22 || la règle n°23.

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08 juillet 2021, Londres.

En entrant dans le métro, Paola alluma immédiatement ses écouteurs sur le volume maximum, en essayant de s'isoler le plus possible des gens. Elle détestait le métro, et globalement, elle n'aimait pas trop cette ville. Londres lui semblait trop grande, trop peuplée, trop pluvieuse. La jeune rousse ne se sentait pas à l'aise ici, comme si ce n'était pas là qu'elle devait être. Pourtant, c'est là qu'était son travail, c'est là qu'était Georges, et surtout c'est là qu'était Lando. Mais elle se demandait s'il s'agissait toujours de raisons suffisantes.

Parfois, elle ne rêvait que d'une chose : partir de cette ville. Mais elle ne savait pas où aller, et la peur de se retrouver seule la submergeait. Alors elle restait. Et finalement, c'est ce qu'elle avait fait toute sa vie : rester par peur de la solitude. Sauf quand elle était partie au Canada, seule. Malgré le manque qu'elle avait ressenti envers sa famille et Lando, elle avait réussi à se débrouiller. Alors peut-être qu'elle en était toujours capable, même si elle se sentait si fragile à cet instant.

Alors elle avait besoin de faire des choses, d'avancer petit à petit. De réapprendre à mettre un pied devant l'autre pour ne pas tomber, parce que chaque réveil restait extrêmement douloureux. Et tant qu'il était loin, elle avait l'impression que tous ses réveils le seraient toujours.

Mais il fallait bien se réveiller, alors elle essayait. Et c'était exactement ce qu'elle faisait ce soir : elle allait essayer. La jeune rousse se rendait à son premier vrai événement depuis son internement, en dehors des GP. Et elle était morte de trouille. Parce que finalement, les GP, elle connaissait et c'était sûrement l'endroit où se trouvait presque tous les gens qu'elle aimait. L'événement auquel elle se rendait ce soir, elle ne connaissait pas, et surtout elle ne connaissait personne. Normalement, Isabel et Carlos auraient dû venir, mais ils ont annulé, tout comme George et Carmen. Elle allait donc se retrouver seule, avec Lando qui serait au centre de l'attention pour le lancement de Quadrant. En somme, tout ce qu'elle redoutait et détestait.

Paola sortie du métro d'une démarche incertaine. En passant devant une vitrine, elle ajusta sa robe et se trouva encore une fois beaucoup trop maigre. Par réflexe, elle alluma une cigarette, tirant des bouffées qui la soulagèrent. Elle se sentait si faible à cet instant.

« Moi, quand je te regarde, je vois une fille hyper forte qui se bat tous les jours contre elle-même, et il n'y pas tout le monde qui est capable de le faire. » Comment est-ce que Max pouvait voir ça en elle ? Dans le reflet de la vitrine elle ne voyait qu'un fantôme qui avait perdu son éclat. Mais il lui avait aussi dit de vivre pour elle, et c'est vrai que ces derniers temps elle n'avait vécu que pour les autres. La jeune rousse n'avait fait que penser aux autres, elle avait tout fait pour ne pas faire de peine à Lando au risque de se perdre elle-même, elle avait voulu avoir Pierre sans pour autant lui donner tout ce qu'elle recevait de sa part. Et dans une moindre mesure, même son travail consistait à s'occuper de quelqu'un d'autre. « Arrête de vivre par et pour les autres, et vis pour toi. Moi je sais que le jour où tu le feras, tu seras inarrêtable. » Peut-être qu'elle devait commencer aujourd'hui ?

Et c'est d'un pas déterminé qu'elle se dirigea vers le restaurant où son meilleure ami lançait sa structure d'esport et de gaming. En pénétrant dans l'espace, la jeune rousse se sentit tout d'abord seule et un peu déboussolée. Autour d'elle, beaucoup de gens s'activaient pour que tout soit prêt lorsque le chronomètre qui s'affichait sur une télé prendrait fin. Le personnel finissait de disposer de la nourriture sur les buffets, et les coupes de champagnes se remplissaient et s'alignaient sur le bar. Et au centre de ça, Lando était au téléphone en train de faire les cent pas. Rassurée de voir un visage connu, elle s'avança vers lui en souriant. Mais très vite, une personne lui barra la route, le visage froid.

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