Chapitre 3 - Tomas

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L'expression « une fois n'est pas coutume » a perdu tout son sens dans ma relation avec Javi parce qu'une nouvelle fois je rends les armes face à lui et lui laisse le volant de la voiture. L'accord de changer de conducteur toutes les deux heures est rapidement parti en fumée. Dès le premier changement en fait... Clairement, je n'ai pas envie qu'on se prenne la tête dès les premières heures du voyage. Déjà que le trajet va être long et tendu, je ne vais pas ajouter de l'huile sur le feu. Alors, je décide de prendre sur moi.

De ce fait, je profite d'être libre de mes mouvements pour prendre mon téléphone et envoyer un message à Carla.

[Tomas] Ton frère est toujours aussi charmant ; ) c'est vraiment un réel plaisir d'être son compagnon de voyage. Comment va Bertrand ? Des nouvelles ?

La réponse arrive rapidement :

[Carla] Tu vois que c'est un ange :) Puis de toute façon, je suis sûre que vous êtes comme deux cons à vous ignorer royalement. Non, pas plus de nouvelles qu'à notre arrivée. Il est vraiment amoché.

[Tomas] T'as placé une caméra dans la voiture ? ou un micro ? Ah merde à ce point-là ?

[Carla] Pas besoin je vous connais par cœur! Deux têtes de mule coincées dans la même voiture, c'est sûr que ce n'est pas la fête. Oui, les premiers retours des médecins ne sont vraiment pas bons. C'est un miracle que Bertrand soit encore en vie. L'autre conducteur est décédé sur le coup...

J'émets un hoquet de surprise en lisant son message qui a pour effet d'alerter Javi. Il regarde brièvement dans ma direction. Je l'ignore.

[Tomas] Ah oui! C'était violent comme accident. Il ne faut pas perdre espoir, Bertrand est un homme en bonne santé qui prend soin de lui, je suis sûr qu'il a un cœur de battant. Et comment va Manu? sa famille?

[Carla] Oui, espérons qu'il sera assez fort pour s'en sortir. C'est difficile, Manu n'est que le fantôme de lui-même depuis que nous sommes arrivés mais ce n'est rien à côté de sa mère et de son frère. Ils sont complètement désemparés. Je ne sais pas si je peux être à la hauteur. J'ai peur.

Je souffle. Cette situation est vraiment merdique. Si seulement je n'avais pas accepté le voyage en voiture nous serions tous ensemble et j'aurais pu soutenir Carla et Manu. Je regarde ma montre : 23h45. Le trajet va être long, très long. Saleté de destin!

[Tomas] J'aimerais tellement pouvoir être avec vous pour vous soutenir. Surtout toi. Pour moi, tu es la mieux placée pour aider Manu dans cette épreuve. Tu as vécu sa situation. Tu as même vécu pire parce qu'il n'y avait pas eu d'espoir pour ton père. Tu es forte et moi je sais que tu seras à la hauteur. Malgré la situation, Manu est chanceux de t'avoir à ses côtés parce que, même si tu en doutes, je sais que tu seras parfaite pour l'accompagner durant la longue attente. Je t'aime.

J'attends quelques minutes. Pas de réponse. D'habitude, on se répond toujours du tac au tac. Je sens le stress me gagner. Peut-être que je n'aurais pas dû parler de son père. Mon téléphone vibre.

[Carla] Tu m'as fait pleurer petit malin et Manu s'est inquiété. Merci d'être là. Merci pour tout, parce que tu oublies quelque chose... quand papa est décédé, c'était toi mon roc. C'est grâce à toi que j'ai réussi à me relever. Et je n'aurais jamais assez d'une vie pour te remercier.

Maintenant c'est elle qui va me faire pleurer...

[Carla] J'arrête là pour les compliments sinon tu vas pleurer et je ne voudrais pas que tu te ridiculises devant mon frère ;) En parlant du loup, tu ne penses pas que vous devriez profiter de cette virée en amoureux pour discuter et arranger votre relation ?

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