FAUX DÉPART

04 || l'ignorance.

1er août 2020, Silverstone.

Le jeune pilote se prit la tête entre ses mains. Il repensa aux mots de son meilleur ami. « Prouve-leur qu'ils ont torts ». Il n'attendait que ça, de leur prouver qu'ils avaient tort, mais seulement, c'était plus dur qu'il ne l'avait imaginé.

Pierre se leva et se dirigea vers l'évier de sa motor-home. Il s'aspergea le visage avant de se regarder dans le miroir. « Prouve-leur qu'ils ont tort ». Il souffla. C'était plus simple à dire qu'à faire. Parce que pour l'instant, tout prouvait qu'ils avaient raison. Tous les souvenirs de l'année qu'il venait de vivre lui revenaient en tête. Et entre les souvenirs du crash de Spa et l'éviction de Red Bull, il avait l'impression de se noyer.

Pourtant, il avait du mal à se concentrer sur autre chose qu'un souvenir roux et doré.

Depuis qu'il avait vu les stories de Lando en début de semaine, elle hantait de nouveau ses pensées. Cela serait mentir que de dire qu'elle n'avait pas déjà hanté ses pensées toute l'année, mais voir qu'elle était revenue ravivait des choses qu'il préférait oublier.

Elle serait là, il le savait. Déjà parce qu'il était sûr qu'elle ne manquerait pas une occasion de revoir son précieux meilleur ami, mais aussi parce que George l'avait glissé dans leur conversation hier. Et alors que le pilote Williams avait lâché que Paola serait bien présente, il l'avait fixé. Pierre savait qu'il attendait une réaction de sa part. Mais il ne voulait pas lui donner cette satisfaction, alors il avait gardé l'expression la plus neutre possible, et il était assez fier d'avoir réussi. De toute façon, cela faisait presque un an qu'il n'avait plus vraiment de réaction. Il était comme anesthésié.

Et c'était entièrement de sa faute. Elle l'avait anesthésié. Elle et ses cheveux roux. Elle et ses yeux dorés.

Il se passa de nouveau de l'eau sur le visage, espérant laver son souvenir. Pierre s'autorisa un nouveau soupir, avant de remettre le masque glacial qu'il portait depuis un an.

Il savait qu'elle venait, donc il s'attendait à la voir. Sauf qu'il aurait préféré la voir après les qualifications, ou même ne pas la voir du tout. En tout cas, pas juste après qu'il soit sorti de sa motor-home. Mais elle se tenait là, accrochée au bras de Lando, riant avec Charles et Carlos.

Le jeune pilote retenu son souffle. Elle passa sa main dans ses cheveux, le soleil éclairent ses pupilles dorés et faisant ressortir les taches de rousseur qui parsemaient son visage. En plus de ça, elle portait une robe qui mettait particulièrement en valeur ses formes. « Ok calme toi, se dit le jeune pilote, tu la déteste. » N'empêche qu'il serait bien plus facile de la détester si elle n'était pas aussi belle, pensa-t-il. Elle dû sentir son regard sur elle, car à cet instant Paola tourna la tête vers lui, le dévisageant comme elle l'avait fait un an auparavant lorsqu'elle avait posé les yeux sur lui pour la première fois. Machinalement, il se mordit la lèvre, et il vit son regard glisser sur sa bouche.

« Ok stop »

Avec toute la volonté du monde, il parvient à détourner le regard d'elle, et disparue dans l'autre sens.

Lorsqu'elle le vit faire demi-tour, la jeune fille sentit son cœur se contracter. Par réflexe, elle resserra sa poigne sur le bras de Lando, qui l'a regarda interloqué.

- Ça va Pao ? Lui murmura son ami.

Elle hocha la tête et lui fit comprendre qu'elle avait juste besoin d'aller aux toilettes. Il eut à peine le temps de lui indiquer la direction, qu'elle était déjà partie sur les traces du pilote français.

Paola n'avait aucune idée de ce qu'elle faisait, mais elle avait une certitude : il fallait qu'ils parlent. Pour se dire quoi ? Elle n'en savait rien. Est-ce cela allait arranger quelque chose ? Sûrement pas. En réalité, sa seule certitude, c'est qu'elle voulait le voir. Et cela faisait plus d'un an qu'elle ne voulait que ça.