Chapitre 15 : Lluliana

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Seule dans ma chambre, je profitais du rare temps de repos qui métait accordé. Depuis que Thysen avait été relâché, javais vécu un enfer. Lorsque Lr mavait parlé de « travail à faire », je ne mattendais pas à effectuer des entraînements à longueur de journée. Cétait très éprouvant. Mais les résultats étaient là. Javais sans doute plus progressé en un mois que si javais suivi la formation traditionnelle pour le N.E.C. pendant un an. A quel prix ? Au prix dheures sans fin dans les salles de musculation, des heures de combat contre dautres apprentis dabord puis contre des mercenaires confirmés au fur et à mesure que mon niveau sélevait. Cela ne changeait pas vraiment de lenseignement au palais. Ce qui différait cétait les punitions pour chaque échec. Et elles nétaient pas faites de tractions supplémentaires, de tours de terrain en sprint ajoutés mais de coups ou dheures dans les salles disolement. Cétait de la torture. Ces pièces étaient isolées de tout. Du chaud, de la lumière et du bruit. Une fois la porte refermée, cétait une longue attente qui débutait. Aucune distraction nétait possible. Nos pensées finissaient donc immanquablement par revenir à lexercice raté. On analysait nos mouvements - et ceux de ladversaire lorsquil sagissait dun combat - jusquà comprendre et retenir nos fautes. Quand il ny avait pas de faute à proprement parler mais de la fatigue, on apprenait à sendurcir lesprit. Javais gagné en puissance, incontestablement. Au passage, javais perdu quelques plumes. Insouciance, joie, je préservais encore de lempathie pour le moment, javais cultivé la colère, la dureté.

Maintes fois javais imaginé menfuir, ne supportant plus le traitement que lon minfligeait. Maintes fois javais pleuré dans mon lit en pensant à Thysen, Risa, Akki et Nehmrou, le reste de la famille Abredringa, mes parents et Varda. Ils étaient la raison pour laquelle je nétais jamais passé à laction : je craignais que quelque chose leur arrive si je désobéissais. On me bloquait toutes les informations extérieures, je ne savais pas où était ma famille, dans quel état, rien. Mon ignorance était la chaîne qui me retenait dans cette guilde. Je métais alors construit une carapace pour supporter, pour survivre à cet enfer. Lorsque je fus envoyée me battre en situation réelle, je la portais. LorsquElofy mavait présentée au pays entier, je la portais. Lorsque javais affronté Isola, elle sétait fendue. Jeus vite fait de la réparer.

Mes pensées voguèrent jusquà Thysen. Elles mempêchaient de dormir. Je savais que le temps où je devrais me battre contre lui sapprochait. Javais déjà affronté quelquun de sa famille, jétais persuadée que bientôt, ce serait lui-même. Je ne savais pas ce que je devrais faire. Je ne faisais pas confiance aux chefs de guildes. Sauf sur un point : faire ressentir à la famille royale et souveraine toute la haine quils éprouvaient.

Je me redressai au son de la porte toquée.

— Oui ?

— Madame Elofy veut vous voir tout de suite dans la grande salle, minforma une voix.

— Très bien, jarrive.

Je soupirai et mhabillai. Dans les couloirs, les gens sécartaient pour me libérer le chemin. Dans une guilde, cétait le signe que nous étions respectés Ou craints. Javais récolté un il au beurre noir pour navoir pas évité un mercenaire lorsque jétais au début de ma formation. A présent, cétait à lui de sécarter.

La guilde dAmaryllis étant la plus grande et puissante de toutes, elle accueillait le conseil des chefs. Ce ne fut donc pas une surprise lorsque je me retrouvai face à lui. Par précaution, on ne minformait jamais à lavance des plans. Je navais aucune idée du sujet du jour. Tous assis le long de la table, les hommes et les femmes me regardèrent. Je ne me sentais pas rassurée, je savais parfaitement que je navais pas répondu à leurs attentes ce matin. Affronter Isola signifiait une chance de neutraliser un membre de la famille souveraine et infliger à cette dernière un sérieux handicap, chance que je navais pas prise. Etonnement, personne ny fit mention, pourtant, il ny avait aucun doute quils savaient ce que javais fait.

La couronne d'EdymontOù les histoires vivent. Découvrez maintenant