Chapitre 19 - Tomas

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Je marche depuis une bonne heure en direction de chez moi. Dans ma fuite précipitée, je n'ai pris en compte mon absence de voiture qu'une fois dans la rue. Comme il est hors de question que je remette un pied chez les Massura ce soir, je n'ai pas hésité une seule seconde en prenant la résolution de rentrer à pied. Je n'ai absolument rien compris à ce qu'il vient de se passer. Tout est allé si vite... Une seconde Carla est dans mes bras et la suivante elle se transforme en juge tyrannique. Je ne l'ai que rarement vue dans cet état et jamais contre moi. J'espérais que marcher me permettrait de me calmer mais c'est tout l'inverse. Plus j'enchaine les pas, plus la colère monte. Je suis à deux doigts d'exploser, quasiment prêt à faire demi-tour et affronter Carla. Non mais, qu'est-ce qu'il lui a pris de réagir comme ça ?! C'est quoi son problème sérieusement ?

Javi et moi avons couché ensemble, et alors ? Je ne vois pas où est le problème. D'ailleurs, je n'arrive pas à comprendre comment elle a pu le deviner en nous observant. Ce n'est pas marqué sur nos fronts, si ?

Alors oui, Javi a été une source de souffrance pour moi durant plusieurs années, son comportement de l'époque est inadmissible. Pourtant, n'est-ce pas à moi de décider ce que j'accepte ou non ? Si je décide de le pardonner, ça ne regarde que moi, c'est mon droit après tout.

Bien sûr, je ne remercierai jamais assez Carla pour sa présence à mes côtés et son soutien. Elle est une amie infaillible, sur laquelle j'ai toujours pu compter. Elle m'a aidé à traverser de nombreuses épreuves et coups de blues. Elle a su me redonner le sourire un nombre incalculable de fois. Elle m'a consolé quand le moral n'était pas très haut... Je pourrais continuer pendant des heures à citer les bienfaits qu'elle m'a apportés depuis que nous sommes amis. C'est un fait, elle a toujours été là pour moi.

Mais ce soir... ce soir, elle est allée trop loin. Elle n'a aucun droit de décider pour moi et de me juger. Et surtout, elle a dépassé une ligne que nous avions promis de ne pas franchir. Elle en a trop dit, et en plus devant Javi ! Quand elle a mentionné le nom de Maxence, j'ai senti mon corps se tendre. Tous mes muscles se sont contractés à l'évocation de ce prénom. Bordel, nous nous l'étions promis... Ne plus jamais reparler de lui, jamais.... Il devait rester un squelette caché dans un placard dont nous avions jeté la clé. Ce soir, elle a défoncé la porte, faisant réapparaître les cicatrices du passé telles des lames de rasoir tranchant ma peau, une douleur ravivée par les souvenirs.

Non Tomas, ne t'aventure pas dans cette direction.

*

J'arrive enfin chez moi. Epuisé, je ne souhaite qu'une chose : me jeter dans mon lit et dormir pendant des heures. Néanmoins, ce ne sera pas pour tout de suite, ma mère est assise dans un des fauteuils du salon, un livre à la main. Elle relève la tête lorsque j'arrive dans la pièce.

- Bonsoir mon chéri, me dit-elle chaleureusement.

C'en est trop, la compassion de sa voix me fait flancher. Je croise son regard et tout s'écroule, je m'effondre en sanglots. Ma mère se précipite alors pour me serrer dans ses bras. J'entends à peine ses mots de réconfort, atténués sous le son de mes pleurs. Je n'ai plus la force de lutter, aussi, je laisse mon esprit expulser le surplus d'émotions accumulées ces dernières heures en étant bercé dans ces bras maternels que je connais bien. Au bout de quelques minutes, elle me guide vers le canapé.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? demande mon père que je n'ai pas entendu arriver.

Personne ne lui répond, ou alors je ne l'entends pas. Il s'assoit à l'opposé de ma mère et me frotte le dos. Son geste accentue mes larmes. L'amour que je ressens à travers leurs gestes me fait lâcher prise. Je suis en sécurité, entouré.

Faux départOù les histoires vivent. Découvrez maintenant