Chapitre 4 : Thysen

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J'étais sorti avant que Nehmrou ait fini sa phrase. Finalement, elle était venue ! Je n'avais parlé à personne de cette fille. Je comptais le faire sur le chemin. Quant au fait de revenir dans cette ville uniquement, je n'avais pas encore pris les dispositions nécessaires. Il était donc impossible que quiconque en ait entendu parler. Akki et Nehmrou me suivirent.

— Prince Thysen ! Vous croyez cette fille ? demanda Nehmrou, utilisant la forme de politesse qui se devait en public.

Je ne lui répondis pas. A quelques mètres, un petit groupe faisait du bruit. Je me dirigeai de suite vers lui. Des insultes me parvinrent et je vis une jeune fille se faire tourmenter. Non, pas une jeune fille, ma fiancée. Cette vision me fit bouillir intérieurement.

— Pour qui te prends-tu pour demander à voir le prince ?

« Et toi ? Pour qui te prends-tu pour la mépriser ? » répliquai-je dans mes pensées.

— Me voici, mannonçai-je en fendant le groupe.

Ma fiancée s'inclina. Un sourire étira mes lèvres d'une oreille à l'autre. Elle ne fut plus ma fiancée, mais mon épouse lorsque je lui pris la main. Elle se redressa.

— Savez-vous qu'insulter un membre de la famille royale a des conséquences ?

Je me tenais à côté de ma partenaire. Enfin, elle était proche de moi. La recherche était terminée.

— Nous n'oserions pas vous manquer de respect, Altesse, me dit une fille à la voix mielleuse.

— Je ne parle pas de moi, mais de la femme à ma gauche. La pierre nous a liés, elle fait donc désormais partie de la famille souveraine. Je vous prie donc de lui montrer le même respect que celui que vous dites avoir pour moi. Maintenant, veillez nous excuser, mais nous avons à faire. Mesdemoiselles, passez une belle soirée.

J'emmenai avec moi ma femme. Je la fit monter dans le carrosse et demandai à mes aides de nous laisser seuls. Akki m'adressa un clin d'il avant de refermer le battant. J'avais des questions qui brûlaient mes lèvres. Je voulais savoir pourquoi elle n'était pas venue me voir plus tôt. Cependant, je savais que ce n'était pas le bon moment. Je me retins donc et lui demandai plutôt son nom.

— Je m'appelle Lluliana, Altesse.

— Lluliana. Je suis navré pour ce qui s'est passé. Je n'avais pas informé mes aides de notre reconnaissance. J'espère que ces filles ne vous ont pas blessée.

Elle secoua la tête. Visiblement, elle était encore un peu bouleversée. Je ne savais pas quoi faire. La prendre dans mes bras me semblais un peu prématuré. J'attendis quelques minutes afin qu'elle puisse se remettre de ses émotions. Nahnko avait raison. Elle nous avait raconté il y a plusieurs années sa rencontre avec son mari. Une phrase m'avait marqué : « Je l'ai vu et mon centre de gravité a changé. » A l'époque, je ne pouvais pas comprendre ce que cela signifiait. Je comprenais bien sûr l'idée, le côté rationnel, mais pas l'émotionnel. Aujourd'hui, je comprenais. Je venais de rencontrer cette fille, et pourtant, j'étais inquiet pour elle et rien ne me semblait plus important. Mon centre de gravité avait changé.

— Je suis à présent censé me présenter à votre famille, mais l'heure est bien avancée. Peut-être est-il trop tard pour que je me rende chez vous ?

— Non, ça va.

— Dans ce cas, allons-y.

La couronne d'EdymontOù les histoires vivent. Découvrez maintenant