Le dîner s'est incroyablement bien passé. Aussi étonnant que cela puisse être, vu que je suis arrivée chez les Mackenzie il y a seulement quelques heures, je me sens comme chez moi. J'ai l'impression de les connaître depuis toujours, d'être venue manger chez eux un bon millier de fois. Je crois que c'est la familiarité du couple qui me rapproche de ce sentiment. Leurs enfants sont un peu plus discrets, mais ce n'est pas si grave car Lord et Lady Mackenzie sont suffisamment distrayants.
Il m'a été difficile de quitter la salle à manger, alors que le dessert avait déjà eu le temps d'être digéré. Mais je n'avais pas eu d'autres choix : grand-mère attendait et j'étais aussi impatiente de me mettre au lit. Bien que la journée se soit finie sur de douces et belles notes, j'avais besoin de la mettre derrière et de me focaliser sur celle de demain. Il fallait que je me repose, mes nerfs m'en seraient reconnaissants.
J'arrive à l'étage, plutôt soulagée à l'idée de me mettre dans une tenue plus confortable. À peine ai-je eu le temps d'ouvrir la porte de ma chambre que je suis interpellée. En me retournant, je reconnais Anya, mon assistante, un téléphone à la main.
— Laissez-moi deviner, il s'agit de la Reine Mère ?
— Non, mademoiselle, il s'agit de la Reine. Mais la Reine Mère a déjà appelé cinq fois ces trente dernières minutes.
— Je vois... Dites à ma mère que je vais l'appeler avec mon téléphone personnel.
— Et pour la Reine Mère ?
— Dites-lui que le dîner s'est éternisé et que je suis trop fatiguée, je vais dormir. Si ça peut vous réconforter, rien de tout ceci n'est un mensonge, je vais vraiment dormir après le coup de fil à ma mère.
— Très bien. Je vous souhaite une bonne nuit, Votre Altesse.
— Merci Anya, à vous également.
J'entre dans la chambre juste après, me débarrassant de mes chaussures à la première occasion. Je me permets de faire attendre maman quelques minutes, le temps de me glisser dans un pyjama et d'ôter toutes les épingles dans mes cheveux. J'attrape ensuite le téléphone et m'installe confortablement dans le lit. Lorsque je me sens prête — du moins aussi prête que je peux l'être — je compose le numéro.
Comme je m'y attendais, seules les premières tonalités se font entendre avant que la voix de maman ne prenne leur place.
— Bonjour, mon ange.
Sa voix est douce. Elle l'est toujours, mais il y a quelque chose de plus. Une sorte d'appréhension. Parce qu'elle sait. Tout le monde finira par le savoir. Phoebe et Drew ont dû le dire à Sutton, qui a ensuite informé la Reine, qui a elle-même transmis les événements du train à son mari, mon cher papa. Grand-mère est sûrement au courant à l'heure qui l'est, donc Philippe a dû se faire disputer et comme Lilianna n'est jamais très loin, il est évident qu'elle doit savoir elle aussi. Philippe ira se plaindre à Nathaniel, ses parents seront au courant et ainsi de suite.
— Je ne veux pas parler de ce qui s'est passé dans le train, dis-je d'entrée de jeu.
— Je comprends, me répond-elle au bout de quelques secondes de silence. Dis-moi, comment as-tu trouvé les Mackenzie ?
— Je les adore ! m'exclamé-je avec joie. Ils ont tout de suite réussi à me mettre à l'aise, en particulier les parents. Leurs enfants sont plutôt discrets à vrai dire, mais Lord et Lady Mackenzie sont suffisamment bavards pour quatre. Je dois avouer que je suis assez triste de ne pouvoir rester que quelques jours en leur compagnie. Et aussi un peu inquiète.
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Nos Années Volées - Tome ✯✯✯ © (La Découverte)
Genel KurguAprès un semestre scolaire en tant que Princesse Royale et son premier bal, Adélaïde a choisi d'accepter la destinée qui a toujours été sienne en acceptant sa place dans l'ordre de succession. Bien déterminée à se montrer à la hauteur de sa tâche, l...