Métamorphes

Chapitre 19

Après ces deux jours parfaits, nous revenons à la vie universitaire comme si rien n'avait changé. Nous échangeons à peine un regard pendant les cours de connexité, plus nous sommes discrets et plus nous pouvons espérer garder notre secret le plus longtemps possible. Mais, maintenant, je sais que nous ressentons la même chose, lui et moi. Il n'y a aucune certitude sur l'avenir, tout peut changer demain, mais aujourd'hui j'aime passer du temps avec lui. Nous sommes retournés à nos petites routines à une exception près, nous faisons nos escapades nocturnes ensemble. Ce n'est pas que je contrôle mieux mes pulsions animales, parce que cela est impossible me dit Ryelk, mais j'accepte plus sa présence sans crainte. Si nous faisons suffisamment attention, nous allons pouvoir rester des amoureux clandestins jusqu'à la fin de mes études. Après cela, nous serons libres d'afficher nos sentiments au grand jour sans avoir la peur au ventre.

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Je rejoins Ryelk dans son bureau pour notre réunion hebdomadaire avec mes mères. La réunion est de plus en plus courte, les questions sont les mêmes maintenant. Elles se contentent de demander comment je vais et si quelqu'un a appris pour ma métamorphose. Et puis quand l'entretien est terminé, nous avons pris l'habitude de discuter plus longuement. Il m'explique certains concepts du cours ou on se raconte nos plans pour le week-end.

Soudain, la porte s'entrouvre légèrement. Ryelk bondit hors de sa chaise pour vérifier ce qu'il se passe, mais il n'y a personne à la porte ni dans l'escalier qui mène à son bureau. Ça n'était sûrement qu'un courant d'air, la porte a été mal fermée et le vent l'a poussée.

- J'ai failli faire une crise cardiaque, dis-je.

- Moi aussi, dit-il la main sur le cœur.

Techniquement, nous ne faisons rien de mal, c'est une simple réunion parent-prof, mais nous sommes toujours sur le qui-vive. Il prend ma main doucement, nos doigts s'entrelacent. Son visage s'approche du mien, je ne peux empêcher un frisson de parcourir mon échine quand ses lèvres touchent les miennes.

- Passe un bon week-end, dit-il.

Nous avons décidé de ne pas nous rencontrer le week-end, les autres étudiants sont tous dehors en soirée, certains s'aventurent en forêt même tard le soir. Le risque est plus grand, c'est mieux si on ne se voit pas, mais nous échangeons quelques messages.

Je passe les deux jours de repos à étudier. Je prends juste le temps d'envoyer un message à Mircea. La dernière fois qu'on s'est parlé, ça n'était pas en très bon terme. Peut-être que si je lui avais tout avoué dès le départ, notre amitié aurait été plus forte, mais comment être certaine que la sécurité de Ryelk n'aurait pas été remise en question ? En tout cas, c'est ma seule amie ici et j'espère qu'après une bonne discussion et avec le pouvoir d'une bière ou deux, nous pourrons retrouver notre amitié. Elle passe la plupart de son temps libre avec Forbann, mais nous allons réussir à trouver un moment la semaine prochaine pour se voir.

Lundi matin, je me réveille tranquillement, prête à affronter le premier cours de la semaine. Mircea ne m'a toujours pas répondu, ça va être plus compliqué que prévu de la convaincre. Un crissement se fait entendre près de ma porte, quelqu'un a glissé une feuille de papier sous la porte de ma chambre. Écrit en lettres capitales, au feutre noir, "AU ZOO LES SALES BÊTES" avec trois points d'exclamation. Incrédule, je tourne la feuille dans tous les sens à la recherche d'un indice sur l'origine de ce message, mais rien. La personne qui m'a balancé ce bout de papier est inconnue. J'ouvre la porte, le couloir est vide, pas l'ombre d'un piloupilou en vue. Qui peut bien m'envoyer ce message ? Je finis de me préparer, en chemin vers ma classe de sciences physiques de la magie, je sens le regard des gens qui me scrutent sans prendre la peine de se cacher. Quelques messes basses se font entendre, mais trop discrètement pour que je puisse comprendre un mot malgré mon ouïe plus fine.