FAUX DÉPART

08 || l'affirmation.

06 septembre 2021, Zandvoort.

- Et quelles sont vos preuves ?

Paola soupira une nouvelle fois, tandis qu'elle sentit Pierre se tendre à côté d'elle. Cela faisait une dizaine de minutes qu'elle se trouvait dans le bureau de Michael Masi aux côtés de Charles et du pilote français, et que la conversation tournait en rond. Si elle était passablement lassée de la situation, Pierre lui était hors de lui. Depuis le début il répétait que Nikita avait clairement agressé la jeune rousse, mais c'était leur parole contre celle du pilote russe. Et le directeur d écoutes n'avait pas l'air de vouloir l'entendre.

La jeune rousse n'avait pas adressé la parole au pilote français depuis la déclaration qu'il lui avait faite sous la pluie, mais pourtant, il était venu. Et pour cela, elle lui en était profondément reconnaissante. Charles quant à lui était beaucoup plus calme, et essayait de tempérer la discussion.

- Je te l'ai dis Michael, dit-il en montrant la clef USB qu'ils avaient apportée, on a retrouvé la vidéo de surveillance. Si tu la visionnes en entier, tu verras que l'histoire est différente de celle qu'il t'a raconté.

Le commissaire de course soupira, et attrapa l'objet que Charles lui tendait. Il mit la clef dans son ordinateur, et lança la vidéo que George avait réussi à obtenir auprès du circuit français, où l'incident s'était produit. Alors que la vidéo commençait, Paola déglutit difficilement, appréhendant de revoir ses images. Ses lèvres se mirent à trembler, et elle commença à regarder ailleurs, jouant machinalement avec ses mains. Le pilote français comprit la panique de la jeune fille à ses côtés, et comme un vieux réflexe, il posa sa main sur les siennes. Il sentit la jeune rousse se détendre et arrêter de trembler. Doucement, elle défit ses mains, et il en profita pour glisser ses doigts entre les siens. Paola s'accrocha à sa main, et se sentit soulagée. Charles et Pierre étaient là, elle n'avait rien à craindre, ils n'allaient pas la laisser tomber. Ils la croyaient.

- Je ne sais pas quoi en penser, soupira le commissaire de course alors que la vidéo finissait. Les deux versions ne concordent pas du tout, et ces images restent assez flous. On voit bien que c'est lui qui est venu lui parler, mais on ne sait pas ce qu'elle a dit. En plus, elle n'a pas l'air de se défendre.

Paola frissonna, mais ne dit rien, se concentrant sur la chaleur de la main de Pierre dans la sienne. Ce dernier se redressa immédiatement, prêt à répliquer, mais Masi l'en empêcha.

- Par contre ce que je vois, c'est toi Pierre qui est allé agresser un autre pilote, sans aucune raison apparente. Ça fera l'objet d'une autre enquête je pense.

- Tout ça parce que mon père n'est pas le principal sponsor d'une équipe, lâcha ironiquement Pierre entre ses dents.

- Tu as dis quoi ?

- Non rien, soupira-t-il. J'attends ta convocation, j'attends de voir comment il va se défendre.

Et tandis que le commissaire reprit sur l'absence de preuve, en dehors du stand de la FIA, Lando arpentait la pit lane sans se douter de ce qui se déroulait. Alors qu'il passait devant le garage Williams, il surprit George et Max en pleine discussion. Si au départ il voulait seulement les dépasser rapidement, la phrase que prononça George attira son attention.

- J'espère que cette situation ne va pas aggraver l'état de Paola...

Lando se stoppa net, et se glissa discrètement à l'angle du stand, de manière à les entendre sans pour autant qu'ils ne le voient.

- Non, Pierre et Charles la soutiennent, elle n'est pas seule là-bas.

- Ouais, enfin le soutien de Pierre on le connaît...