Chapitre 6 : Thysen

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Lorsqu'Akki nous rejoignit pour annoncer le programme de demain à la famille (en réalité il concernait principalement Lluliana), je vis le visage de cette dernière devenir blême. Devenant ma femme, elle devenait également princesse. Il y avait des choses auxquelles elle n'échapperait pas. Les premiers rendez-vous étaient réservés aux stylistes. Une garde-robe serait constituée sur mesure pour toutes ses apparitions publiques et une seconde pour sa vie de tous les jours. Ceci prendrait la matinée complète. Puis, elle assisterait à son premier cours sur l'étiquette. En alternance avec celui de politique pour les semaines qui suivraient. Le soir, nous assisterons tous au bal donné par une tante à l'occasion de son anniversaire de mariage. Courber cet événement aurait été une motivation suffisante pour poursuivre mon voyage. Je n'avais plus aucune excuse pour ne pas m'y rendre. Je fis signe à mon aide de se taire pour le moment, Lluliana n'avait pas besoin de savoir que les jours à venir seraient encore plus éprouvants. Je l'observais du coin de l'il depuis notre arrivée au palais. Elle se débrouillait bien. Elle avait même réussi à faire parler ma petite sur, ce qui n'était pas gagné. S'ils ne le montraient pas, je savais que mes parents l'appréciaient aussi. Quant au reste de ma fratrie, je ne pensais pas qu'elle s'était fait son avis.

— Risa, dis-je, pourquoi tu n'accompagnerais pas Lluliana demain ?

— Mère ! Puis-je ? se réjouit immédiatement ma sur.

— N'avais-tu pas réservé cette journée pour t'entraîner ?

— Je peux me débrouiller toute seule, ce n'est pas un problème, s'inquiéta Lluliana.

J'étais heureux de constater qu'elle se préoccupait des autres. Depuis le début des préparatifs pour ma Comassion, je craignais être lié à une fille désagréable, pour le moment je ne voyais aucun signe allant dans ce sens chez ma femme. Ma femme, pourquoi prenais-je tant de plaisir à la nommer ainsi ?

— Je dessinerai pendant son cours ! Je veux vraiment l'accompagner, Mère. S'il te plaît.

— Risa, tu disposes de ton temps comme tu le souhaites. Cependant, tu connais la règle. Tu ne peux pas nous demander un autre jour de congé.

Lluliana sourit, je me surpris à me faire la réflexion qu'elle est belle. Sa journée sera longue, il serait bien qu'elle aille se coucher. Elle ne pouvait réprimer plus longtemps ses bâillements et ses paupières tombaient toutes seules. Je me levai et annonçai que je me retirais. J'invitai Lluliana à venir avec moi. Elle hocha la tête et souhaita une bonne nuit aux autres. Akki sortit avec nous. Je conduisis Lluliana jusquà mes appartements qui étaient également les siens à présent. Ils se situaient au bout du couloir de l'avant-dernier étage. Devant la porte, deux gardes nous saluèrent. Akki nous ouvrit qui donnait sur un hall ovale. Lluliana afficha un visage surpris. Ayant depuis toujours vécu dans des palais et les personnes que je fréquentais le plus également, j'oubliais parfois que la plupart des gens se contentaient de plus petites pièces.

— Voici mes appartements, ces deux premières portes, à droite et à gauche sont les chambres de mes aides.

— Dailleurs je vais me coucher, Altesse.

Akki entra dans la pièce à droite. Nehmrou devait être dans la sienne depuis un moment. Etant la fille d'une gouverneur, elle prenait moins la peine quAkki de m'annoncer lorsque son travail était terminé. De toute manière, si je lui demandais quelque chose malgré l'heure tardive, elle s'exécutait, alors je ne me souciais pas de ce détail.

— Les deux salles suivantes sont un salon et mon atelier.

— Un atelier ? Qu'est-ce que vous y faites ?

Je pointai un doigt vers la bague que je lui avais donnée dans la journée. Elle leva lentement sa main au niveau de son visage.

— C'est vous qui l'avez faite ? me demanda-t-elle d'une voix enjouée. Je la trouve magnifique ! D'ailleurs, je ne vous ai pas remercié.

— Ce n'est pas la peine.

— Si ! Elle est vraiment très jolie, merci.

J'étais très heureux qu'elle l'apprécie. J'étais en train de tomber amoureux d'elle beaucoup trop rapidement. Je gravis les quelques marches qui menaient à deux escaliers se faisant face. Je marchai vers la porte entre les deux. Elle donnait sur un balcon.

— Nous avons vue sur les jardins, d'ici. Malheureusement, nous ne voyons rien pour le moment. Il faudra attendre demain.

— Les étoiles sont magnifiques ! Chez moi, il y a trop de lumière dans le quartier pour les voir aussi lumineuses !

Sa tête est renversée, son regard planté dans l'immensité du ciel.

— Je vous ai vue discuter avec oncle Betth au souper. Il est lui aussi un grand fan des étoiles.

— Il est astronome, il connaît le nom de chacune d'elles, leur composition, les constellations, je ne sais que les regarder. Nous ne pouvons pas être comparés.

— Il pourrait vous apprendre. Il en serait ravi. Oncle Betth aime parler de son savoir.

Lluliana resta ainsi encore plusieurs minutes. Je n'osai aucun mouvement, aucune parole. Je ne voulais pas qu'elle se sente pressée de revenir sur terre. Je la vis soudainement se crisper. Elle baissa immédiatement ses yeux. Je continuai la visite en prenant les escaliers qui arrivaient à notre chambre. Je m'arrêtai sur la galerie.

— Ce n'est pas très grand, mais j'étais seul et je ne reste que peu de temps ici. Ça me suffisait. En face, il y a mon bureau, je ne l'utilise que très peu, je travaille souvent dans celui qui se trouve dans le bâtiment officiel. La seconde n'est pas utilisée, elle sert en quelque sorte de débarras. Aménagez-la comme vous le souhaitez.

— Vraiment ?

— Oui. Il y a un bureau qui vous attend contiguë au mien de l'autre côté. Je demanderai demain à ce qu'on vide cette pièce-ci. Pour finir, notre chambre est derrière nous. (Je la fis entrer avant moi.) Vous pouvez inviter vos amis dans la suite, mais je souhaite que vous ne fassiez entrer personne ici. Akki et Nehmrou n'entrent pas dans cette pièce sans mon autorisation. C'est le seul endroit où l'on ne vient pas me déranger, je veux que cela persiste. Je suis certain que vous me comprendrez après quelques semaines en notre compagnie.

— Je pense déjà comprendre. Vous et votre famille êtes sans cesse exposés. Un endroit comme celui-ci où vous pouvez être complètement vous-même est important.

Elle avait saisi à la perfection tout ce que je n'avais pas dit, j'en fus impressionné. Je lui montrai le petit salon, la salle de bains avec un accès direct sur le dressing - qui avait été en partie vidé pour elle - et la chambre tout au fond de la pièce.

La couronne d'EdymontOù les histoires vivent. Découvrez maintenant