FAUX DÉPART

29 || l'acceptation.

19 août 2021, Cap Ferret (France).

Pierre se réveilla ce matin-là dans le noir le plus complet. Il chercha aveuglément son téléphone sur sa table de chevet, et finit par mettre la main dessus. La lumière de l'écran l'aveugla un peu et lui piqua les yeux. Après qu'il se soit adapté à la luminosité nouvelle, il réussit à lire l'heure. Il était 05h47, et il était encore une fois réveillé aux aurores. Mécaniquement, il se leva le plus discrètement possible et attrapa sa tenue de sport avant de s'enfermer dans la salle de bain. Une fois changé, ses AirPods vissés sur les oreilles, il sortit de la villa encore silencieuse.

Comme tous les matins depuis qu'ils étaient arrivés, Pierre emprunta le sentier qui descendait jusqu'à l'océan puis bifurqua sur le petit chemin au-dessus de la plage. Il se lança à corps perdu dans la course. Le soleil n'était pas encore levé, il avait froid et le vent lui fouettait le visage. Mais la sensation était loin d'être désagréable. Elle l'empêchait de trop réfléchir. À cet instant, le pilote ne pensait qu'à une chose : courir. Et plus il avançait, plus ses muscles se détendaient et le mouvement devenait automatique. Il se dit avec satisfaction que Pyry serait fier de l'entraînement qu'il avait fait pendant ses vacances, même s'il n'était aucunement obligé de courir autant. Mais Pierre avait l'impression de ne pas avoir le choix.

Parce que s'il arrêtait de courir il se mettait à penser. Et s'il commençait à penser, toutes ses pensées se dirigeaient automatiquement vers Paola. Et ce n'était vraiment pas la chose à faire. Parce que sa discussion avec son meilleur ami l'avait beaucoup trop remué. Et malgré la semaine qu'il venait de passer avec Katerina à Ibiza, puis ici dans le bassin d'Arcachon, la réponse restait la même. C'était Paola, c'était elle son évidence. Depuis qu'il l'avait vu pour la première fois et pour longtemps. Mais maintenant qu'il le savait, qu'est-ce qu'il fallait faire ? Et c'était cette question qui le bouffait depuis trois semaines. Comment se sortir de cette situation ? Charles était partit à Mykonos avec sa famille, et il n'avait pas le cœur a l'embêter, et Anthoine était partit tout court.

C'est le cœur lourd de questions et de doutes qu'il rentra à la villa. Il était bientôt 7h00, et tout le monde semblait encore dormir. Il se dirigea automatiquement vers la salle de bain, et après une douche brûlante le jeune français alla vers la cuisine. Le soleil commençait à pointer à travers les fenêtres et il se servit un grand verre de jus de fruit avant de se mettre derrière le comptoir. Mécaniquement il prit son téléphone et ouvrit Instagram. Il sourit devant les stories de George et Nicholas en Grèce et ria en voyant des photos de Max et Penelope. Mais lorsqu'il ouvrit la story de Lando et tomba sur une photo de Paola allongée à l'avant du bateau, il ne put s'empêcher de ressentir un pincement au cœur. Il fit défiler les images, en plissant les yeux à chaque fois qu'elle était près d'un autre garçon. Pierre se mordit les lèvres, se retenant de soupirer. Et si elle était passée à autre chose ? Et si elle ne ressentait pas la même chose que lui ? Il avait beau se dire que le regard que la jeune rousse portait sur lui ne la trahissait pas, mais peut-être qu'il avait tout imaginé. Peut-être que plus jamais ils ne pourraient se retrouver.

- T'es allé courir ?

Pierre sursauta, et se tourna pour saluer son ami qui venait de pénétrer dans la cuisine.

- Ouais, je pensais que je serai le seul réveillé à cette heure, dit le jeune blond.

- J'ai mal dormi cette nuit, expliqua Valentin en lançant la machine à café. Il faisait trop chaud.

Ce dernier se servit une tasse et en tendit une à Pierre qui sourit automatiquement. Peut-être que Charles et Anthoine n'étaient pas là, mais il lui restait Valentin. Est-ce qu'il devait lui parler de ses doutes ? Oui sûrement. Valentin était toujours de bon conseil.