10 || les messages.

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20 février 2021, Paris.

- Tu veux que je reste encore un peu ?

Paola se tourna vers son frère en souriant. Elle posa son sac dans l'entrée de son appartement et se précipita dans ses bras.

- Merci, dit-elle la voix enrouée de sanglots.

- C'est normal, je ne t'aurais jamais laissé rentrer seule...

- Non je veux dire, merci pour tout. Merci de m'avoir forcé à aller là-bas, et merci d'être venu me voir.

Noé resserra son étreinte autour de sa sœur, et sourit. Il y a un mois, il n'aurait jamais pensé qu'elle lui dirait cela, mais il était vraiment heureux qu'elle ne lui en veuille pas, et surtout, qu'elle aille mieux. Le jeune homme était conscient que sa sœur avait encore un certain chemin à parcourir, mais il savait qu'elle était sur la bonne voie.

- J'envoie un message à papa et maman ok ?

Paola hocha la tête en souriant, et se dirigea vers sa chambre pour vider le sac qu'elle avait avec elle. Sur sa table de nuit, se trouvait un paquet de cigarette vide et un briquet. Le cœur battant, elle les cacha dans le tiroir. La jeune fille savait que son frère était passé plusieurs fois dans l'appartement, et qu'il avait enlevé plusieurs choses qui pourraient lui faire du mal, mais il n'avait pas dû penser à retirer cela. Quelques instants après, le jeune garçon pénétra dans la chambre.

- Ils nous souhaitent une bonne soirée, tu pourras les appeler demain si tu veux.

- Je n'ai toujours pas rallumé mon téléphone...

- Tu veux qu'on le fasse maintenant ?

Elle tourna négativement la tête, prenant la main de son frère.

- Je n'ai pas envie de penser à ça maintenant... Je le ferai demain.

Noé acquiesça, et ils allèrent tous les deux s'asseoir sur le canapé. Après avoir commandé à manger, et regarder un film, Paola s'endormit rapidement. Les médicaments qu'elle prenait la fatiguait énormément, mais au moins, ils l'aidaient à ne plus autant angoisser. Doucement, Noé la mit dans son lit, et rentra chez lui non sans lui avoir laissé un mot en lui promettant de revenir dans deux jours.


21 février 2021, Paris.

La jeune rousse fut réveillée par le bruit d'un klaxon, elle ouvrit difficilement les yeux, en mettant quelques instants à comprendre là où elle se trouvait. Elle était de retour chez elle, seule, loin de tout le monde. Paola se leva, et automatiquement, mit la machine à café en marche. Heureusement, Noé avait fait quelques courses en prévision de son retour. Du regard, elle balaya son appartement. Elle y avait emménagé il y a à peine quelques mois, mais déjà les souvenirs ici lui semblaient trop lourds. Si la veille, la présence de son frère l'avait aidé à relativiser, elle se sentait désormais complètement oppressée entre les quatre murs. Le silence l'effrayait, et il n'y avait pas un endroit qui ne lui rappelait pas Pierre ou leur rupture. Par réflexe, elle alla chercher son téléphone pour mettre de la musique, avant de se souvenir qu'elle ne l'avait toujours pas rallumé. Paola se mordit la lèvre, hésitante et finit par appuyer sur le bouton. Ses mains tremblaient légèrement, et elle craqua une allumette pour allumer une cigarette, en se rappelant les mots de sa psychologue : 

« - Si tu vas mal à un moment, je préfère que tu allumes une cigarette plutôt qu'un briquet.

- Et comment j'allume ma cigarette ?

- Prends des allumettes, avait-elle répondu en lui tendant un paquet. »

En tirant légèrement sur la cigarette, Paola tapa son code. Alors que l'écran s'allumait, elle posa le téléphone quelques instants, et but son café. Il vibra pendant quelques minutes sans s'arrêter, et elle osait à peine le regarder. En soupirant, elle se mit à son balcon, et se détendit. Tout allait bien se passer, se dit-elle. Elle avait désactivé les notifications instagram dès son retour d'Abu Dhabi, alors seules les personnes qui avaient vraiment voulu contacter durant son séjour l'avaient fait. C'était forcément des personnes qui lui voulaient du bien. Elle finit sa cigarette et l'écrasa dans le cendrier avant de se diriger vers le comptoir de la cuisine où son portable avait finalement fini de vibrer. Anxieuse, elle fit défiler les notifications sur son écran, sans vraiment prendre le temps d'assimiler le nombre de messages et d'appels qu'elle avait manqués. Au hasard, elle cliqua sur whatsapp où elle ouvrit sa conversation avec Charlotte. Celle-ci lui avait écrit plusieurs fois pour prendre de ses nouvelles, avant de finalement lui envoyer la semaine dernière :

FAUX DÉPARTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant