La couronne d'Edymont

Chapitre 10 : Thysen

Nous avancions moins vite qu'au début de la journée. Nehmrou ne pouvait plus nous guider depuis que nous étions entrés dans la forêt. Cette dernière n'était que très peu fréquentée. Et encore, ceux qui s'y aventuraient restaient à moins d'un kilomètre de la lisière. Il n'y avait rien de particulièrement plus dangereux que dans n'importe qu'elle autre forêt du royaume. Pas de bête monstrueuse, pas de plantes mortifères. Elle était seulement difficilement praticable. Nous dûmes laisser les chevaux derrière nous.

— Nous aurions dû prendre Nahnko avec nous, plaisanta ma sur, elle aurait pu soutirer des informations à ces bêtes.

— Je peux me téléporter dans les alentours pour être sûre que nous ne passons pas à côté de ce vieillard sans nous en rendre compte, proposa Nehmrou.

— Non. Tu risques de te perdre.

— Thysen, je maitrise mon don, je sais revenir d'où je suis partie.

— Je ne veux pas prendre de risques.

— Il a raison, argumenta Noska, la forêt est trop dense pour nous séparer.

Le voyage se poursuivit sans changement. Des arbres, des plantes, des animaux qui fuyaient à notre passage étaient les seuls éléments que nous percevions. Je commençais sérieusement à me demander si nous ne tournions pas en rond. Ce n'était pas une sensation agréable.

— Il nous faut une autre approche, nous ne pouvons continuer ainsi, déclara Isola.

Le problème était que personne ne savait quoi faire d'autre que de mettre un pied devant l'autre. Du moins c'était ce que je croyais jusqu'à ce que ma femme intervienne.

— Je reviens.

Sans autres explications, Lluliana prit soudain de l'altitude. Nous la perdîmes de vue, les feuillages eurent vite fait de l'engloutir. Je ne baissai pas les yeux avant qu'elle ne redescende. Je fus soulagé en la voyant.

— Un peu plus vers l'Est, il y a de la fumée, nous rapporta-t-elle.

— Tu penses que ça peut être Haahdou ? questionna Noska.

— Aucune idée, je n'ai pas vu de bâtiment non plus. La fumée pourrait provenir d'un feu de camp, mais compte tenu de la distance où nous nous trouvons de la lisière,

— N'importe qui ne viendrait pas jusqu'ici, coupa Lr.

— Ce n'est pas non plus comme si nous avions d'autres pistes, tentons notre chance. Nous aviserons de la suite une fois sur place. Lluliana, tu nous guides.

— Très bien.

— Attendez ! cria Nehmrou. Tu sais léviter et ce n'est que maintenant que tu nous le dis, Lluliana ? On aurait pu s'éviter une nuit dans le froid, marcher à l'aveuglette et par-dessus tout, on aurait pu gagner du temps si nous avions survoler cette forêt au lieu de la traverser !

Tous les regards convergèrent vers mon aide. Son attitude envers Lluliana commençait à m'agacer. Je ne lui demandais pas de devenir sa meilleure amie, simplement de la respecter.

— Ne dis pas n'importe quoi ! grondai-je. Supporter autant de gens avec sa magie est épuisant, tu le sais très bien.

— Ce n'est pas pour cela que je n'ai pas proposé de vous faire léviter, se défendit Lluliana. Mon don est assez puissant pour y parvenir, au moins sur quelques kilomètres et je le contrôle.

Ma femme tendit ses bras devant elle et fit s'envoler Nehmrou. Cette dernière disparut à son tour dans les couronnes des arbres avant de redescendre plus pâle que jamais. Et pour une fille du Sud, c'était fort ! Elle s'effondra sur l'herbe, à deux doigts de rendre son dîner.