Chapitre 5 : Lluliana

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J'indiquai le chemin au prince Thysen. Il avait préféré se déplacer chez moi à cheval plutôt qu'avec le carrosse. Il voulait quelque chose de plus discret afin de ne pas être dérangé par les gens lors de la visite. Son aide, répondant au nom d'Akki, nous suivait. Devant ma maison, il resta dehors avec les chevaux. Je conduisis Thysen dans les couloirs et les escaliers. Devant la porte d'entrée, je me retournai et le regardai pour la première fois depuis que nous étions sortis du carrosse.

— Je sais que cela ne se fait pas de vous faire attendre, commençai-je prudemment, mais puis-je vous demander de me laisser parler à ma famille avant de vous faire entrer ? Je ne leur ai rien dit, je veux juste les prévenir.

Il fit un pas vers moi et me prit ma main gauche. Il sortit de sa poche un petit anneau argenté qu'il me passa à l'auriculaire. Je le regardai, interloquée.

— Lluliana, à partir d'aujourd'hui, vous avez le droit de me faire attendre.

Il déposa un baiser sur la fleur qui ornait la bague. Je le remerciai rapidement et entrai. J'observai l'anneau, adossée à la porte. Je ne savais pas ce qu'il signifiait, mais il était magnifique. Dans ma poitrine, mon cur s'emballait, mes joues ainsi que mes oreilles devaient être cramoisies, je transpirais.

— Lluliana ? appela mon père. Où étais-tu ? Tu as disparu toute la journée. Viens m'aider pour le repas ! On raconte que le prince a trouvé sa moitié ici, dans notre ville ! Ne trouves-tu pas que c'est incroyable ?

— Où est Maman, interrompis-je inquiète de faire attendre Thysen derrière la porte.

— Je suis là, petit chat.

— Je dois vous annoncer quelque chose.

— Pourquoi es-tu si sérieuse ? Chéri, viens au salon écouter ce que notre fille a à nous dire.

— Varda n'est pas là ?

— Si. As-tu besoin quelle entende aussi ? Varda ? Varda ! Viens une minute, ta sur veut nous parler.

Je grimaçai à l'idée que Thysen entende ces cris. Les murs ne sont pas les mieux isolés du pays ! J'attendis que ma famille soit assise pour leur annoncer la nouvelle. Malgré mes supplications pour qu'elle reste calme, ma mère ne put s'empêcher de chanter sa joie, mon père me reposa trois fois la même question sur un ton assez poussé afin de s'assurer qu'il avait bien saisit ce que je venais d'annoncer, et ma sur, c'était la pire de toute. Telle une enfant devant un nouveau jouet, elle sautait autour du canapé en criant que sa petite sur était devenue une princesse. Quand ma mère apprit qu'il était devant chez nous, elle me pressa pour le faire entrer. Je ne manquai pas de me faire réprimander. Je préférais cependant que mes parents me rabattent les oreilles avec leurs remontrances, plutôt qu'ils se présentent devant le prince sans avoir été prévenus et qu'ils ne se mettent plus l'embarras que ce qu'ils venaient de faire. Je demandai une nouvelle fois de faire attention à leur attitude, sans grand espoir. J'ouvris la porte. Le premier prince du pays était toujours là, je n'avais pas rêvé. Je l'invitai à lintérieur et m'excusai par avance des manières de ma famille. Il me sourit et m'assura qu'il ne s'en souciait pas. Pourtant, après les salutations, ma sur se jeta presque à son cou et j'étais certaine qu'il avait détesté ce mouvement malgré que son visage soit resté impassible. Quand mes parents et Varda se furent calmés, ils me demandèrent de leur raconter toute l'histoire. Ils ne s'étaient méfiés de rien. Ni le jour de la Comassion, ni aujourdhui. Je restai laconique. Je leur dis que j'avais ressenti quelque chose quand Thysen avait posé sa main sur la pierre et que je m'étais rendue à la grande place. Thysen leur raconta notre rencontre dans la foule et les derniers événements qui s'étaient déroulés moins d'une heure auparavant.

La couronne d'EdymontOù les histoires vivent. Découvrez maintenant