FAUX DÉPART

18 || le date.

18 septembre 2020, Paris.

Lorsque Paola regarda sa montre, elle commença à paniquer. La veille au soir, elle avait reçu un sms de Pierre avec seulement une heure et une adresse, sauf que cette heure se rapprochait de plus en plus et qu'elle était loin d'être prête. En soupirant, la jeune fille observa ses deux tenues posées à même le lit, et se décida à appeler Charlotte pour avoir de l'aide.

- Coucou ! Dit celle-ci en décrochant, que me vaut cet honneur ?
- Je sais pas quoi mettre, alors j'ai rendez-vous avec Pierre dans moins d'une heure... Peut-être que je devrais juste annuler, souffla Paola.
- Non ! S'exclama une voix derrière son amie, si tu annules il va me casser les couilles pendant des mois, continua Charles en apparaissant finalement sur l'écran. Fais voir tes tenues.

La jeune fille leur montra ce qu'elle avait sélectionné : une robe bleu pastel à fines bretelles qu'elle portait sur un col roulé blanc ou bien un jean noir taille haute accompagné d'un chemisier transparent avec lequel elle mettait une brassière noire.

- La robe ! Dit Charlotte
- Le chemisier, s'exclama son petit ami en même temps.
- Super, vous m'aidez beaucoup...
- Écoute, dit Charles en prenant le téléphone. Je connais Pierre, je connais ses goûts, et surtout, contrairement à l'autre là-bas, je sais ce qu'il a prévu. Donc fais moi confiance.

Paola entendit Charlotte soupirer derrière avant de dire :

- Franchement ça m'embête, mais il a raison. Par contre t'as intérêt de mettre cette tenue un jour, parce qu'elle a l'air folle !

La jeune rousse rigola et remercia ses amis avant de raccrocher. Elle s'empressa de s'habiller, et se coiffa en faisant deux chignons de chaque côté de sa tête en laissant quelques mèches dépasser. Paola mit simplement du rouge à lèvres et prit son sac. Autant elle adorait choisir ses tenues avec soin, autant le simple fait de se maquiller relevait pour elle de l'exploit. Elle descendit en courant ses escaliers tout en commandant un uber. Heureusement, celui-ci arriva quelques instants après, et la jeune fille s'empressa de sauter dedans.

Alors que la voiture longeait les quais, Paola s'appuya contre la fenêtre, observant les lumières qui se reflétaient dans le fleuve. Elle prit quelques instants pour se poser et réfléchir à ce que ce rendez-vous signifiait pour elle. Elle avait attendu durant deux semaines un message de Pierre, et elle savait à quel point il avait été prit, entre les interviews et la course qui avait eu le week-end juste après. Le pilote avait prit le temps de lui écrire, pour avoir de ses nouvelles, et lui assurer qu'il n'avait pas oublié sa promesse de l'emmener quelque part, mais elle avait presque arrêter d'y croire. Pourtant, le jour était arrivé, et c'était elle qui se tenait dans une voiture pour le rejoindre, elle et personne d'autre. Lorsqu'elle avait reçu un message la veille, elle avait été prise entre l'angoisse et le bonheur. Et dans ces moments là, la seule personne capable de la rassurer c'était Lando. Mais la jeune rousse n'arrivait pas à lui dire, elle avait bien trop peur de cette discussion et de ces conséquences.

Le chauffeur se gara, et elle hésita quelques secondes avant d'ouvrir la porte. Alors que sa main était posée sur la poignée, Paola repensa à la dernière année qu'elle avait passé depuis sa rencontre avec Pierre. Aux premiers regards échangés sur le paddock, aux vacances à Hyères et à leur discussion sous les étoiles, au baiser entre deux motorhome, si secret et pourtant pleins de promesses. Puis elle se remémora leur discussion, le moment où elle avait tout tenté pour le tenir loin d'elle, le vide et la tristesse qu'elle avait ressentit après cela, les sms qu'elle lui avait envoyé sans jamais avoir de réponse. Et le retour dans les circuits, les regards à nouveau échangés, les disputes, et leur discussion en boîte. Et enfin la promesse qu'il lui avait faite, et cette victoire qu'il avait remporté. La joie qu'elle avait ressentit de le voir sur le podium, et la certitude qu'elle ne pouvait pas se tenir loin de lui. Tout tournait dans son cerveau, et elle ne savait plus où donner de la tête. Mais Paola était sûre d'une chose : en ouvrant cette porte, elle ne pourra plus faire marche arrière.