C'est étrange de me dire que j'ai l'impression que je viens de vivre la pire semaine de ma vie alors que je l'ai simplement passé coucher dans mon lit à attendre que le temps passe. Ma mère venait me donner de la nourriture que je me forçais à manger parce que j'avais peur de finir comme mon frère.
Je ne me suis pas levé de mon lit depuis que je m'y suis installer après m'être fait arrêter et avoir perdu mon emploi dans la même journée. Ça c'est sans oublier que Johnny m'a mis à la porte de chez lui et que toutes mes choses sont sans doute encore chez Jaehyun que je ne veux plus jamais voir de ma vie.
Pour la première fois depuis une semaine, je me lève de mon lit, sort de ma chambre, et je suis aveuglé par les rayons du soleil qui entre dans la maison. J'avance vers le salon, mais j'entends des bruits dans la cuisine qui me dise d'y aller. Je vois ma mère qui nettoie tout de fond encombre. Je n'avais jamais vu la cuisine aussi propre.
- Allo, je dis simplement.
Elle s'arrête aussitôt dans sa tâche et lève la tête pour me regarder.
- Allo... Tu as faim? J'ai préparé un pain aux bananes, en fait plusieurs pains aux bananes, elle dit en ouvrant le réfrigérateur pour me montrer la tonne de pains aux bananes.
- Euh... Oui, d'accord.
Ma mère tire une chaise autour de la table pour m'inviter à m'y assoir avant d'aller me couper une tranche et me la faire réchauffer avant d'ajouter une noix de beurre dessus. En la voyant faire ça, j'ai des souvenirs de jeunesse quand elle faisait exactement la même chose lorsque je revenais en disant que j'avais passé une mauvaise journée d'école.
Je mange ma tranche de pain en silence, me repassant dans ma tête tous ces qui s'est passé les derniers jours, puis les derniers mois, et les dernières années. Je me revois, jeune, quand je vivais encore avec mes deux parents. Je me souviens aussi du divorce de mes parents, de mon père qui se retrouve en centre de désintoxe et de ma mère qui pleure encore et encore se demandant ce qu'elle va faire seule. Puis, après la pluie le beau temps. La rencontre du père de Taeyong, leur mariage, et ainsi de suite. Je ne sais pas pourquoi je pense à tout ça, je n'y pense jamais, comme si ce n'était jamais arrivé.
Ma mère sort de la cuisine et revient presque aussitôt avec une enveloppe dans les mains. Mon nom est écrit sur l'enveloppe, donc je me doute bien que c'est pour moi, et je reconnais aussi très bien l'écriture. C'est une lettre de Taeyong.
- Après ta dernière visite, j'ai enfin réussi à entrer dans la chambre de ton frère, et j'ai trouvé ça. Il y en avait aussi une pour Johnny, je voulais te donner la tienne avant.
Je passe une bonne minute à regarder l'enveloppe sans bouger. J'ai un étrange sentiment de peur, je ne suis pas certain de vouloir l'ouvrir. C'est comme si c'est lettre était le dernier petit bout de vie qu'il me restait de mon frère. La lire, c'était comme accepter qu'il était bel et bien mort.
- Je dois aller à un rendez-vous, je reviens dans une heure, on parlera à mon retour si tu veux.
- D'accord, je dis simplement.
Ma mère part, et je tiens l'enveloppe comme si ma vie en dépendait. J'hésite encore, mais l'envie de lire ce que mon frère voulait me dire avant de mourir prend le dessus. J'attrape un couteau dans le tiroir pour l'ouvrir sans l'abîmer, c'est un objet précieux, je veux la garder tout ma vie.
Une fois ouverte, je pose le couteau et sort la feuille pliée en trois. Je la déplie lentement, les mains tremblantes, et cette fois ce n'est pas le fait que je sois sombre depuis plusieurs jours qui me fait trembler.
Je prends une grande inspiration, comme si je m'apprêtais à faire un saut dans le vide, puis je commence ma lecture :
« Je ne sais pas si je devrais m'excuser, mais je ne vais pas le faire, du moins je ne m'excuse pas d'être mort. Si j'avais à m'excuser, ce serait de ne pas avoir été le grand-frère que tu aurais sans doute aimé avoir. De notre première rencontre au moment où j'écris ces mots, j'ai toujours été un peu médiocre dans mon rôle, je m'excuse. »
Mon souffle se coupe, j'ai mal, tellement mal. Pas que mon frère soit mort pour une fois, mais qu'il pense qu'il a été un mauvais frère alors que c'est tout le contraire, je l'aimais plus que quiconque. J'aurais dû lui dire que je l'aimais au lieu de lui dire de manger.
Je continue ma lecture malgré les larmes qui me brouille la vue :
« Maintenant que je ne suis plus là, j'aimerais au moins me servir de cette lettre pour jouer un peu mon rôle. S'il te plait, vie ta vie à 100%, et je ne te parle pas de sortir tous les soirs, de te saouler jusqu'au petit matin et de causer du souci à nos parents. Je te parle de faire des choses qui te feront te sentir bien à long terme. Passe du temps avec nos parents, avec tes amis. Va aller, à l'université, rencontre de nouvelles personnes, amuse-toi, mais surtout profite de ta vie à fond, parce que c'est la seule que tu as et qu'elle est précieuse. Tu as la chance d'être jeune, en santé, ne laisse pas une étape de ta vie difficile gâcher tout le reste. Je sais que tu dois te dire que je suis mal placé pour te dire ça, mais je pense quand même ces mots. J'aurais aimé avoir la chance que tu as.
Je vais m'arrêter ici, parce que j'ai trop mal à la main et que je n'aurais pas de force pour écrire les autres lettres.
De ton frère qui t'aime, Taeyong. »
Après l'avoir lu une fois, je la relis, encore et encore, comme si je souhaitais l'apprendre par cœur, arriver à la réciter sans oublier un seul mot. En fait, c'est un peu ça. Cette lettre, ce sont les derniers mots que j'aurais aimé entendre de la bouche de mon frère directement, mais malheureusement je ne peux que les lire. C'est peut-être mieux comme ça, je ne les oublierais jamais.
Quand ma mère revient, je suis sans doute à ma centième lecture. Elle me demande aussitôt comment je vais, et j'éclate en sanglot avant d'aller me réfugier dans ses bras. J'avais oublié à quel point les bras de ma mère pouvait être réconfortant.
- Ça va aller mon chéri, elle me dit en me caressant la tête.
- Il me manque tellement maman, je souffle entre deux sanglots.
- Oui, à moi aussi il me manque.
C'est la première fois que je pleure la mort de mon frère en ressentait réellement la douleur, sans rien pour l'atténuer autre que l'amour de ma mère. C'est étrange, mais ça me fait tellement plus de bien comme ça.
Est-ce que j'ai pleuré en écrivant ce chapitre? Oui. Est-ce que j'espère avoir au moins brouillé de larme votre vision pendant la lecture ? Aussi!
Encore une fois, merci d'être là chaque semaine, et j'aimerais voler une petite minute de votre temps. Ma nouvelle fanfiction (Comme des enfants, histoire BakuDeku-MHA) a quelque difficulté à prendre son envol. Je vous invite sois à la lire, ou bien même juste la partager, ça serait grandement apprécier ^^
Sinon, on se dit à la semaine prochaine!
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Montagnes russes [ɴᴏʀᴇɴᴍɪɴ]
FanfictionOn dit toujours de ne pas juger un livre par sa couverture, alors il faut encore moins juger une personne à première vue. Le fils de riche, il n'a pas nécessairement la vie de rêve. Le meilleur de la classe, ce n'est pas toujours facile pour lui d'ê...