La couronne d'Edymont

Chapitre 2: Thysen

J'arrivai avec mon escorte dans une nouvelle ville. Vizulk. Cela ne faisait pas une semaine que nous étions sur la route que j'en avais assez. J'aurais voulu que cette recherche soit plus efficace. Que moins de gens mentent en espérant, par je ne savais qu'elle mauvaise tournure des événements, devenir ma fiancée. Nous aurions gagné énormément de temps. La porte du carrosse s'ouvrit. Une fois encore une foule s'était rassemblée sur la grande place. Au centre, les jeunes femmes tentant leur chance. Tous applaudirent et crièrent. Je saluai poliment comme on m'avait appris à le faire depuis l'enfance. Garder le sourire était la règle numéro une lors des sorties publiques. Le gouverneur m'accueillit. J'échangeai les salutations d'usage, puis il m'invita à rencontrer les candidates. Je me sentais différent dans cette ville. J'espérais cela signifiait que ma fiancée se trouvait ici. Pourtant, un sentiment contraire existait aussi en moi. En voyant ces filles, je savais qu'aucune n'était celle que je cherchais. Je passai auprès de chacune d'elles en faisant mon possible pour ne pas perdre de temps. Heureusement, mes aides étaient là pour me débarrasser avec tact des femmes trop persistantes. Lorsque ce premier tour fut passé, j'eus droit à une pause pour me restaurer. En attendant, d'autres jeunes femmes se présentaient. Je plaignais les nobles qui avaient traversé la même chose que moi mais avant que la vérification d'identité ne soit effectuée. A chaque nouveau jour de Comassion dans la famille royale, j'entendais la même histoire : celle qui racontait que des personnes voyageaient de villes en villes en même temps que le cortège afin de rencontrer plusieurs fois le prince ou la princesse. Désormais, ce n'était plus possible.

Après le repas, je partis marcher seul. Akki avait insisté pour m'accompagner. Je voulais être seul. Il abandonna après avoir eu ma parole que je reviendrais à l'heure. Akki était mon aide depuis presque cinq ans. Je l'avais rencontré trois ans avant qu'il ne commence à travailler avec moi lors d'entraînements. Nous avions passé beaucoup de temps ensemble pendant mon séjour au centre de formation de la garde. Nous n'avions pas gardé contact après mon départ. Ce n'était que lorsque mes parents m'avaient demandé de choisir un aide que je l'avais revu. Mon second aide était Nehmrou, la fille de la gouverneure de Sunt. Destinée à reprendre les commandes de cette grande ville commerciale, sa mère l'avait envoyée deux ans auparavant à la capitale pour être formée. Nos deux familles ayant une longue amitié, Nehmrou m'avait été assignée pour apprendre à mes côtés. Elle repartira dans moins d'un an pour sa propre Comassion.

Grâce à mon don, je pouvais me déplacer sans me faire remarquer. Avoir la capacité de se rendre invisible avait été d'un grand secours durant ma vie. J'étais plus libre de mes mouvements que le reste de ma famille qui attirait tous les regards à chaque fois que l'un dentre eux mettait les pieds hors du palais. Je marchais ainsi, à l'insu de tous dans les rues. J'étais venu dans cette ville avec mes parents pour des événements officiels, mais je n'avais jamais eu le temps de la parcourir. Etant prince, je voyageais beaucoup. J'entendais souvent que nous avions de la chance. Ce dont les gens ne se rendaient pas compte, c'était que nous ne le faisons pas par plaisir. Nous passions d'une réception à une réunion et d'une visite dun monument à une fête. Autrement dit, nous ne voyions que les salles de bals.

Soudainement, je m'arrêtai. Mes yeux avaient croisé ceux d'une jeune fille. Elle aussi s'était immédiatement immobilisée. Nous nous fixâmes. J'étais incapable de faire le moindre mouvement. Il y eut un cri - on venait de me reconnaître. A nouveau sur la place, j'étais redevenu visible. La foule bougea, je fus emmené au centre de la place. L'heure de rencontrer de nouveaux candidats était arrivée. J'étais encore plus certain que toutes les fois précédentes que ma moitié n'était pas dans ces rangs. Elle était dans la foule. Akki m'appela plusieurs fois pour me faire revenir sur terre. Je réalisai alors que mon avant-bras était douloureux. Cette marque cachée sous ma manche n'était pas une confirmation, mais une preuve.

Je me pliai une nouvelle fois à l'exercice. Gardant toujours cette femme dans la foule en tête. Pourquoi ne se présentait-elle pas ? Elle était venue ici, en ce jour, qu'elle autre raison avait-elle de se frayer un chemin sur cette place ? De plus, elle savait comme moi je savais que nous étions liés. Alors qu'attendait-elle ?

— Encore une journée infructueuse, commenta Akki.

— Mmh.

J'avais cherché toute l'après-midi, retardant par tous les moyens le moment du départ. Aucun signe d'elle. Nehmrou nous rejoignit dans le carrosse.

— Tu as l'air mécontente, Nehmrou, que se passe-t-il ? demanda Akki.

— Ces filles ! Elles sont toutes prétentieuses !

— Tu dis ça à chaque ville, répliquai-je de mauvaise humeur.

— Eh bien ici, c'est pire encore ! Elles demandent à te voir !

— Maintenant ? Pourquoi ne sont-elles pas venues plus tôt ? Thysen était là toute la journée.

— C'est ce que je leur ai répondu ! Je suis sûre qu'elles l'ont déjà vu !

— Je ne vois pas en quoi c'est différent des autres villes, Nehmrou, dis-je.

— Attends ! Il y en a une qui a même prétendu avoir la marque ! Elles inventent n'importe quoi pour t'approcher ! Elle m'a même dit que je ne faisais que repousser l'inévitable puisque tu reviendrais ici dès demain.