19 || les pansements.

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16 juin 2021, Le Castellet.

Paola arriva tôt sur le circuit pour la journée presse, en même temps que Charles. Ils avaient fait la route ensemble depuis Monaco où elle avait passé son week-end auprès de Charlotte et de Max. La jeune rousse avait délibérément évité le pilote Ferrari tout le séjour, ne voulant pas aborder avec lui le sujet de Pierre. Mais quand ils s'étaient retrouvés seuls pour le trajet, l'un comme l'autre n'avait pas pu s'empêcher d'en parler.

Ainsi, elle avait appris que le pilote français n'avait mis au courant son ami de son couple seulement le lendemain de la soirée, et donc que le premier à avoir été au courant était bien Lando. Elle avait essayé d'assimiler tant bien que mal cette information, sans trop l'analyser. Mais sa volonté avait été mise à rude épreuve quand le monégasque avait lâché : « enfin, si il l'a dit à Lando en premier, c'est bien qu'il voulait que tu sois au courant. » Ce après quoi il avait ajouté « je comprends pas ce qu'il branle sérieux... ».

Et pour être honnête avec elle-même, Paola ne comprenait pas non plus. Elle pensait naïvement que les sentiments qu'ils avaient l'un pour l'autre étaient plus forts qu'une rupture, et que peut-être qu'ils pourraient se remettre ensemble quand elle serait plus stable, et surtout plus honnête. Les dernières fois où elle avait parlé à Pierre, il était clairement plus qu'ambigu. De nouveau, son esprit divagua vers leur discussion à Imola et leur danse à Bakou. Elle n'en avait pas parlé à Charles et Charlotte. Elle avait peur d'être jugée, qui retournerait vers une personne qui lui avait tant de mal ? Mais aussi parce qu'elle voulait garder ce moment pour eux. Et puis peut-être qu'elle avait mal interprété ses paroles, et qu'il lui avait dit qu'elle était belle de manière purement amicale.

Son cerveau tournait à plein régime alors qu'elle marchait déterminée vers les stands Williams. À cette heure-là le paddock était encore quasiment vide et Paola ne regardait pas vraiment où elle allait. Après avoir déposé ses affaires dans le motorhome de George, elle décida d'en profiter pour se poser quelques instants et sortit fumer une cigarette. Accoudée au motorhome, la jeune rousse se délecta de la fumée qui sortait entre ses lèvres. Le regard levé vers le ciel, elle ne put s'empêcher de comparer cette couleur aux yeux du pilote français. Est-ce qu'un jour elle allait enfin le sortir de sa tête ?

- Hey, l'interpella une voix à quelques mètres d'elle.

Paola se retourna en fronçant les sourcils, intriguée par l'identité de la personne. Et elle s'attendait à tout sauf à voir le pilote russe de chez Haas s'approcher d'elle avec un grand sourire. Immédiatement, elle se tendit. La jeune fille n'avait jamais eu l'occasion de lui parler, mais sa réputation le précédait, et elle se souvenait à quel point George était énervé quand Haas avait maintenu son arrivé malgré le scandale de ses stories. Il avançait vers elle tout fier et arrogant, et elle ne put s'empêcher d'avoir un mouvement de dégoût. En réalité le fait qu'il soit autant sponsorisé et qu'il ai payé pour son baquet ne la dérangeait pas tant que ça, c'était aussi le cas de Nicholas dans une moindre mesure. Non, ce qui la dégoûtait vraiment c'était son assurance et le fait qu'il marche dans le paddock comme si tout lui appartenait.

- Tu devrais pas fumer, dit-il en se mettant devant elle, c'est dommage pour une jolie jeune fille comme toi.

Elle essaya de ne pas rire en pensant au fait qu'elle était plus âgée que lui et qu'il s'agissait de la pire technique de drague qu'elle n'ait jamais vu. Comme simple réponse, Paola lui souffla sa fumée au visage. Nikita fronça les sourcils, énervé et se rapprocha d'elle, une main à côté de sa tête. Il la dominait de toute sa hauteur, et elle commença à calculer comment elle pouvait se tirer de là, le plus vite possible de préférence.

- On t'as jamais appris à dire merci quand on te fait un compliment ?

Son ton était sec et menaçant et son regard glacial. Et soudain, elle sentit la peur monter en elle. Il fallait qu'elle sorte de cette situation, et vite.

FAUX DÉPARTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant