12 || la défaite.

1.5K 103 101
                                    

26 septembre 2021, Sotchi.

- Il va pleuvoir...

Paola serra les dents, incapable de réfléchir. L'information que venait de lâcher Charlotte n'arrivait pas à monter jusqu'à son cerveau. À côté d'elle, Isabel était tout aussi tendue. Lando et Carlos étaient respectivement 1er et 2ème. Et la jeune rousse refusait de ne pas y croire. Il allait le faire. Sa pole ratée à Spa, sa deuxième place à Monza. Tout ça, c'était du passé. C'était maintenant, c'était le moment. C'était pour lui.

Pourtant, les gouttes commencèrent à tomber, et elle ne put continuer de les ignorer. Les pilotes commencèrent à rentrer au stand, sauf les deux ex-coéquipiers.

- Pourquoi ils ne rentrent pas ? Lâcha Isabel la gorge serrée.

- Ils peuvent encore y arriver.

Personne n'osa contredire la jeune rousse. Deux semaines auparavant, elle n'avait pas pu féliciter dignement son ami après sa deuxième place. Mais cette fois, c'était la bonne. Elle allait le féliciter pour sa première victoire, elle le savait. Pourtant, Hamilton, en intermédiaires, dépassa rapidement Carlos. Et dans le quatrième virage, Lando glissa, laissant le champion du monde et tout le peloton filer devant lui.

Paola sentit son coeur se serrer devant la scène. La voiture de son ancien meilleur ami mit quelques secondes à repartir, et elle vit tout espoir la quitter lorsqu'il ressorti des stands en 7ème position. De rage, elle frappa la balustrade qui encadrait le carré VIP, et se dirigea vers le bar. Charlotte la rejoignit rapidement, et avec un sourire triste, trinqua avec elle.

- De toute façon, il mérite plus que je sois triste pour lui.

La jeune monégasque esquissa un sourire triste, sans savoir quoi répondre à son amie. À cet instant, l'une comme l'autre étaient parfaitement conscientes que c'était faux. Mais essayer de le croire permettait à Paola d'aller un peu mieux. Il avait refusé qu'elle le félicite après son podium à Monza. Elle n'allait sûrement pas pleurer pour sa défaite aujourd'hui.

Paola ne regarda même pas la fin de la course. Elle n'accompagna pas Isabel près du podium pour applaudir Carlos. Elle n'envoya pas non plus de message à Pierre. Elle rejoignit George en zone mixte, et après le ballet habituel des interviews, elle se dirigea vers le motorhome Williams pour récupérer son sac. De toute façon, qu'est-ce qu'elle aurait pu faire d'autre ? Être triste pour Lando ?

- Il est vraiment mal.

La voix du pilote la fit sursauter, mais en se retournant, elle ne fut pas surprise de voir George adossé à la porte, les bras croisés.

- Il est venu me parler et m'a demandé où tu étais. Et pour qu'il le fasse, c'est qu'il ne va pas bien. Il est dans son motorhome Paola.

Elle leva les yeux au ciel. Qu'est-ce que ça pouvait lui faire ?

- Je ne vois pas pourquoi il demande où je suis.

- Putain mais vous êtes insupportables, s'exclama-t-il. Franchement, heureusement qu'on est déjà amis, parce que je sais pas comment je pourrais te supporter autrement.

Elle arqua un sourcil, dévisageant le pilote.

- Je t'adore Paola, dit-il en se rapprochant d'elle. T'es une de mes plus proches amies. Mais parfois t'as d'un égo qui est insurmontable. Déjà avec Pierre c'était compliqué, mais là ça l'est encore plus. C'est ton meilleur ami. Et il a besoin de toi. Alors mettez de côté votre pseudo guerre et va le voir.

- La dernière fois que tu m'as enfermé dans un motorhome avec lui, ça s'est mal passé, répondit-elle en évoquant ce qu'il s'était passé à Spa.

FAUX DÉPARTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant