Chapitre 5 - Tomas

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On a crevé. Et merde!

Javi se réveille en sursaut suite au bruit de pneu qui explose. Je ne sais pas comment j'arrive à garder le contrôle du véhicule à 120 km/h, mais j'y parviens miraculeusement. Je mets les warning et je laisse la voiture ralentir toute seule. Sur la bande d'arrêt d'urgence d'une autoroute à trois voies!

- Qu'est ce qu'il s'est passé ? me demande Javi.

Je l'entends, mais je n'ai pas encore assez de souffle pour pouvoir lui répondre. L'air me manque. L'adrénaline redescend et je crois que mon cœur a du mal à s'en remettre. Je sens le regard de Javi sur moi et devine son inquiétude. Le moteur de la voiture commence à montrer son mécontentement alors je stoppe le véhicule une bonne fois pour toutes. Je peux enfin essayer de calmer ce muscle affolé qui bat trop fort.

Mon passager me demande si je peux bouger et je lui réponds par la négative. Mon corps refuse de m'obéir. Javi sort du véhicule et examine la roue avant gauche quelques secondes. Son regard n'augure rien de bon. Il se dirige ensuite vers le coffre et l'ouvre. Je l'observe dans le rétroviseur sortir deux gilets jaunes et un triangle qu'il part installer plus loin derrière nous. Je tente de bouger en vain, mon corps semble déconnecté du système cérébral parce que rien ne se passe. Ma respiration devient saccadée. Je me concentre pour inspirer et expirer normalement sans vraiment y parvenir.

Mon copilote remonte ensuite dans la voiture.

- Le pneu est mort. Si on a de la chance, le reste n'a rien. Tu as géré la voiture comme un pro, tente-il de me rassurer

Ce n'est pas mon ressenti.

- Tomas, il faut sortir de la voiture. C'est trop dangereux.

Il croit quoi ? Que j'aime le danger au point de rester dans un véhicule stoppé sur la bande d'arrêt d'urgence? Non, ce n 'est pas mon délire.

- J'essaie... déjà... de respirer ! tenté-je d'articuler entre deux inspirations.

Il me demande ensuite de le regarder. J'arrive, malgré tout, à tourner la tête et je tombe droit dans ses yeux. Des yeux d'un vert profond, hypnotisant, dans lesquels je pourrais facilement me perdre. Javi semble serein.

- Ne quitte pas mon regard, m'ordonne-t-il, et suis ma respiration.

Il commence à inspirer puis expirer. Je me colle à son rythme et je sens mon cœur ralentir comme si le stress s'évaporait avec mon souffle. J'ai l'impression que l'air me parvient de nouveau, mon regard toujours ancré dans le sien. Mon esprit est focalisé sur deux magnifiques yeux émeraude que je pourrais admirer pendant des heures. Je me sens en sécurité. Le temps s'immobilise.

Un camion passant trop près de la voiture me fait sursauter, rompant le contact visuel.

- Tu te penses être prêt à quitter la voiture ? demande mon passager.

- Oui, je suis trop jeune pour mourir.

Nous sortons du véhicule, nous mettant derrière la barrière de sécurité. Je suis opérationnel pour la suite. Le bruit assourdissant des autres véhicules nous force à hausser le ton.

- Bon, j'ai une mauvaise nouvelle, m'annonce Javi. Il n'y a pas de roue de secours dans le coffre donc on va devoir appeler une dépanneuse.

- Super, il ne manquait plus que ça ! ralé-je.

- Désolé... je n'ai pas pensé à vérifier avant qu'on parte.

- C'est quand même le comble pour un mécano de tomber en panne sur l'autoroute avec sa voiture.

Je vois que ma pique atteint sa cible.

- Eh ! Ce n'est pas moi qui conduisais et qui ai crevé un pneu, se défend-il.

Faux départOù les histoires vivent. Découvrez maintenant