Chapitre 17 : Lluliana

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Quelques temps après le départ de Risa et Thysen, on me conduisit dans ma chambre. Javais eu le temps dentendre les rumeurs. Il y avait eu un combat. Javais échoué. Je le savais déjà puisque linfirmerie était en ce moment pleine à craquer de soldats. Ce que javais ignoré jusque-là, cétait que lhôpital dHerlev létait aussi de la population. Risa avait soigneusement évité le sujet à mon réveil. Je navais même pas pensé à lui poser davantage de questions. A présent seule dans mon lit, je me torturais lesprit. Quest-ce que jaurais dû faire ? Est-ce que si javais fait ceci ou cela, il y aurait eu moins de morts, de blessés ?

— Arrête ça tout de suite.

La voix grave de mon mari coupa court à mes questions. Mes yeux quittèrent le plafond et se posèrent sur lui. Il était appuyé contre le mur, les bras croisés. Il portait encore son habit de combat, seules ses chaussures avaient étaient retirées. Il sourit. Il avait lair épuisé.

— Je sais à quoi tu penses.

— On dirait que je nai fait quaggraver la situation, lui confiai-je.

— Les gens du peuple te sont reconnaissants.

Jhaussai les sourcils.

— Sont-ils reconnaissants que je les aie encore plus impliqués dans cette bataille ? Ce nétait pas vraiment mon objectif.

— Tu voulais les protéger. Ils le savent. Jai croisé un groupe qui ma demandé comment tu allais et je suis chargé de te transmettre leurs vux de rétablissement.

Tout en me parlant, il se rapprocha du lit.

— Et Marlaine, linfirmière, ma dit que grâce à toi, le peuple sétait soulevé pour lui-même. Elle ma dit que nous ne pouvons pas tout le temps être protégés par les autres. Lluliana, tous ces gens sont descendus dans la rue de leur propre chef, pour défendre ce quils pensaient juste, pour se protéger. Alors je tinterdis de ten vouloir pour les morts et les blessés.

Il était à présent agenouillé, sa main dans la mienne. Ma vision était trouble. Beaucoup de sentiments se bousculaient en moi. Une larme roula au coin de mon il. Thysen rapprocha ma main de ses lèvres et les frotta contre elle avant de lembrasser.

— Nous honorerons les morts comme il se doit, daccord ? murmura-t-il.

Je hochai la tête. Savait-il que cette larme nétait pas uniquement pour ces gens disparus ? Savait-il quelle était faite de tristesse aussi bien que de joie ? La joie dêtre de retour à la maison, avec lui. Je tirai doucement sur son bras pour lui faire comprendre que je désirais quil me rejoigne. Son sourire revint. Il se leva et se pencha sur mon front.

— Laisse-moi le temps de me doucher, murmura-t-il.

Je sentis ses lèvres juste en-dessous de mon bandage, puis il se retira dans la salle de bains. Jentendis bientôt leau couler. Lorsquil réapparut, il tenait une serviette dans les mains avec laquelle il séchait ses cheveux roux foncé.

— Comment va Diozè ?

Il déposa le linge sur la commode et monta dans le lit avant de me répondre.

— Il sest réveillé. Daprès Varianne cest une bonne chose même sil nest pas encore hors de danger. Si tu lavais vu, il avait lair si faible et fragile.

— Mais il ne lest pas, Thysen. Ton père est robuste, il va guérir.

Il se mouva dans le lit avec toutes les précautions du monde, je sentis ses bras un peu hésitant faire leur chemin autour de moi. Mon crâne me faisait terriblement mal, je ne bougeai donc pas. Mes mains senroulèrent sur le bras droit de mon homme. Ce dernier enfouit son visage dans le creux de mon cou, sa respiration provoqua des frissons dans lentièreté de mon corps.

La couronne d'EdymontOù les histoires vivent. Découvrez maintenant