Toutes mes excuses pour ne pas avoir publié ces dernières semaines. J'ai acheté une maison et donc déménagé et ça a été beaucoup de trucs à gérer, dont le stress qui m'avait totalement coupé mon inspiration.
Nous arrivons dans les sous-sols du palais toutes en silence. Les premiers cent mètres sont moins bien éclairés que les étages supérieurs, mais une fois que nous tournons à gauche la lumière se fait plus intense et je ne mets pas longtemps à discerner au loin, à travers l'espace entre grand-mère et Lilianna, une grande porte rectangle et d'un gris métallisé gardée par deux hommes en costume et si stoïque que je pourrais presque les prendre pour des statues. En m'approchant, je comprends qu'il doit sûrement s'agir d'une porte blindée, de par son imposante taille, mais surtout parce qu'il se trouve de l'autre côté.
Les gardes nous saluent respectueusement avant que l'un d'eux, celui à droite, ne s'écarte pour laisser entrevoir un petit panneau rectangulaire encastré dans le mur de briques rouges. Maman s'en approche et, quelques secondes plus tard, la porte s'ouvre légèrement sous les bruits sourds du mécanisme robuste. L'homme à la gauche s'en saisit alors, l'écartant pour créer l'ouverture suffisante pour entrer.
Je suis le pas de grand-mère en étant la dernière à poser le pied dans cette nouvelle pièce qui m'était, jusqu'alors, inconnue. Différents luminaires s'activent simultanément lorsque maman claque des mains. Le visage désormais éclairé, j'aperçois l'amusement qu'elle ressent : on garde tous une part d'enfant en nous, même après les épreuves si douloureuses qu'elle a eu à affronter. Cela me donne de l'espoir, celui de me dire que moi aussi je peux de nouveau être émerveillée par les petites choses de la vie. Il le faut : je ne peux pas organiser de bal tous les samedis pour retrouver ces étoiles dans les yeux !
Ou bien je peux venir dans cette pièce, là où de vrais éclats brillent de mille feux tout autour de moi. J'ai d'ailleurs du mal à me concentrer sur une seule vitrine tant il y a de bijoux et de joyaux qui sont disposés dans cette pièce.
— Près de six cents ans de bijoux et de joyaux de la couronne se trouvent dans cette pièce, m'explique maman en se tournant vers moi. Certains d'entre eux sortent rarement d'ici, car trop précieux de par leur histoire et leur valeur purement financière.
— Certains sont aussi peu évidents à porter, ajoute grand-mère.
Elle m'indique du doigt la vitrine qui se trouve au fond de la pièce. La plus imposante, la plus lumineuse aussi. Je fais quelques pas dans cette direction avant d'approuver d'un signe de tête, sans dire un mot. Il est évident qu'une couronne d'au moins vingt-cinq centimètres de haut et sertis de tellement de pierres précieuses qu'il m'est impossible d'en imaginer le nombre ne doit pas sortir souvent d'ici.
— Il s'agit de la Couronne Shrewsbury, ajoute maman.
— Ce nom me dit quelque chose, dis-je d'une voix vive. Ce n'est pas ce gars... Cet homme qui a fondé notre royaume ?
— Et qui a donné le nom de la famille royale, de par son titre de Duc d'York qu'il possédait avant de fuir l'Angleterre, poursuit-elle.
« D'York ». Un frisson me parcourt de la tête aux pieds alors que je me remémore la première fois où j'ai entendu ça. C'était dans la bouche de monsieur Sutton, le fameux jour où ma vie a pris un virage à trois cent soixante degrés. Tout était encore obscur à cette époque et résonnait plus comme une blague de mauvais goût. Cela fait presque dix mois maintenant. Dix mois dans cette vie où j'ai été accueillie comme un miracle, aimée et aidée de mille et une manières. Que je m'investis aussi, peut-être trop, pour cacher ce qui ne va pas. J'essaie d'enterrer le plus profondément possible, avec la peur au ventre que cela ressurgisse tel un raz de marée. J'ai peur de me noyer si je ne laisse qu'une seule trace de ce malheur réapparaître. On a tous besoin d'avancer, moi la première, mais est-ce que mes forces finiront par me lâcher ? Est-ce que je fourvoie tout le monde en disant que je vais bien ? Que je gère ?
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Nos Années Volées - Tome ✯✯✯ © (La Découverte)
Genel KurguAprès un semestre scolaire en tant que Princesse Royale et son premier bal, Adélaïde a choisi d'accepter la destinée qui a toujours été sienne en acceptant sa place dans l'ordre de succession. Bien déterminée à se montrer à la hauteur de sa tâche, l...