02 || la douleur.

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/ TW : dépression, automutilation. S'il s'agit de sujets sensibles pour vous, vous pouvez sauter les passages encadrés par des 🌞 /

17 janvier 2021, Paris.

Paola se réveilla à 5h36 du matin, selon l'heure indiquée sur son réveil. Elle resta allongée durant un certain temps, le cerveau vide, incapable de penser ou même de ressentir la moindre chose. Finalement, au bout d'un temps indéterminé, elle se leva pour aller prendre une douche. La jeune fille ne savait pas vraiment depuis quand elle n'en avait pas pris, cela aurait très bien pu être 2 semaines ou 2 jours. Elle n'avait absolument aucune notion du temps.

🌞

Alors que l'eau coulait sur son corps, elle ne ressentit aucun plaisir, aucun bien être. Machinalement, elle tourna le robinet au plus chaud. Peut-être qu'elle pourrait ressentir quelque chose ? Lorsque l'eau devient brûlante, elle s'écarta précipitamment du jet. La jeune fille plissa les yeux, en passant ses doigts sous le filet qui coulait, avant de les retirer rapidement. Cela lui faisait mal. Elle sourit doucement. Enfin, elle ressentait quelque chose. Et finalement, est-ce que la douleur n'était pas tout ce qu'elle méritait ?

🌞

En sortant de sa salle de bain, Paola enfila par réflexe un jogging et un sweat, comme depuis presque un mois maintenant. Elle fixa son calendrier en allumant sa première cigarette de la journée. Après un rapide coup d'œil à la date, elle calcula que cela faisait un mois et quatre jours que Pierre l'avait quitté. Et cela faisait un mois et trois jours qu'elle espérait ne plus se réveiller le matin. Elle s'assit derrière son comptoir, et attendit, le regard dans le vague. Il était à peine 8h du matin, et elle n'avait rien à faire, rien à vivre, rien à ressentir. Machinalement, elle répondit à un message de Lando qui lui souhaitait une bonne journée. Faire semblant pour lui, pour ses parents, pour ses frères lui permettait de tenir. Comme si, tant qu'ils n'étaient pas au courant, rien de grave ne pourrait se passer.

Au bout d'une heure, alors qu'elle n'avait pas bougé d'un centimètre, son téléphone sonna. Sur l'écran, le nom de sa boss était indiqué. Elle soupira en décrochant. Si elle se faisait renvoyer, peut-être qu'elle serait triste ?

- Paola ? Dit Camilla, inquiète. Est-ce que ça va ? Sarah et Rémy m'ont avoué que cela faisait deux semaines que tu n'étais pas venue... Il s'est passé quelque chose ?

« Oui »

- Non.

Son ton froid surpris sa patronne qui enchaîna :

- Alors pourquoi tu ne viens pas ? Si tu as besoin d'un arrêt maladie ou quoi, tu peux m'en parler. Mais si tu ne viens juste plus, je ne vais pas pouvoir te garder...

- Je m'en fou.

- Ok Paola... T'es sûre de toi là ? Il n'y a rien dont tu veux me parler ?

- Non.

Le silence se fit au bout du fil, et elle entendit Camilla soupirer.

- Paola, c'est ta dernière chance. Je veux bien t'aider, il n'y a aucun souci, mais il faut que tu me laisses faire pour ça. Est-ce que tu veux revenir, qu'on prenne un rendez-vous ensemble, ou alors c'est fini ?

- Je n'ai pas besoin d'aide.

- Très bien, alors je t'enverrai ta lettre de renvoi demain.

Elle raccrocha, et Paola resta quelques instants, le téléphone collé à l'oreille sans savoir quoi faire. Une part d'elle mourrait d'envie de rappeler sa supérieure, pour la supplier de la reprendre, mais l'autre partie était juste fatiguée. Écoutant celle-ci, elle décida d'aller se recoucher.



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