Chapitre 12 : Thysen

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Elle m'entraîna dans une étreinte qu'elle relâcha qu'une fois endormie. Je restai allongée près d'elle. Au début de cette nuit dans laquelle nous étions plongés, Lluliana avait vécu, survécu à tant de choses alors que je dormais paisiblement, ignorant. Cela me rendait dingue. Cet enfoiré avait trompé tout le monde et m'avait presque fait perdre la confiance de ma femme. Lorsque ses yeux étaient redevenus bruns, j'avais senti que l'heure du verdict était arrivée. Si par malheur lire mes émotions ne suffisait pas, je ne savais pas ce que j'aurais pu faire de plus. Je n'eus pas à faire face à cette éventualité. Dans notre lit, je me fis la promesse que Lr ne s'en sortirait pas. Pour le pays, pour ma famille, pour Lluliana.

La voir ainsi, endormie, fit remonter d'anciens souvenirs. Les premières nuits de notre mariage, je la regardais alors que ses yeux étaient clos. C'était les rares instants où je voyais ses traits relâchés. Durant les journées, elle était constamment préoccupée, concentrée, souriante, mais d'un sourire de façade. Je ne pouvais pas lui en vouloir. En l'épousant, je l'avais arrachée à son quotidien et à son cercle social. Le mien possédait d'innombrables règles. Il n'en existait pas moins dans le sien, cependant, les erreurs n'étaient pas diffusées à travers tout le pays. Je me souvenais que quand je la regardais dormir, je craignais ne jamais voir Lluliana heureuse. Je lui caressai doucement les cheveux.

Plusieurs heures plus tard, les recherches de la couronne battaient leur plein. Isola et Noska étaient partis dans les premiers groupes. Lluliana et moi avions rejoint le groupe d'exécution lorsqu'elle se fut suffisamment reposée et remise de ses émotions. J'avais prévu de passer du bon temps avec mon amour après avoir ramené Haahdou, les événements récents en avaient décidé autrement. Nous allions devoir attendre encore un moment. Mes parents étaient penchés sur la carte du pays, gérant toutes les informations qui leur parvenaient. J'étais reconnaissant de ne pas être l'héritier, ma sur fera un bien meilleur travail que ce que je pourrais faire. En fait, elle le faisait déjà, depuis plusieurs années, elle se préparait à prendre leur place en les aidant activement. Nous savions tous que mère et père étaient satisfaits de ses capacités et rassurés. Je la vis traverser la salle au pas de course, nous saluant à peine. Dans sa main, une missive, à voir la réaction de mes parents ce n'étaient pas de bonnes nouvelles.

— Que se passe-t-il ? demanda Lluliana qui s'était rapprochée du groupe sans que je ne m'en aperçoive. Cette lettre n'a pas l'air d'être réjouissante.

Je la rejoignis.

— Ce ne sont pas non plus de mauvaises nouvelles, nous informa mon père. Nous pouvons réduire la surface territoriale de quelques kilomètres mais je continue à maudire nos ancêtres qui ont fait un trop bon travail au temps des conquêtes, se plaignit mon père.

— Au moins les frontières sont complètement bloquées, ajouta ma mère. Il n'y a plus aucun passage, ni d'un côté, ni de l'autre, ni terrestre, ni aérien, ni marin.

— Cela ne fait que diminuer leurs chances de sortir du royaume, tempéra Nahnko, je continue de craindre qu'ils nous filent entre les doigts.

Cette perspective ne réjouissait personne, ce qui imposa de suite un silence pesant dans la salle.

— Je ne crois pas que sortir du pays soit dans leurs intentions. Ce n'est qu'une intuition mais de ce que j'ai pu voir du désir de Lr, l'étranger ne l'intéressait pas.

— Ce n'est pas avec des intuitions que nous irons très loin, railla Nehmrou.

Je n'en attendais pas moins d'elle. Cependant, nous ne pouvions pas lui donner tort. Lluliana fut même la première à le reconnaître. Maintenant, il était urgent que nous mettions en place notre prochain mouvement. Ainsi que former des plans pour chaque lettre de lalphabet au cas où nous ne parviendrions pas à récupérer la couronne d'Edymont à temps.

La couronne d'EdymontOù les histoires vivent. Découvrez maintenant