Fever [Niki]

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Christopher Bang, voisin de Mme Tran
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"Ce doit être M.Bang, mon voisin, il m'aide pour mes courses, tu pourrais lui ouvrir ?"

J'ouvre la porte fébrilement. Je tombe nez à nez face à un mec, pas très grand, un grand nez.

"Bonsoir, euh mme Tran est là ? J'ai ses courses, normalement tout est là sauf ses baies de goji marinées...

-Comment ça il n'avait plus mes baies ?"

Ouf Mme Tran prend le relai et continue à parler. Bien évidemment je l'ai reconnu. Je ne vais pas garder le suspense plus longtemps... Ce fameux Mr Bang est le garçon du bubble tea. Ce qui "m'amuse" c'est son changement de gestuelle, de voix. En effet, quand il est entouré de ses potes, il se la joue un peu gros dur. Là, face à l'impitoyable Mme Tran, il ressemble à un enfant effrayé de se faire gronder par sa maîtresse.

Je cherche à m'évader au plus vite de cette atmosphère pesante. Je mets rapidement mon sac sur mes épaules, attrape ma veste tâchée et m'apprête à franchir le seuil de la porte. Jusqu'à ce que la voix autoritaire me fige:

"Tu ne dis pas au revoir ? Tu deviens impolie à l'image des gens que tu fréquentes dans ces vulgaires coffeeshop...

Je me retiens de soupirer trop fort. Mme Tran sauterait sur l'occasion et m'engueulerait davantage.

-Au revoir madame,... au revoir monsieur" je finis par répondre. Je referme la porte. Je m'enfuis littéralement en dévalant les marches de l'escalier à toute vitesse, au point d'en louper une. Par je ne sais trop quelle magie, je réussis à m'accrocher à la rampe et à me stabiliser. Je ne pourrais expliquer pourquoi je ressens ce besoin de quitter cet immeuble impérativement.

L'air frais du soir me ramène à la réalité. Cette réalité me dégoûte, je préfère m'y échapper. J'enfonce mes écouteurs dans mes oreilles. Money de Lisa me transporte dans une réalité parallèle.
Une où je serais riche, je m'achèterais tout ce que je veux même mon propre bubble tea et surtout plus besoin des maths !
Je lève ma tête et j'observe autour de moi ces lycéens fatigués, qui enchaînent cours privés sur cours privés.

À quoi bon ?! D'abord pour rentrer dans l'une des trois grandes universités de Corée, puis être embauché par Samsung ou LG avec la perspective d'enchaîner les heures sup' jusqu'à la retraite et enfin se marier, fonder une famille qu'on pourra à peine connaître ?

Je ne veux pas de cette vie ! Je ne le dis pas par flemmardise ou par rébellion adolescente stupide. Je souhaite vivre à ma fantaisie sans recevoir la pression par rapport au mariage, les enfants ou ce genre de connerie.

J'arrive enfin chez moi. Je vérifie tout de même si mon père serait revenu. Sans surprise, ce n'est pas le cas... Je regarde l'heure 22h07, Olivia doit se trouver dans son lit. Je réchauffe des restes piochés au hasard dans le frigo. Je choisis de voisiner un épisode de True Beauty sur l'ordi. Je trouve des onglets non fermés, l'un d'eux est la messagerie de mon père. Plus actif avec sa jeune "amie" en message et plus qu'avec sa fille... Il me dégoûte.

Pdv Olivia

Je me réveille la tête dans le cul. Je suis restée au tel avec Ellie toute une partie de ma nuit. Mon portable m'aveugle et, au passage, m'affiche l'heure: 9h57 et de la notification Instagram: "@nikirishimura vous a envoyé un message".
Je clique dessus et lis:
"On peut décaler à ce matin 10h30 ? J'ai un empêchement cet après-midi."

Bonjour d'abord non ? Et puis pas de « désolé », « excuse-moi » il s'est pris pour qui non mais au ?! Tous les clichés s'accordent sur le même point: les japonais sont très polis. Eh bien il doit être l'exception qui confirme la règle.