Nos Années Volées - Tome ✯✯✯ © (La Découverte)

Chapitre Douze

Désolée pour l'attente. J'ai eu une panne d'inspiration et certains commentaires désobligeants m'ont un peu démotivée aussi. Enjoy !

Je me reprends. Péniblement, certes, mais je finis par y arriver. Ma respiration saccadée finit par retrouver un semblant de calme en l'espace de quelques minutes. Ma tête posée sur son torse, ses bras m'enlaçant, j'oublie la menace qui plane au-dessus de ma tête. Celle de ne jamais être acceptée, d'être toujours rejetée par mon propre sang. Je pensais pouvoir l'oublier le temps de ma tournée, loin de lui. J'ai même songé qu'elle avait disparu lorsque j'ai eu cette enveloppe entre les mains. L'espoir était si fort, que la chute est d'autant plus brutale.

Du répit, c'est la seule chose que je demandais. Mettre de côté cette rivalité qui, je le sais, a été attisée par ma décision. J'ai jeté de l'huile sur le feu en faisant ça, mais feu il y avait déjà. C'est lui qui l'a allumé. Une partie de moi est même certaine que la fumée était déjà là lors de notre première rencontre.

A-t-il, ne serait-ce qu'une seule minute, ressenti de la joie en me sachant vivante ? A-t-il éprouvé, lui aussi, l'enthousiasme et le soulagement des autres membres de la famille ?

Il y a des réponses que lui seul peut m'obtenir. Il y en a d'autres qui me concernent. Pourtant, je suis bien incapable de comprendre tout ce qui se passe dans mon esprit, dans mon cœur, dans ma tête. Par exemple : pourquoi la haine d'une seule personne arrive à éclipser l'amour que me portent quinze autres ? Pourquoi le ressenti qu'il a à mon égard a autant de poids sur moi ? Pourquoi le négatif l'emporte sur le positif? Car, si je fais le point sur ma vie, il y a plus de rayons de soleil que d'ombres au tableau.

Une seule personne, d'autant plus un presque inconnu, ne devrait pas avoir autant d'impact sur ma vie. Pas après que d'autres inconnus l'aient complètement volée.

Je ne sais pas comment, mais je vais devoir trouver une solution pour résoudre ce problème, pour créer un bouclier qui ne ferait rentrer que les bonnes choses. Ou, tout du moins, qui les laisseraient avoir plus de poids que les mauvaises.

– Je suis désolée, bredouillé-je.

Et après la tristesse, la colère, viennent la confusion et l'embarras. Le seul soulagement que j'ai, c'est de me rappeler que grand-mère n'est pas là pour voir cela et que j'ai donc évité, à court terme en tout cas, ces remarques insupportables sur nos places respectives, à Toby et moi.

– Vous n'avez pas à vous excuser, Votre Altesse, j'imagine bien que la situation doit être stressante pour vous.

– Ce n'est pas à cause de la situation, c'est... Oh non, tu t'es remis à me vouvoyer, fais-je d'un ton désespéré. Je pensais qu'on avait dit que...

Je relève la tête et pose mes yeux sur le visage de Toby. De manière presque imperceptible, je le vois hocher négativement la tête. La seconde d'après, je remarque que la porte des toilettes est toujours ouverte et je discerne l'ombre de quelqu'un devant se tenir juste à côté. Nous ne sommes pas seuls. J'espère que c'est la seule raison pour laquelle Toby a opté pour ce choix de langage à mon égard, bien que cela ne me surprendrait pas d'apprendre que grand-mère en personne ait pu lui rappeler ce qu'il est bon de faire ou non lorsqu'on est le garde du corps d'une princesse... selon elle.

Je sais que je suis surveillée, protégée, et que mes actes doivent sûrement être résumés au plus haut placé que moi. Mais tout de même, n'ai-je pas le droit à un peu d'intimité pendant que je pleure ? N'ai-je pas le droit d'avoir un ami et de pouvoir partager un moment compliqué avec ce dernier sans que l'un de nous ne doive restreindre ses gestes ou ses paroles ?