est hors de question que tu restes un jour de plus dans cette université, dit-elle en s'adressant à moi.

- Tu en as parlé à la directrice Mme Raskova?

- Bien sûr, je voudrais rester ici. Mr Banerkin essaye de me soutenir, mais je ne veux pas qu'il s'implique trop, sinon ils sauront pour lui aussi.

- Ils t'ont fait quoi au juste ? demande MaJo.

- Les coups classiques, dis-je en souriant pour tenter de détendre l'atmosphère. Des insultes par-ci par-là, quelques bousculades.

J'omets volontairement de parler de l'incendie. Cela pourrait déclencher des soupçons vis-à-vis de ma relation à Ryelk et je n'ai pas besoin de cela maintenant.

- Bon, tu le savais qu'en nous en parlant, cela signifie que tu rentres à la maison ? On va arranger ton retour et tu n'auras plus à craindre ces cons qui ne sont pas capables d'accepter la différence, décrète MaJo.

- Je ne veux pas rentrer à la maison.

- Si tu ne restes pas à l'université et que tu ne reviens pas ici, tu veux faire quoi ? Dit MaO.

- J'ai pensé aller à Goanagi, j'y travaillerai jusqu'à la rentrée prochaine. Mme Raskova m'a promis une place, je pourrais reprendre mes études.

- Travailler dans quoi ? Demande MaJo méfiante.

- Je ne sais pas encore, je dois y réfléchir.

- Réfléchis-y vite, parce que la semaine prochaine, tu ne seras plus en Libusie.

Je raccroche le cœur serré. J'étais venue ici avec tant de hâte, c'était un nouveau départ, une nouvelle aventure exaltante. L'opportunité de rencontrer de nouvelles têtes et d'apprendre une multitude de nouvelles connaissances sur les créatures de notre monde, et puis, il y a Ryelk. Cela veut dire que dans une semaine, je ne le verrais plus. Son odeur de thym et de clous de girofle ne viendra plus me chatouiller les narines, je ne sentirais plus sa peau douce et poilue sous mes doigts. Je n'entendrai plus le son de sa voix grave et abrasive lors de nos conversations nocturnes après une nuit à courir entre les sapins.

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