Le dessert était enfin servi : un plateau somptueux de viennoiseries et petites vérines, qui semblaient aussi exquises que la divine hôtesse du dîner. Ses cheveux bruns tombaient sur ses épaules, pareils à une cascade aux mille reflets. Elle était éblouissante dans sa robe rouge au décolleté modeste, mais moulante comme une seconde peau.
– Oh mon dieu, s'exclama son invitée. Vous nous gâtez vraiment trop Lucinda.
– Mais non, c'est tout à fait normal.
Ses lèvres magnifiquement peintes de bordeaux s'étirèrent en un sourire charmant et faussement gêné.
– La cuisine est mon péché mignon, leur avoua-t-elle en se penchant sur la table.
– Je vois ça, répondit Clara.
Son sourire à elle était si sincère, éblouissant, naïf. Son mari, à côté d'elle, ne disait pas grand-chose, préférant laisser les deux pipelettes discuter de tout et de n'importe quoi. Il semblait aussi embarrassé des regards de biais que la magnifique femme – qui n'était pas la sienne – lui adressait.
Celle qui était enceinte attrapa une mignardise et la déposa dans son assiette.
– Donc, si j'ai bien compris, vous êtes à votre compte ? Demanda-t-elle.
– Tout à fait, répondit l'autre aimablement. Je suis sexologue.
L'invitée hocha la tête, un brin gêné. Elle émit un petit « ah » avant de croquer dans le gâteau. Lucinda partit d'un rire léger, observant le couple qui ne savait plus quoi dire.
– Vous savez, commença la brune avec un sourire éclatant, j'adore ce genre de réactions.
– Et pourquoi donc ? Demanda son mari, un peu sur la défensive.
La cuisinière planta son regard velouté dans le sien. Elle prit le temps de répondre, une moue amusée peinte sur son visage absolument magnifique.
– C'est juste que, le sexe est tabou dans notre société. Quand on a un souci concernant les rapports conjugaux, personne n'en parle.
Clara hocha la tête, absorbée par ce que disait son hôtesse.
– Pourtant, certains problèmes ne sont pas aussi graves qu'on pourrait le croire. En leur donnant trop d'importance, on peut rapidement gâcher sa vie de couple.
Elle but une gorgée de vin, le regard toujours braqué sur Vincent. Alors que sa femme était en train de piocher un autre gâteau, la brune en profita pour lui faire un sourire suggestif. Il eut un sursaut, et Lucinda ne put s'empêcher de s'amuser de l'effet qu'elle avait sur lui. Il était tout simplement craquant. Et il était surtout sa nouvelle proie.
– Enfin vous savez, reprit-elle, je n'ai pas la science infuse, mais les problèmes de couples surgissent souvent de la frustration d'un des partenaires.
La séductrice reposa son verre sur la table en bois et décroisa ses longues jambes. Elle étira l'une d'entre elles, l'approchant de celui qui captait désormais toute son attention. L'homme en demeura interdit et braqua des yeux à moitié affolés sur elle. Il jeta un regard à sa femme, gêné au possible. Droit comme un I, il n'osait plus bouger.
– Je vous envie vous savez, lâcha la blonde.
Âgée d'une trentaine d'années, Clara n'avait pas grand-chose pour plaire. Son visage était joli, mais commun, elle était petite et ses formes n'étaient pas très prononcées. Et pour finir, elle était tellement naïve que ça la rendait bête. Pour une jeune fille de seize ans, ce comportement candide était tout à fait adorable, mais pour une adulte...
– Pourquoi donc ? Demanda leur hôtesse en feignant la surprise.
Pourtant, malgré son apparence banale et son attitude enfantine, la séductrice la trouvait absolument charmante. Peut-être pouvaient-elles devenir de bonnes amies ? Enfin, rien n'était sûr après ce qu'elle s'apprêtait à faire.
– Et bien, vous êtes autonome, intelligente et vous avez un métier de rêve qui vous permet d'aider les autres.
Clara lâcha un petit soupir. La sexologue l'avait su dès l'instant où elle l'avait aperçue. Cette trentenaire souffrait d'un complexe d'infériorité et de manque flagrant de confiance en elle. C'en était presque peinant.
Pendant une vague seconde, Lucinda hésita. Elle jeta un coup d'œil à Vincent et son absence de soutien envers sa femme. Cela se voyait dans son regard, dans son attitude, dans sa manière de soupirer quand la douce Clara ouvrait la bouche.
Elle n'aimait pas les maris qui ne supportaient pas leur compagne dans la vie de tous les jours. Enfin, elle les détestait comme partenaires, mais au lit, à peu près tout passait – du moment qu'ils étaient bâillonnés.
Elle haussa un sourcil comique face à sa propre réflexion. Elle se pinça les lèvres et remonta sa jambe encore plus haut. Elle effleura le genou de Vincent, profitant de l'inattention de Clara.
– Je ne pense pas avoir quelque chose à envier. Je suis moi-même, tout comme vous êtes ce que vous êtes.
Son pied continua son voyage sous la table, se posant désormais sur la chaise. Elle eut un sourire absolument mortel pour sa nouvelle conquête. L'homme déglutit, incapable de lui demander d'arrêter.
– C'est notre différence qui nous rend toutes uniques et extraordinaires.
Lucinda se délecta de la rougeur qui montait aux joues de Vincent. Il était de plus en plus embarrassé, et se tortillait sur sa chaine comme un puceau se faisant draguer par une femme plus expérimentée que lui. Elle aimait cela quand elle recherchait des coups d'un soir.
Et surtout, elle adorait leur montrer son pouvoir, son emprise, et sauver leur compagne de l'infidèle qui sommeillait ou qui était bien réveillé. Enfin, « sauver » était un bien grand mot. Elle était un peu une salope...
– Et puis, ajouta-t-elle d'un air attendri, vous portez la vie.
Elle était sincère sur ce point-là, bien que ses intentions envers son mari ne soient pas des plus catholiques. Mais bon, elle lui rendrait un fier service par vrai ? Mieux valait être seule, qu'être accompagnée d'un être vénal en qui l'on ne pouvait pas avoir confiance. Il fallait bien l'admettre, la brune n'y était pas pour rien dans la tromperie, elle précipitait l'inévitable. Elle était la beauté et la classe incarnée.
Quand le pied de Lucinda remonta encore plus haut, vers les cuisses de Vincent, elle savait que l'homme était déjà excité.
D'un geste délicat, elle fit tomber sa fourchette par terre. Clara, qui semblait se sentir un peu mieux grâce aux paroles de sa voisine, eut un sourire tout à fait adorable.
– Quelle maladroite ! S'exclama la sexologue
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Nuée ardente
Short StoryDes nouvelles sexys, sans tabou, renversantes... Des nouvelles écrites pour vous, qui vous feront frissonner, rêver et qui vous maintiendront éveillés toute la nuit. Je suis responsable de ce que j'écris pas de ce que vous lisez. Enjoy ! ♪