Chapitre 11 : Lluliana

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Il devint comme une obsession pour moi. Parfois j'en voulais à mon don de ne me laisser voir que la moitié de ce que les gens avaient dans la tête. Soit c'était tout, soit c'était rien. Je n'avais ni l'un ni l'autre. Les sentiments que j'avais vus chez Lr étaient indéniablement inquiétants. Il désirait de tout son être quelque chose. Je n'avais pas pris beaucoup de temps à comprendre qu'il s'agissait de la couronne - ses émotions s'agitaient à chaque mention de cette dernière. Cependant, cela ne signifiait pas encore qu'il allait la voler, qu'il était un mercenaire, un traître. C'était pourquoi j'en voulais à mon don. J'avais lu de la jalousie, de la colère et bien d'autres émotions, cela ne voulait pas dire que leurs propriétaires allaient laisser le contrôle à ces sentiments.

Je me retrouvai donc dans la situation où nous étalions l'entièreté du plan de sécurité à un potentiel espion sans pouvoir le dire ouvertement. Accuser quelqu'un avait des conséquences. Accuser de traitrise un membre du N.E.C. non seulement entrainait des conséquences, mais elles étaient dix fois plus grandes. Un membre devait jurer fidélité au pays, aux souverains, rares ont été ceux qui avaient osé trahir la confiance placée en eux. Ils avaient tous payé pour leurs actes. Ils avaient fait scandale. Mais moi, moi je n'avais aucune certitude. Et encore moins de preuve ! Grâce à Risa, je parvins à prévenir Thysen à qui je faisais confiance pour m'aider à me dépêtrer de ce problème. En attendant qu'il trouve ou que je trouve une solution, je continuai à scruter l'esprit de Lr. Je ne savais pas comment il est parvenu à faire partie du N.E.C. car je pouvais fouiller en long et en large sans qu'il ne tilte.

Tout au long des manuvres, Thysen et moi surveillions Lr. Le soir-même nous discutâmes avec Ydriel et Diozè de nos inquiétudes. Contrairement à Thysen, ses parents rirent de mes craintes. Du roi, cela ne m'étonna pas. Il avait entièrement confiance en le N.E.C. La réaction de sa femme en revanche me surprit. Tous les deux se tenaient à la perfection en public, comme l'exigeait leur position. En privé, Diozè était totalement différent. Il riait facilement, il était plus détendu. Ydriel était plutôt à rester dans son rôle. Non, en fait, ce n'était pas un rôle, c'était elle. Ne montrant que peu ses humeurs. Calme, paisible, souriante. En aucun cas à éclater de rire comme elle venait de le faire. D'autant plus pour un sujet sérieux comme celui-ci. En général, ils prenaient la peine d'écouter les avis de leurs enfants, sans forcément en tenir compte par la suite. J'étais perdue.

Thysen parut se contenter des paroles de ses parents. Ils avaient veillé sur lui depuis sa naissance ainsi que sur le royaume avec succès. Moi par contre je peinais à le faire. Ne les connaissant - personnellement - que depuis un peu moins de deux mois, je n'avais pas la même confiance en leur jugement. Je décidai de continuer à surveiller Lr sans plus en parler à personne. Les heures passaient, Haahdou avait réussi à diminuer la radiation de la couronne. C'était une bonne nouvelle, insuffisante. Des rapports étaient parvenus au palais annonçant que des groupes de mercenaires étaient train de s'agiter.

Le soir, Thysen vint me trouver dans le jardin.

— Je croyais que tu étais allé te coucher, dis-je.

— Je n'arrive pas à dormir, je m'inquiète au sujet de la couronne.

— Ne m'avais-tu pas dit que tu avais appris à gérer ce genre de situations ?

Je le taquinais mais je voyais qu'il était stressé, je lui pris la main. Cette dernière se crispa légèrement à mon contact. Cela m'alerta. Mes yeux passèrent sur la moindre parcelle de son corps. Il se tenait légèrement différemment que d'habitude. Son épaule droite était toujours plus haute que l'autre, ce soir, elle était alignée à sa jumelle. Il y avait aussi quelque chose par rapport à ses jambes qui différait, même si je ne pouvais mettre le doigt dessus.

La couronne d'EdymontOù les histoires vivent. Découvrez maintenant